Le 14 mai dernier, la Conférence épiscopale canadienne a publié une «Lettre pastorale sur la liberté de conscience et de religion». Dans ce document, les Évêques du Canada s’interrogent sur ce que Mgr Smith appelle « l’érosion inquiétante de la liberté de conscience et de la liberté de religion ». Le texte a pour objectifs de :
– « Sensibiliser toutes les Canadiennes et tous les Canadiens à l’importance [des libertés de religion et de conscience] essentielles au bien commun. » (no1)
– « Encourager notamment ceux qui exercent des professions où ces droits pourraient être menacés, à les défendre avec courage. » (no1)
S’adressant à tous, la CECC réaffirme clairement certains principes fondamentaux en ce qui concerne l’identité même de ces libertés. Elle affirme en effet que la liberté de conscience consiste en « la capacité de choisir sa foi et de la pratiquer ouvertement, personnellement et collectivement, au sein de la société » (no3). De plus, puisque « la liberté religieuse se rattache directement à la liberté de conscience dans la mesure où la conscience, orientée vers la vérité, est formée par la foi religieuse », il est absolument essentiel, dans la mesure où notre société cherche le bonheur de ses citoyens, que ce droit soit respecté.
Dans un deuxième temps, la lettre met l’accent sur les fondements de ces droits. En effet, selon les Évêques canadiens, ces libertés « découle[ent] de la dignité unique de la personne humaine créée à l’image de Dieu (cf. Gn 1, 26-27) » (no 4). C’est donc dans la nature humaine que doit être cherché le fondement de ces droits. En effet, « de par sa nature même, la conscience est en relation avec la vérité objective, vérité qui est universelle et que nous devons tous et toutes rechercher » (no 4). La liberté de conscience et la liberté de religion sont donc des droits qui découlent de ce devoir naturel et fondamental de tout être humain de chercher la vérité et d’y adhérer. De cette vérité anthropologique, les Évêques en déduisent que « en plus d’être libre de toute contrainte extérieure, chacun doit pouvoir exercer librement le droit de choisir, de professer, de diffuser et de pratiquer sa propre religion en privé et en public » (no 5).
La CECC constate l’écart qui existe entre ces principes fondamentaux et leur application dans plusieurs pays du monde, le Canada ne faisant pas exception. De fait, selon un rapport récent « plus de 70% des pays du monde imposent des restrictions juridiques ou administratives qui annulent en pratique les droits individuels des croyants ou les droits collectifs de certains groupes religieux » . La CECC examine, avec un regard lucide, la situation canadienne et présente certaines pistes d’amélioration et c’est pourquoi elle insiste grandement sur l’importance de l’implication des fidèles laïcs dans la promotion et le respect de ces droits fondamentaux.
Je consacrerai une série d’articles portant sur les points sur lesquels les évêques demandent une plus grande implication des citoyens. En effet, la CECC demande que soit:
1) Réaffirmer le droit qu’a la religion d’intervenir sur la place publique
2) Préserver la qualité des relations entre l’Église et l’État
3) Former les consciences selon la vérité objective
4) Protéger le droit à l’objection de conscience
Ainsi, à partir des orientations de la CECC, nous réfléchirons sur certaines avenues s’offrant à notre société canadienne. Ces articles, je le souhaite, nous aideront à mieux comprendre ces enjeux qui nous touchent tous, même si nous n’en prenons pas toujours conscience.