Réflexion sur le Premier chapitre de l’Exhortation apostolique du Pape François sur l’Amour dans la Famille
La récente exhortation apostolique du Pape François sur l’amour dans la famille, Amoris Laetitia (« La joie de l’amour »), est un trésor dans lequel la beauté de la vie familiale resplendit. Dans ses paragraphes d’introduction, le Saint-Père utilise l’image d’un « magnifique polyèdre » (no. 4) pour décrire les deux Synodes des évêques sur la famille qui ont précédé la publication de ce document. Cette expression manifeste la richesse des dimensions, des questions et des soucis exprimés par les Pères Synodaux. Pour moi, il est évident que ce document est une véritable pierre précieuse et nous mettrons des années à en approfondir le contenu ! Pendant les semaines à venir, je vous propose d’amorcer une réflexion en profondeur sur le contenu de l’exhortation, un chapitre à la fois.
Le Pape François commence le premier chapitre d’Amoris Laetitia, intitulé « À la lumière de la Parole », avec « une ouverture inspirée par les Saintes Écritures, qui donne un ton approprié » (no. 6). Le Pape François déterre la sagesse biblique provenant de la riche tradition des enseignements de l’Église sur la famille. Il révèle ainsi le lien profond entre la vie de la famille et la vie de la Trinité. Bien que Dieu soit complètement transcendant – au-delà de tout et en chaque aspect – Il a néanmoins désiré nous créer et nous inviter à partager Sa vie et Son « travail » c’est-à-dire à réfléchir sur Sa propre nature (no. 10). Comme Saint Jean-Paul II l’a merveilleusement proclamé dans son enseignement sur « La Théologie du corps », nous ne sommes pas seulement créés à l’image et à la ressemblance de Dieu individuellement, mais également dans notre communion les uns avec les autres, spécialement dans l’union de l’homme et de la femme.
« Le couple qui aime et procrée est la vraie « sculpture » vivante… capable de manifester le Dieu créateur et sauveur. C’est pourquoi, l’amour fécond arrive à être le symbole des réalités intimes de Dieu » (no. 11). L’amour n’existe pas dans la solitude ; nous ne pouvons pas aimer ou être aimé dans un vacuum ! L’amour est par sa nature même don de soi : un don partagé entre les personnes. C’est le cas de la Trinité et c’est aussi le cas de chaque famille humaine. Comme le Pape François écrit : « Le Dieu Trinité est communion d’amour et la famille est son reflet vivant. » Dieu s’est révélé dans l’amour de l’homme et de la femme et Sa vie comme Trinité de trois Personnes est réfléchie dans la communauté que le couple constitue autour d’eux : la famille. « La famille, en effet, n’est pas étrangère à l’essence divine même » (no. 11).
Quelle révélation ! De même que la vie de Dieu est une vie partagée entre le Père, le Fils, et le Saint Esprit, nous avons été créés pour partager notre vie avec d’autres puisque nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Être créés à l’image et à la ressemblance de Dieu c’est être créés pour vivre ensemble et ce partage de la vie est le reflet de la vie partagée avec Dieu Lui-même !
Ensuite, le Pape François manifeste le contraste de cette appartenance pour laquelle nous sommes créés avec la solitude vécue par Adam avant la création d’Ève (no. 12). Il souligne les causes « obscures » de cette solitude dans notre monde aujourd’hui – notamment les problèmes et les disputes de famille, les tragédies et la violence, les rivalités entre les frères et les sœurs et entre les parents, et le divorce (nos. 19, 20). Jésus n’est pas aveugle à ces vrais luttes et défis de la vie familiale contemporaine. Il « connaît les angoisses et les tensions des familles qu’il introduit dans ses paraboles » (no. 21). Devant ces souffrances, la solution offerte par le pape est une vertu qui caractérise bien le ministère et l’enseignement du Christ, « quelque peu ignorée en ces temps de relations frénétiques et superficielles : la tendresse » (no. 28).
Comme est évidente cette vertu de tendresse lorsque nous contemplons la famille dans laquelle Dieu Lui-même a habité. Ici nous voyons une autre « trinité » que chaque famille est appelée à imiter : la Sainte Famille de Jésus, de Marie et de Joseph. Le Père aurait pu envoyer Son Fils unique parmi nous de tant de façons différentes. En effet, Dieu aurait pu entrer dans l’humanité par d’autres moyens. Pourtant, comme le Pape François l’a affirmé lors de la Rencontre mondiale des familles à Philadelphie, « Où est-ce qu’Il a envoyé Son Fils – dans un palais ? dans une cité ? Non. Il l’a envoyé dans une famille. Dieu l’a envoyé au milieu d’une famille. » Ainsi, la famille est un endroit où l’amour de Dieu peut habiter, c’est-à-dire où Dieu Lui-même peut habiter puisque la famille est le reflet de la communion d’amour entre Dieu le Père, le Fils, et le Saint Esprit.
Par ce premier chapitre d’Amoris Laetitia, le Pape François appelle toutes les familles à devenir des lieux où Dieu peut habiter, à faire resplendir son identité d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu. Dans la joie d’être aimés et de nous aimer les uns les autres, nous en viendrons à connaître la joie d’aimer et d’être aimés par Dieu.
(CNS Photo/Paul Haring)