Black Friday aux Etats-Unis hier: vendredi noir. Noir de monde dans les magasins. Les Américains sont invités à consommer, consommer et consommer encore. Et désormais, plus besoin d’attendre à vendredi pour profiter des soldes. Certaines chaînes ont tout simplement décidé de zapper l’Action de grâce : au diable la dinde et le temps en famille, allons faire la queue dehors tout de suite ou passons la soirée à faire nos achats en ligne.
De l’Action de grâce américaine nous passons au temps de l’Avent. Enfants, mon frère et moi avions chacun notre calendrier pour compter les jours avant Noël. On ouvrait notre petite porte le soir, seulement si on avait été sage. Et pas de chocolat pour nous, non ! Un dessin, une image, un signe qui nous montrait que la fête approchait, que quelque chose de grand se préparait. Et chaque dimanche avant souper, l’un de nous allumait les chandelles de la couronne de l’Avent. Ainsi défilait le temps avant Noël et nous forçait à être patient, à savoir attendre et à nous préparer du mieux possible pour accueillir cadeaux, parents et amis certes, mais pour accueillir et comprendre la Raison de notre attente.
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » lira-t-on dans Isaïe à la veille de Noël. Surprise : cette lumière n’était pas un logo corporatif en forme de pomme. Pourtant, on nous fait croire que nous avons besoin du dernier bidule pour communiquer, sinon sentir qu’on est quelqu’un, passer son temps et créer son univers virtuel.
Dimanche dernier, l’archevêque de New York, Timothy Dolan, racontait avoir vu une foule de gens en file sur la 5e Avenue à Manhattan. Deux pâtés de maison de gens qui attendaient pour entrer… chez Abercrombie & Finch (boutique mode). « Wow, se disait-il, il n’y pas de file de gens pour entrer dans la cathédrale St. Patrick, et le trésor qui s’y trouve a une valeur éternelle. Que puis-je faire pour aider nos gens à reconnaître cette grande tradition ? »
L’Avent est une occasion pour s’arrêter, éteindre la télé, laisser le iphone et le ipad pour s’intéresser à ceux et celles qui sont autour de nous. Ce sont, il va sans dire, ceux qui ont moins que nous, mais cela ne peut-il pas être aussi la personne que nous côtoyons à tous les jours, un collègue, un ami que nous prenons pour acquis, un conjoint que nous avons négligé, peut-être, des enfants…
Cet Avent, je prends le temps de redécouvrir l’autre qui est près de moi et qui se trouvait dans mon angle mort. À travers cet autre, je prends conscience que Dieu a préparé sa venue, qu’il s’est fait nôtre pour nous montrer ce qu’est l’amour. Cliché me direz-vous. Peut-être. Vrai. Certainement.
Bon temps de l’Avent.