Épiphanie : « Les Mages nous indiquent la route à suivre dans notre vie »

Le folklore italien de l’Epiphanie était au rendez-vous ce mardi matin autour de la place Saint-Pierre : tambours, jongleurs de drapeaux, figurants en costume d’époque ont défilé le long de l’avenue de la Conciliazione entre deux haies de touristes et de curieux, jusqu’à la place Saint-Pierre où des milliers de fidèles s’étaient massés pour l’Angélus.

Dans la basilique Saint-Pierre, le Pape François a célébré à 10h la messe de la solennité de l’Epiphanie. Le Saint-Père était entouré des cardinaux et évêques de la chapelle pontificale. Son homélie était consacrée à la symbolique des Mages, venus d’Orient. Les Mages représentent les hommes et les femmes à la recherche de Dieu dans les religions et dans les philosophies du monde entier : « une recherche qui n’a jamais de fin. Ils cherchaient la véritable Lumière ; ils nous indiquent la route sur laquelle marcher dans notre vie ».

Cet Enfant, né à Bethléem de la Vierge Marie, est venu non seulement pour le peuple d’Israël, représenté par les bergers de Bethléem, mais aussi pour l’humanité entière, représentée aujourd’hui par les Mages, venant d’Orient. Et c’est justement sur les Mages et sur leur chemin à la recherche du Messie que l’Église nous invite aujourd’hui à méditer et à prier.

Ces Mages venant d’Orient sont les premiers de cette grande procession dont nous a parlé le prophète Isaïe dans la première lecture (cf. 60, 1-6) : une procession qui depuis lors ne s’interrompt plus, et qui, à toutes les époques, reconnaît le message de l’étoile et trouve l’Enfant qui nous indique la tendresse de Dieu. Il y a toujours de nouvelles personnes qui sont éclairées par la lumière de son étoile, qui trouvent le chemin et arrivent jusqu’à Lui.

Les Mages, selon la tradition, étaient des hommes sages : étudiant les astres, scrutant le ciel, dans un contexte culturel et de croyances qui attribuait aux étoiles des significations et des influences sur les événements humains. Les mages représentent les hommes et les femmes à la recherche de Dieu dans les religions et dans les philosophies du monde entier : une recherche qui n’a jamais de fin.

Les Mages nous indiquent la route sur laquelle marcher dans notre vie. Ils cherchaient la véritable Lumière : « Lumen requirunt lumine », dit une hymne liturgique de l’Épiphanie, se référant à l’expérience des Mages ; en suivant une lumière ils cherchaient la lumière. Ils allaient à la recherche de Dieu. Après avoir vu le signe de l’étoile, ils l’ont interprété et se sont mis en chemin, ils ont fait un long voyage.

C’est l’Esprit Saint qui les a appelés et qui les a poussés à se mettre en chemin ; et sur ce chemin, aura lieu aussi leur rencontre personnelle avec le vrai Dieu.

Sur leur chemin, les Mages rencontrent beaucoup de difficultés. Quand ils arrivent à Jérusalem, ils vont au palais du roi, parce qu’ils tenaient pour évident que le nouveau roi serait né dans le palais royal. Là, ils perdent de vue l’étoile et rencontrent une tentation, mise là par le diable : c’est la tromperie d’Hérode. Le roi Hérode se montre intéressé par l’enfant, non pas pour l’adorer, mais bien pour l’éliminer. Hérode est l’homme de pouvoir, qui ne réussit à voir dans l’autre que le rival. Et au fond, il considère aussi Dieu comme un rival, même comme le rival le plus dangereux. Au palais d’Hérode, les Mages traversent un moment d’obscurité, de désolation, qu’ils réussissent à surmonter grâce aux suggestions de l’Esprit Saint, qui parle par les prophéties de l’Écriture Sainte. Elles indiquent que le Messie naîtra à Bethléem, la cité de David.

À ce point, ils reprennent le chemin et voient à nouveau l’étoile : l’évangéliste note qu’ils éprouvèrent « une très grande joie » (Mt 2, 10), une véritable consolation. Arrivés à Bethléem, ils trouvèrent « l’enfant avec Marie, sa mère » (Mt 2, 11). Après celle de Jérusalem, ce fut pour eux la seconde, la grande tentation : refuser cette petitesse. Et au contraire : « tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui », lui offrant leurs dons précieux et symboliques. C’est toujours la grâce de l’Esprit Saint qui les aide : cette grâce qui, par l’étoile, les avait appelés et guidés au long du chemin, maintenant les fait entrer dans le mystère. Guidés par l’Esprit Saint, ils arrivent à reconnaître que les critères de Dieu sont très différents de ceux des hommes, que Dieu ne se manifeste pas dans la puissance de ce monde, mais s’adresse à nous dans l’humilité de son amour. Les Mages sont ainsi des modèles de conversion à la vraie foi parce qu’ils ont cru davantage dans la bonté de Dieu que dans l’apparente splendeur du pouvoir.

Et alors nous pouvons nous demander : quel est ce mystère dans lequel Dieu se cache ? Où puis-je le rencontrer ? Nous voyons autour de nous des guerres, l’exploitation des enfants, des tortures, des trafics d’armes, la traite des personnes…. Dans toutes ces réalités, dans tous ces frères et sœurs les plus petits qui souffrent à cause de ces situations, il y a Jésus (cf. Mt 25, 40.45). La crèche nous présente un chemin différent de celui rêvé par la mentalité mondaine : c’est le chemin de l’abaissement de Dieu, sa gloire cachée dans la mangeoire de Bethléem, dans la croix sur le calvaire, dans le frère et dans la sœur qui souffrent.

Les mages sont entrés dans le mystère. Ils sont passés des calculs humains au mystère : et cela a été leur conversion. Et la nôtre ? Demandons au Seigneur qu’il nous accorde de vivre le même chemin de conversion vécu par les Mages. Qu’il nous défende et nous libère des tentations qui cachent l’étoile. Que nous éprouvions toujours l’inquiétude de nous demander : où est l’étoile ? quand – au milieu des tromperies mondaines – nous l’avons perdue de vue. Que nous apprenions à connaître de façon toujours plus nouvelle le mystère de Dieu, que nous ne nous scandalisions pas du “signe”, de l’indication : « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12), et que nous ayons l’humilité de demander à la Mère, à notre Mère, qu’elle nous le montre. Que nous trouvions le courage de nous libérer de nos illusions, de nos présomptions, de nos “lumières”, et que nous cherchions ce courage dans l’humilité de la foi et que nous puissions rencontrer la Lumière, Lumen, comme l’ont fait les saints Mages. Amen.

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