Déclaration du président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec au sujet du projet de loi 52

Le Québec doit se doter d’une politique sur les soins palliatifs et non pas s’engager sur la voie de l’euthanasie

 

Les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale se sont entendus pour réintroduire le projet de loi qui permettrait aux médecins de pratiquer l’euthanasie sous l’appellation « aide médicale à mourir ». L’adoption de ce projet de loi aurait des conséquences graves et néfastes pour l’avenir du Québec.

 

Faire mourir n’est pas un soin. Les expressions « mourir dans la dignité » et « aide médicale à mourir » employées pour qualifier une injection mortelle sèment la confusion et induisent en erreur. Il s’agit purement et simplement d’euthanasie, et non d’un soin de fin de vie.

 

Nous avons déjà le droit de refuser l’acharnement thérapeutique. Nous avons déjà le droit de ne pas voir notre vie prolongée artificiellement en étant branchés à toutes sortes d’appareils. Mais ce dont il est question dans le projet de loi, c’est de tout autre chose: c’est de permettre aux médecins de causer directement la mort. Cela contredirait le but même de la médecine: donner la mort à un patient, ce n’est pas le soigner.

 

Nous comprenons, bien sûr, l’angoisse et la peine de tous ceux et celles qui ont entendu un proche réclamer la mort pendant une difficile agonie. Personne ne peut rester insensible à cette détresse. Mais la vraie réponse de la médecine et de la société à cette situation, ce sont les soins palliatifs: ils sont la meilleure façon de soulager la souffrance de la personne approchant de la fin de sa vie et de l’aider à vivre cette étape ultime avec humanité et dignité.

 

Cette question interpelle et engage la conscience de chacun et chacune. Les soins palliatifs ont fait leurs preuves. Nous avons au Québec l’expérience nécessaire pour les implanter dans toutes nos régions. C’est ce qu’il faut demander de toute urgence à nos élus: que le Québec se dote d’une politique sur les soins palliatifs et sur leur accessibilité universelle mais qu’il ne s’engage pas sur la voie de l’euthanasie.

 

+ Pierre-André Fournier

archevêque de Rimouski

président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec

27 mai 2014

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