L’archevêque de Toronto pour un renouvellement de D&P – l’allocation du diocèse sous condition

L’archevêque de Toronto, Mgr Thomas Collins, a fait savoir aujourd’hui que l’allocation de ShareLife assigné à Développement et Paix devra être utilisée pour des projets approuvés par les évêques locaux. Suite aux allégations à l’effet que D&P financerait indirectement des groupes en faveur de l’avortement, Mgr Collins avait demandé que l’on retienne l’allocation (1,125 million de dollars) à l’organisme pour 2009.  Celle-ci représente environ le dixième du budget total de l’organisme de solidarité internationale des évêques du Canada. Organisme de charité et de solidarité du diocèse de Toronto, ShareLife réserve une portion des dons qu’elles amassent pour l’aide internationale et la remet à D&P.

Mgr Collins estime qu’une révision en profondeur de D&P est nécessaire pour garantir sa pérennité. Les recommandations des évêques qui ont enquêté au Mexique sont d’ailleurs une première étape à cet effet.

Mgr Collins suggère deux principes qui devraient gouverner la manière dont D&P finance des projets à l’étranger:

  1. Il n’est pas suffisant d’examiner si les projets individuels sont appropriés. Les organisations qui opèrent ces projets doivent aussi être en harmonie avec les principes de notre foi catholiques. S’ils ne le sont pas, il existe alors une foule d’autres projets valables qui sont gérés par des organisations que nous pouvons appuyer en toute conscience, et le financement devrait leur être alloué.
  2. Nous devons toujours agir de concert avec les évêques locaux qui sont responsables de l’Église dans des territoires éloignés. La courtoisie et la structure de l’Église l’exigent. Les évêques sur le terrain sont également les mieux placés pour vérifier que les organisations dans leur pays constituent des partenaires adéquats, et n’appuient rien qui soit contraire à notre foi. Les projets que nous finançons doivent être approuvés d’une façon ou l’autre par l’évêque du lieu ou la conférence épiscopale.

Encore une fois, LifeSiteNews était le seul site qui présentait la déclaration de l’archevêque de Toronto, s’en servant à son avantage, affirmant avoir découvert le pot-aux-roses que Mgr Collins dénoncerait par sa déclaration. Comme si on nous poussait à croire que Collins estime que le rapport de la délégation envoyée au Mexique n’est pas allé assez loin dans son enquête et ses recommandations. C’est mal comprendre les propos de l’archevêque.

La décision de Mgr Collins et ses suggestions font suite à sa rencontre avec la direction de Développement et Paix et de ShareLife la semaine dernière. Il existe un dialogue ouvert entre les divers intervenants dans ce dossier. La déclaration faite aujourd’hui n’est pas un désaveu à l’endroit de D&P mais un appel à travailler ensemble pour renouveler cet organisme. C’est ce sur quoi l’ensemble des évêques canadiens se pencheront cet automne lors de leur plénière annuelle. Ils le feront en collaboration avec les laïcs engagés au service de la solidarité et du développement intégral de nos frères et sœurs des régions défavorisées du monde.

D&P lavé de tout soupçon – Le rapport des évêques rendu public

Après quelques jours de suspense, la CECC vient de mettre en ligne le rapport du Comité d’enquête qui a vérifié les allégations de LifeSiteNews à l’effet que Développement et Paix serait venu en aide à des partenaires qui œuvrent des projets reliés à la promotion de l’avortement.  Le Comité d’enquête était composé de Mgr Martin W. Currie, archevêque de St. John’s et évêque de Grand Falls, à Terre-Neuve et Labrador, et de Mgr François Lapierre. P.M.É., évêque de Saint-Hyacinthe, au Québec. Ils ont été assistés dans leur travail par le directeur général de D&P, Michael Casey, le directeur adjoint Paul Cliche et André Charlebois, chargé de programmes pour l’Amérique latine.

Les allégations graves faites par le site pro-vie anglophone ont fait mal à l’organisme de solidarité des évêques canadiens. Elles avaient été lancées en pleine campagne « Carême de partage » la levée de fonds annuelle de l’organisme.

De passage dans nos studios le 19 juin dernier, le président de la CECC, Mgr James Weisgerber, avait déjà annoncé que D&P n’était pas coupable. Il annonçait également que le Comité faisait des recommandations afin qu’une telle situation ne se répète pas. Sur les 7 recommandations présentées, nous pouvons retenir les 4 suivantes :

  • que Développement et Paix exerce davantage de vigilance en exigeant  plus d’information sur d’éventuels partenaires et en entretenant des liens plus étroits avec les évêques qui siègent à son Conseil national ; 
  •  que des liens étroits soient tissés entre les partenaires de Développement et Paix et l’Épiscopat des pays où ils se trouvent ;
  • qu’une compréhension juste et saine de la doctrine sociale de l’Église soit favorisée auprès du personnel de Développement et Paix ; et
  • que s’établisse un dialogue ouvert et fructueux entre LifeSiteNews et les évêques du Canada.

Le Comité souligne également trois éléments-clés du fonctionnement de Développement et Paix, qui demeurent donc valides et sont suivis avec rigueur :

  1. Développement et Paix respecte les enseignements de l’Église catholique sur la dignité de toute vie humaine.
  2. Développement et Paix n’appuie aucun projet lié à l’avortement.
  3. Développement et Paix n’appuie financièrement aucun groupe ou organisme ; il finance plutôt des projets précis, qui doivent être approuvés sur une base individuelle.

Bien sûr, le dépôt du rapport d’enquête et de ses recommandations ne marque pas la fin de ce feuilleton. Il faudra voir si LifeSiteNews acceptera le rapport et la main tendue par la conférence des évêques. Plus importants encore, les évêques canadiens qui retenaient la contribution de leur diocèse à D&P seront-ils convaincus par les conclusions du Comité?  Leur décision aura un impact majeur sur la mesure de l’aide apporté par l’organisme à divers projets qui viennent en aide à nos frères et sœurs qui ont besoin de notre soutien.

S’il est une chose, les allégations de LifeSite et l’enquête de la CECC qui a suivie auront permis de réaffirmer que Développement et Paix relève des évêques catholiques du Canada et est donc redevable à ces derniers. Aux yeux de certains, ce lien aurait été omis, voire abandonné, au cours des dernières années. Les résultats de l’enquête et les recommandations faites aujourd’hui confirment la crédibilité et la catholicité de l’organisme. Il faudra maintenant tourner la page et permettre à D&P de poursuivre l’engagement pris par nos pasteurs, il y a plus de 40 ans : donner des pieds et des mains à l’évangile dans des régions du monde qui en ont grandement besoin.

Gauche, droite, conservateur ou libéral, pro-vie ou pro justice sociale: il est temps de sortir de ces catégories qui nous divisent. Soyons catholiques. Soyons le levain dans la pâte!

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