Chemin de croix avec les jeunes sur le bord de mer de Copacabana

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Très chers jeunes !

Nous sommes venus ici aujourd’hui pour accompagner Jésus tout au long de son chemin de douleur et d’amour, le chemin de la Croix, qui est un des moments forts des Journées mondiales de la Jeunesse. Au terme de l’Année Sainte de la Rédemption, le bienheureux Jean-Paul II a voulu confier la Croix à vous, les jeunes, en vous disant : « Portez-la dans le monde comme le signe de l’amour de Jésus pour l’humanité et annoncez à tous que seul dans le Christ mort et ressuscité, il y a le salut et la rédemption » (Paroles aux jeunes [21 avril 1984] : Insegnamenti VII,1 [1984], p. 1105). Depuis lors, la Croix a parcouru tous les Continents et a traversé les secteurs les plus variés de l’existence humaine, en restant presqu’imprégnée des situations de vie de beaucoup de jeunes, qui l’ont vue et l’ont portée. Personne ne peut toucher la Croix de Jésus sans y laisser quelque chose de lui-même et sans porter quelque chose de la Croix de Jésus dans sa vie. Alors que vous accompagnez le Seigneur, ce soir, je voudrais que trois questions résonnent dans vos cœurs : qu’avez-vous laissé sur la Croix, vous, chers jeunes du Brésil, en ces deux ans durant lesquels elle a sillonné votre immense pays ? Et qu’est-ce que la Croix de Jésus a laissé en chacun de vous ? Et, enfin, qu’est-ce que cette croix enseigne à notre vie ?

1. Une tradition ancienne de l’Église de Rome raconte que l’Apôtre Pierre, sortant de la ville pour fuir la persécution de Néron, vit Jésus qui marchait dans la direction opposée et étonné, il lui demanda : « Seigneur, où vas-tu ? ». La réponse de Jésus fut : « Je vais à Rome pour être de nouveau crucifié ». À ce moment-là, Pierre comprit qu’il devait suivre le Seigneur avec courage, à fond, mais il comprit surtout qu’il n’était jamais seul dans sa marche ; avec lui il y avait toujours ce Jésus qui l’avait aimé jusqu’à mourir sur la Croix. Voilà ! chargé de sa Croix, Jésus parcourt nos routes pour prendre sur lui nos peurs, nos problèmes, nos souffrances, même les plus profondes. Avec sa Croix, Jésus s’unit au silence des victimes de la violence qui ne peuvent plus crier, surtout les innocents et ceux qui sont sans défense ; avec elle, Jésus s’unit aux familles qui sont en difficulté, qui pleurent la mort de leurs enfants, ou qui souffrent en les voyant être les proies des paradis artificiels comme la drogue ; avec elle, Jésus s’unit à toutes les personnes qui souffrent de la faim dans un monde qui chaque jour met à la poubelle des tonnes de nourriture ; avec elle, Jésus s’unit à celui qui est persécuté à cause de sa religion, de ses idées, ou simplement pour la couleur de sa peau ; avec elle, Jésus s’unit aux nombreux jeunes qui ne mettent plus leur confiance dans les institutions politiques, car ils y voient égoïsme et corruption, ou qui ont perdu la foi en l’Église, et même en Dieu, à cause de l’incohérence des chrétiens et des ministres de l’Évangile. Dans la Croix du Christ, il y a la souffrance, le péché de l’homme, aussi le nôtre, et lui accueille tout avec les bras ouverts, prend sur ses épaules nos croix et nous dit : courage ! Tu n’es pas seul à les porter ! Je les porte avec toi, j’ai vaincu la mort et je suis venu te donner espérance, te donner la vie (cf. Jn 3, 16).

2. Et nous pouvons ainsi répondre à la deuxième question : qu’est-ce que la Croix a laissé en ceux qui l’ont vue, en ceux qui l’ont touchée ? Que laisse-t-elle en chacun de nous ? Elle laisse le bien que personne ne peut nous donner : la certitude de l’amour inébranlable de Dieu pour nous. Un amour tellement grand qu’il entre dans notre péché et le pardonne, qu’il entre dans notre souffrance et nous donne la force de la porter ; qu’il entre même dans la mort pour la vaincre et nous sauver. La Croix du Christ renferme tout l’amour de Dieu, son immense miséricorde. Et c’est un amour auquel nous pouvons nous fier, auquel nous pouvons croire. Chers jeunes, ayons confiance en Jésus, en remettons-nous totalement à lui (cf. Lettre enc. Lumen fidei, n. 16) ! Seul dans le Christ mort et ressuscité nous trouvons le salut et la rédemption. Avec lui, le mal, la souffrance et la mort n’ont pas le dernier mot, parce que lui nous donne espérance et vie : il a transformé la Croix, d’instrument de haine, de défaite, de mort en signe d’amour, de victoire et de vie.

Le premier nom donné au Brésil a été justement celui de « Terre de la Sainte Croix ». La Croix du Christ a été plantée non seulement sur la plage, il y a plus de cinq siècles, mais aussi dans l’histoire, dans le cœur et dans la vie du peuple brésilien et pas seulement. Nous sentons le Christ souffrant proche de nous, un de nous qui partage à fond notre marche. Il n’y a pas de croix, petite ou grande, de notre vie que le Seigneur ne partage pas avec nous.

3. Mais la Croix du Christ nous invite aussi à nous laisser contaminer par cet amour, elle nous enseigne alors à regarder toujours l’autre avec miséricorde et amour, surtout la personne qui souffre, qui a besoin d’aide, qui attend une parole, un geste ; elle nous enseigne à sortir de nous-mêmes pour aller à sa rencontre et lui tendre la main. De nombreux visages ont accompagné Jésus dans sa marche vers le Calvaire : Pilate, le Cyrénéen, Marie, les femmes … Devant les autres, nous pouvons être nous aussi comme Pilate qui n’a pas le courage d’aller à contre-courant pour sauver la vie de Jésus ; il s’en lave les mains. Chers amis, la Croix du Christ nous enseigne à être comme le Cyrénéen, qui aide Jésus à porter ce bois pesant, à être comme Marie et les femmes, qui n’ont pas peur d’accompagner Jésus jusqu’au bout, avec amour, avec tendresse. Et toi, à qui t’identifies-tu ? À Pilate, au Cyrénéen, à Marie ?

Chers jeunes, sur la Croix du Christ déposons nos joies, nos souffrances, nos succès ; nous y trouverons un Cœur ouvert qui nous comprend, nous pardonne, nous aime et nous demande de porter ce même amour dans notre vie, d’aimer chacun de nos frères et de nos sœurs avec le même amour. Ainsi soit-il !

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