Le 27 septembre dernier, avait lieu à Madrid la célébration de béatification de Don Alvaro del Portillo à Madrid. En effet, plus de 300 000 personnes dont 150 évêques s’étaient rassemblés pour prier et manifester leur affection pour le bienheureux. Par ce geste, l’Église venait non seulement réaffirmer la sainteté de la vie terrestre de l’ancien Prélat de l’Opus Dei et reconnaître son pouvoir d’intercession auprès de Dieu mais également rendre son message accessible à l’Église universelle. Quel est donc ce message ?
Le cœur du message de Don Alvaro est, comme pour tous les saints, de présenter la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu en Jésus-Christ non comme un idéal impossible à atteindre mais comme une Grâce à accueillir avec sincérité. En effet, faire de la nouvelle vie apportée par Jésus un idéal inaccessible ou une utopie, revient à douter de son pouvoir salvifique. Au contraire, l’Église a, de tout temps affirmé que le ciel est accessible à tous puisqu’offert à tous. La sainteté n’est donc pas l’affaire « d’une élite spirituelle » réservée à un petit nombre (no 8) mais elle est une chose possible pour tous les hommes et les femmes de bonne volonté. Tel était le message central du bienheureux Don Alvaro del Portillo et de l’Institution dont il a été la tête de 1975 à 1994. Cet « appel universel à la sainteté » (no 40), le Concile Vatican II allait en faire l’une de ses doctrines principales. En ce sens, la béatification de Don Alvaro doit être vue comme un signe de Dieu que 1) le salut est accessible à tous et, ce, peu importe la vocation et 2) sa vie est un exemple universel et, donc, qu’il peut être une inspiration pour tous les hommes et femmes de notre temps.
Pour bien connaître la figure du bienheureux Don Alvaro, il est important de le mettre en parallèle avec les grands hommes que furent les papes Paul VI et saint Jean-Paul II. D’un côté, parce qu’il fut l’un des participants du Concile Vatican II et, de l’autre parce qu’il est un artisan majeur de sa mise en application. Le bientôt bienheureux Paul VI, après son élection, avait pour mission de continuer et de compléter les travaux du Concile Vatican II. Durant ces années, le bienheureux Don Alvaro a joué un rôle de premier plan dans l’écriture de plusieurs documents comme, par exemple, Presbyterorum ordinis qui porte sur la vie et le ministère des prêtres. Dans ces documents, on insiste à plusieurs reprises sur les rôles complémentaires de tous les membres de l’Église. À une époque où l’idéologie portait à effacer toutes les différences prétendant qu’elles appartenaient à une ère dépassée ou, pire encore, à la perpétuation d’un régime de domination à combattre, Don Alvaro et Paul VI, ont su réaffirmer la beauté des différences et l’importance de toujours garder une perspective spirituelle. C’est ce même regard spirituel qui allait permettre à Don Alvaro de pratiquer les différentes vertus que sont:
« la prudence et la droiture dans la manière d’apprécier les événements ou les personnes ; la justice pour respecter l’honneur et la liberté des autres ; la force pour résister aux contrariétés physiques ou morales; la tempérance, la sobriété et la mortification intérieure et extérieure ». Cette mise en pratique des enseignements du Christ qui ne sont, en définitive, que l’extension de l’Amour de Dieu pour l’humanité, a su rayonner au point d’être élevé au statut de bienheureux et, ainsi, devenir un modèle pour l’Église universelle. »
Dans un deuxième temps, cette mission d’annoncer l’appel universel à la Sainteté qu’avait reçu le Bienheureux Don Alvaro del Portillo a pu se réaliser parce qu’il a été un fidèle collaborateur de saint Jean-Paul II. En effet, la mission du saint Pape allait être de mettre en application les conclusions du Concile. Comment appliquer un message si simple et si diversifié à la fois ?
Dans sa lettre à Mgr Javier Echevarría, Prélat actuel de l’Opus Dei, le pape François affirme que le bienheureux Álvaro del Portillo « nous apprend également que nous pouvons trouver un chemin sûr de sainteté dans la simplicité et la quotidienneté de notre vie »[5]. La simplicité qui nous fait « ressembler à des petits enfants » (Mt 18, 3) est donc l’une des manifestations de sa sainteté et de son universalité. Cela, il l’avait appris de son prédécesseur, Saint Josemaria Escriva. À son exemple, Don Alvaro savait être libre de tout ce qui est superflu, de tout ce qui peut nous empêcher d’être au service de Dieu et des autres. C’est également la raison pour laquelle saint Jean-Paul II aimait se retrouver avec lui et « connaître son avis » (Card. Dziwisz). La simplicité est l’une des manifestations extérieures de la vraie liberté. Plus nous sommes attachés à Dieu et à Lui seul, plus nous nous concentrons sur l’essentiel. Ce don de soi, Don Alvaro a su le vivre en laissant l’Esprit Saint travailler en lui et c’est ce que l’Église a reconnu samedi dernier.
La figure de Don Alvaro del Portillo n’a pas fini de nous surprendre. Maintenant qu’il a été élevé à la gloire des autels, il sera en mesure d’intercéder davantage pour tous les chrétiens du monde entier. À son exemple, ils seront toujours plus conscients que les plus petits détails de la vie quotidienne sont autant d’occasions de se sanctifier et que cette simplicité n’est pas synonyme de banalité si elle est pratiquée par amour pour Dieu.