[NDLR: Nous publions l’homélie du père Patrick Celier, csc, prononcée lors de la messe qui lança la nuit de prière pour la canonisation du frère André à la crypte de l’Oratoire Saint-Joseph. La messe était présentée en direct à l’antenne de Sel + Lumière.]
Sœurs et frères,
Marie-Ève, 8 ans, était toute fière; son grand père l’avait autorisée à se faire un petit jardin dans son grand jardin. Alors, elle s’était mise sérieusement au travail. Elle avait labouré, semé des graines ; tous les jours, elle allait dans son jardin pour arroser, ôter les mauvaises herbes. Bref, elle faisait comme son grand père. À la fin de la première semaine, celui-ci trouva Marie-Ève assise sur la margelle du puits, toute triste, « Qu’est-ce qui ne va pas ma chouette ? » Lui demanda-t-il en lui posant la main sur l’épaule. « Ça marche pas. Y a rien qui pousse dans mon jardin. » Lui répondit-elle les yeux pleins d’eau. « Ts! ts! » rétorqua grand père « Sois patiente. Ça prend du temps à pousser les beaux légumes. Continue à arroser et à prendre soin de ta terre. Lâche pas ; persévère et je te promets que dans quelques mois tu auras le plus beau jardin. Tu vois, un jardin, c’est comme la prière ; si tu persévères, tu finis toujours par être exaucée. » Après un moment de silence, il ajouta : « Ouais ! Dieu c’est le plus grand jardinier. Il sait laisser le temps au temps. Il sait attendre le temps de la maturité. »
Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, Jésus invite ses disciples à la persévérance dans la prière, comme la veuve qui insiste auprès du juge pour obtenir justice. Il nous dit aussi que Dieu est bon et qu’il veut notre bonheur ; il prend soin de nous et nous connaît mieux que nous-même. « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ? Je vous le déclare- nous dit-il- sans tarder, il leur fera justice. » Cela implique que nous ayons foi et espérance en Dieu et en sa bonté.
Demain matin, le frère André sera canonisé à Rome. Il sera offert en exemple au monde entier. Cet humble frère a été un homme de foi et de prière. Sa confiance en Dieu et en saint Joseph était absolue, lui qui disait : « Quand saint Joseph pousse avec Dieu, ça pousse fort. » Homme de prière, on disait de lui : « Il parle de Dieu aux hommes et il parle à Dieu des hommes. » Chaque jour, il faisait son chemin de croix en méditant sur la passion du Christ, il disait son chapelet en méditant les mystères du Rosaire. La nuit, pendant que quelque pèlerin dormait sur sa couche, lui, regardant le tabernacle par la petite fenêtre dans le mur de sa chambre, il priait pour toutes les personnes qu’il avait rencontrées et il parlait à Jésus son ami. Au père Deguire, son supérieur, qui s’inquiétait de le voir ainsi prier toute la nuit, il avait répondu : « Si vous saviez l’état du monde, vous ne parleriez pas ainsi. » Mais il invitait aussi les gens à prier Dieu par l’intercession de saint Joseph ; il les invitait à se confesser, à participer à la messe et à communier. Pour lui, le plus important ce n’était pas les guérisons mais la foi. « Beaucoup, disait-il, me demandent la guérison mais très peu la foi. » Et à ceux qui lui demandaient la guérison, il disait : « Priez Dieu pour obtenir la grâce d’accepter sa volonté sur vous. S’il veut vous guérir, remerciez-le ; mais si telle n’est pas sa volonté, demandez-lui la force de vivre avec votre maladie. » Il invitait les pèlerins à la confiance en Dieu : « Mais faites-lui donc confiance ! » Il insistait sur la proximité aimante de Dieu pour chacun de nous : « Entre Dieu et nous, il n’y a que l’épaisseur d’un voile. » Ou encore : « Quand nous disons le Notre Père, c’est comme si Dieu avait l’oreille collée à notre bouche. » Le frère André a été toute sa vie, tant dans les moments de joie que dans les épreuves, un homme de foi et de prière persévérante. Oui, il est vraiment le Saint Frère André !
À son exemple, faisons confiance au Bon Dieu, si proche de nous et si aimant ; soyons des personnes persévérantes dans notre prière.
Oui, Dieu exauce toujours ceux qui le prient avec persévérance. Amen !
Père Patrick Celier, csc – 16 septembre 2010.