35 ans après son assassinat, Mgr Oscar Romero est béatifié ce samedi à San Salvador, où il était archevêque, de 1977 à 1980. Pour cette béatification, la journée du samedi 23 mai est décrétée jour de congé officiel par le gouvernement. C’est dire l’importance de l’évènement pour le Salvador, dont le président Sanchez Ceren estime que la béatification est un miracle pour le pays. Il estime que grâce à l’exemple de Mgr Romero et à ses pensées, le pays peut devenir un peuple unit, debout face à ses problèmes.
Oscar Romero, martyr et défenseur des droits de l’homme et des plus pauvres, est donc une figure importante de l’Église au Salvador. Pour lui rendre hommage, et participer à sa béatification, pas moins de 250 000 personnes sont attendues pour la cérémonie qui se tiendra sur la Plaza Divino Salvador del Mundo, lieux emblématique de la capitale salvadorienne.
S’il est déclaré bienheureux ce samedi par l’Église, Mgr Romero est en revanche déjà considéré comme un saint depuis longtemps au Salvador. C’est ce que racontait aux journalistes une vieille dame de la capitale, le jour de la commémoration des 35 ans de la mort de l’évêque, le 24 mars dernier : « même avant d’être tué, notre Mgr Romero était déjà un saint, il s’est mis de notre côté, à nous les pauvres, il a souffert avec nous ». À son tour, Mgr Paul Vera, évêque mexicain présent lors des commémorations, invite les fidèles à se souvenir de Mgr Romero « comme d’un homme de bien, un saint qui a versé son sang pour son peuple qui l’aimait et continue de l’aimer ».
De son côté, dans une interview accordée à Radio Vatican, le postulateur de la cause de béatification, Mgr Vincenzo Paglia, estime que celle-ci a une signification profonde pour le Salvador et pour le continent latino-américain. « C’est le fruit splendide d’un christianisme qui a choisi de se mélanger avec les plus pauvres, pas un christianisme tourné vers lui-même ». « Romero, poursuit encore Mgr Paglia, a choisi d’aller dans les banlieues pour semer la vérité de l’Évangile qui donne un espoir à tous, en partant du plus pauvre ».
Ces paroles et cet encouragement rappellent très nettement celles du pape argentin qui dit vouloir « une Église pauvre, pour les pauvres ». D’ailleurs, la coïncidence du pontificat de François avec le témoignage de Romero signifie, selon Mgr Paglia, « que Dieu les envoie tous les deux en mission ». « Je le vois à côté du pape François, dans une église, en sortant vers les plus pauvres. C’est pour cela que c’est un évêque qui est un exemple pour tous les évêques, pour tous les prêtres, pour tous les chrétiens, et aussi pour tous les hommes de bonne volonté ».
L’archevêque est connu pour avoir pris la défense des pauvres et des paysans sans terre du Salvador, ainsi que pour avoir dénoncé les injustices commises dans le pays durant le conflit armé, de 1980 à 1992, qui opposait un gouvernement conservateur à un mouvement de guérilla d’extrême gauche. La veille de son assassinat, dans son homélie, il appelait les soldats à ne plus participer à la répression : « Au nom de Dieu, au nom de ce peuple souffrant, dont les lamentations montent jusqu’au ciel et sont chaque jours plus fortes, je vous en prie, je vous en supplie, je vous l’ordonne au nom de Dieu, arrêtez la répression ! ».
Depuis le pied de l’autel, où il est mort assassiné en célébrant la messe le 24 mars 1980, Mgr Romero sera élevé à la gloire des autels, et depuis le ciel, conclut Mgr Paglia « il est devenu le bon berger qui unit tous les habitants du pays, pour qui il a donné sa propre vie ».