Cette semaine à Focus catholique nous vous présentons une entrevue réalisée auprès de Rodolfo Papa en octobre dernier lors de notre visite à Rome pour le Synode extraordinaire des évêques sur la famille. C’est à cette occasion que nous avons pu rencontrer ce peintre et historien de l’art qui a eu la gentillesse de nous recevoir dans son atelier. C’est donc, d’une certaine façon, chez lui qu’il nous parler de sa passion pour la peinture. Bien que nous ne l’ayons pas abordé dans l’entrevue, Rodolfo Papa est un très grand spécialiste du peintre Caravage dont plusieurs de ses peintures sont aujourd’hui connues partout dans le monde. Malheureusement non disponibles en français, les ouvrages de Rodolfo Papa sur celui que l’on appelle en italien le « Carravaggio » ont la particularité de traiter de la théologie qui se retrouve dans les peintures elles-mêmes. Malheureusement, beaucoup d’ouvrages publiés aujourd’hui sur ce peintre se divisent en deux tendances majeures. Soit on a affaire à des livres pour initiés uniquement c’est-à-dire pour des grands spécialistes s’intéressant à la technique du clair-obscur dont il fut l’un, si ce n’est le plus grand représentant. D’un autre côté, on assiste à plusieurs livres, et même film, relatant la vie rocambolesque du personnage Caravage et de sa vie tumultueuse. Les visites guidées qui font le tour des églises et musées de Rome, où se trouvent un grand nombre de ses œuvres, ne font pas exception à ces deux tendances. Pour Rodolfo Papa, il existe une voie médiane qui, sans laisser de côté ces deux aspects, se concentre surtout sur le sens et la théologie qui se trouve derrière ces peintures.
Par exemple, tout le monde connaît cette œuvre magistrale :
S’attarder à la date de réalisation, à la période de la vie du peintre ou à la technique utilisée détourne, d’une certaine façon, de l’intention de son auteur lui-même qui cherchait plutôt à offrir une véritable catéchèse. Dans cette toile, on peut, entre autres, noter deux détails extrêmement importants et qui sont souvent occultés. D’abord la main du Christ est une copie conforme de la main d’Adam de la peinture de Michel-Ange se trouvant sur le plafond de la chapelle Sixtine. En ce sens, le Caravage a mis l’accent sur le Christ comme le nouvel Adam, celui qui allait rayonner par sa conformité à la Volonté du Père. Deuxièmement, nous voyons Saint Pierre à ses côtés pointant dans la même direction que le Christ. Ce détail est très important puisqu’il montre bien comment la volonté du Christ s’opère, sur la terre, à travers les médiations humaines et, plus particulièrement pour leur vocation d’apôtre (sacrement de l’Ordre), aux successeurs de Pierre. On voit donc que l’étude de la signification des peintures du Caravage est très importante et qu’elle mérite d’être étudiée et mise en évidence. Telle est la mission que s’est donnée Rodolfo Papa dans une série de livres visant à mettre en valeur cet aspect souvent délaissé.
J’ai vraiment apprécié réaliser cette entrevue qui sera diffusée en deux parties et qui seront respectivement diffusées le lundi 12 janvier et 19 janvier 2014. Rodolfo Papa s’aura vous captiver par son génie mais surtout par son immense talent d’artiste peintre et qui est très reconnu en Italie. En effet, à l’instar de Michel Ange, il a pu réaliser une grande variété de fresque sur la Cathédrale de Bojano. (Image) J’ose espérer que l’écoute de La « voie de la beauté » : entrevue avec Rodolfo Papa vous fera découvrir ou redécouvrir cet aspect important de notre foi souligné en ces termes par le pape François dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (#167) :
« Il est bien que chaque catéchèse prête une attention spéciale à la “voie de la beauté” (via pulchritudinis).[129] Annoncer le Christ signifie montrer que croire en lui et le suivre n’est pas seulement quelque chose de vrai et de juste, mais aussi quelque chose de beau, capable de combler la vie d’une splendeur nouvelle et d’une joie profonde, même dans les épreuves. Dans cette perspective, toutes les expressions d’authentique beauté peuvent être reconnues comme un sentier qui aide à rencontrer le Seigneur Jésus. Il ne s’agit pas d’encourager un relativisme esthétique,[130] qui puisse obscurcir le lien inséparable entre vérité, bonté et beauté, mais de récupérer l’estime de la beauté pour pouvoir atteindre le cœur humain et faire resplendir en lui la vérité et la bonté du Ressuscité. Si, comme affirme saint Augustin, nous n’aimons que ce qui est beau,[131] le Fils fait homme, révélation de la beauté infinie, est extrêmement aimable, et il nous attire à lui par des liens d’amour. Il est donc nécessaire que la formation à la via pulchritudinis soit insérée dans la transmission de la foi. Il est souhaitable que chaque Église particulière promeuve l’utilisation des arts dans son œuvre d’évangélisation, en continuité avec la richesse du passé, mais aussi dans l’étendue de ses multiples expressions actuelles, dans le but de transmettre la foi dans un nouveau “langage parabolique”.[132] Il faut avoir le courage de trouver les nouveaux signes, les nouveaux symboles, une nouvelle chair pour la transmission de la Parole, diverses formes de beauté qui se manifestent dans les milieux culturels variés, y compris ces modalités non conventionnelles de beauté, qui peuvent être peu significatives pour les évangélisateurs, mais qui sont devenues particulièrement attirantes pour les autres. »