Rendu public ce matin, le message de pâques du président de la CECC parle de la souffrance et des défis qui se posent à l’Église. Mgr Pierre Morissette appelle les catholiques et les chrétiens au Canada à s’unir aux souffrances de leurs frères et sœurs. «Le Christ qui apporte une vie nouvelle et une nouvelle espérance porte toujours les marques de sa souffrance et de sa mort.» C’est avec Lui que l’on fait route, ensemble. Un message à la fois lucide et rempli d’espérance. Nous le publions ici dans son intégralité.
La célébration pascale, comme chaque instant de la vie chrétienne, est marquée par notre foi dans le Dieu trinitaire.
Nous acceptons, dans la confiance et l’action de grâces, le don de la vie qui nous vient du Père, même s’il nous arrive mêlé de larmes et de joies, de souffrance et de gloire, de douleur et de consolation.
Unis dans l’amour de Jésus Christ aux souffrances de nos frères et de nos sœurs, nous les encourageons et nous les soutenons dans leurs difficultés, et nous célébrons avec eux les signes de Sa victoire parmi nous sur le péché et sur la mort.
Après avoir reçu de Jésus crucifié et ressuscité le souffle de l’Esprit de Dieu, notre communauté croyante se tourne vers toute la création pour en recevoir des sources et des signes d’espérance et de guérison, témoignages de vérité et de réconciliation.
Pâques me met sous les yeux, cette année, deux défis qui se posent à notre Église. Le premier, c’est le soutien à donner à nos frères et sœurs chrétiens de Terre sainte, qui s’efforcent de préserver leur identité tout en respectant les besoins de tous les Israéliens et de tous les Palestiniens, en incluant les juifs et les musulmans, dans la recherche de la paix et de la justice. Évidemment, les problèmes en Terre sainte concernent toute la société mais les chrétiens, là-bas comme ici, se doivent de contribuer d’une manière spéciale à cette douloureuse recherche de la paix.
Le second défi tient au nouvel accent mis sur les violences sexuelles. Comment prévenir le mieux possible ce crime et ce péché, comment préserver la vie des enfants, des familles et des collectivités ? Les médias concentrent largement leur attention sur l’Église et se demandent si nous, ses pasteurs, avons agi de manière avisée et responsable. Une fois de plus cependant, il est difficile de mesurer l’efficacité d’une réponse tant qu’on n’admettra pas que la violence sexuelle et sa prévention concernent toute notre société. En même temps, les chrétiens et catholiques doivent, ici aussi, devenir de véritables agents de guérison et de protection.
Dans les deux cas – qu’il s’agisse des souffrances en Terre sainte ou des souffrances provoquées par la violence sexuelle – les chrétiens et les catholiques s’unissent dans la compassion et la miséricorde envers toutes les victimes d’agression et de mauvais traitements, de méfiance et de suspicion, d’exploitation sous toutes ses formes.
Nous sommes toutefois aussi appelés à être des témoins et des agents de la guérison, de la vérité et de la réconciliation. En aucun cas les solutions ne pourront être que superficielles ou instantanées. La condition humaine et les problèmes humains sont complexes. Se contenter de jeter la pierre, de critiquer un point de vue ou de blâmer l’autre ne favorise pas l’examen honnête et sincère des erreurs du passé ; cela n’aide ni à panser les blessures ni à trouver des façons efficaces d’accompagner la famille humaine qui cherche à aller de l’avant.
Le Christ qui apporte une vie nouvelle et une nouvelle espérance porte toujours les marques de sa souffrance et de sa mort. En célébrant la résurrection, la communauté chrétienne honore et vénère les blessures de tout le Corps du Christ. Ce n’est qu’avec nos frères et sœurs que nous pouvons participer au mystère pascal et le proclamer.
Nos sœurs et nos frères ne sont pas seuls dans leurs souffrances et leurs espoirs, et nous non plus, car celui qui a été crucifié est ressuscité des morts. Oui, le Christ est vraiment ressuscité ! Joyeuses Pâques !
† Pierre Morissette
Évêque de Saint-Jérôme
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
31 mars 2010