[NDLR: Nous publions ici l’homélie du cardinal Jean-Claude Turcotte prononcée le 18 octobre au cours de la messe pour les Canadiens à l’église Sant’Andrea della Valle à Rome.]
Chers amis,
Le frère André, que Benoît XVI vient de canoniser, a été très célèbre plusieurs années avant sa mort. Alors qu’il accueillait quotidiennement de nombreux visiteurs et pèlerins à la chapelle qu’il avait fait construire sur le Mont-Royal (à Montréal, province de Québec, au Canada), il recevait de 2 à 3 cents lettres par jour. Quatre secrétaires étaient nécessaires pour y répondre. Quand il mourut, le mercredi 6 janvier 1937, à 91 ans, il y eut comme une onde de choc non seulement à Montréal, au Québec et au Canada, mais aussi dans le nord des États-Unis et jusqu’en Europe. La nouvelle de sa mort fit la une dans de très nombreux journaux. Près de mille articles ont alors rendu compte de l’événement et de la vie de ce frère qui fonda l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal. Le journal français Le Figaro écrivit: «Un extraordinaire thaumaturge vient de mourir. Le frère André sera-t-il le premier saint canadien?» Beaucoup de Canadiens l’espéraient de tout leur cœur. Ils se sont donc réjouis quand le pape Paul VI a déclaré le frère André vénérable, le 12 juin 1978. Leur joie a été plus grande encore, le 23 mai 1982, lorsque Jean-Paul II l’a béatifié. Depuis le jour de cette béatification, les pèlerins, qui sont venus visiter l’Oratoire Saint-Joseph et y prier, ont été invités à signer une pétition pour que le frère André soit canonisé. 10 millions de pèlerins ont signé cette pétition. Le pape Benoît XVI a entendu leur voix. Le frère André est maintenant officiellement reconnu comme le premier homme né au Canada à être déclaré saint. Nous en sommes très heureux.
Toute l’Église en est heureuse; particulièrement l’Église qui est à Montréal, et toutes les Églises implantées au Québec et au Canada. Les textes bibliques que nous venons d’entendre nous indiquent pour quelles raisons le frère André est devenu un saint. Il l’est devenu parce qu’il s’est laissé enseigner par Dieu et n’a jamais fait le prétentieux devant lui. Il est devenu saint parce qu’il s’est tenu devant Dieu comme un pauvre qui attend tout et espère tout de lui. Né dans une famille financièrement très démunie, ayant une santé fragile, n’ayant pas eu l’occasion de beaucoup s’instruire, le frère André, qui pouvait lire, n’écrivait guère plus que son nom. Mais il était tout tourné vers Dieu, tout attentif à lui, tout assoiffé de lui. C’est pourquoi Dieu a fixé son regard sur ce petit homme pauvre et humble, et lui a révélé ce qu’il cache «aux sages et aux savants».[1] Il l’a fait entrer dans son intimité, dans celle de Jésus, dans celle de l’Esprit Saint et dans celle de la Sainte Famille. [Read more…]