Nous poursuivons aujourd’hui notre analyse de l’encyclique Laudato Sì du pape François sur le thème de l’écologie en nous arrêtant sur le chapitre 5. Dans ce chapitre, le Pape tente « de tracer les grandes lignes de dialogue à même de nous aider à sortir de la spirale d’autodestruction dans laquelle nous nous enfonçons » (no 163) et ainsi manifester que la « grandeur politique se révèle quand, dans les moments difficiles, on œuvre pour les grands principes et en pensant au bien commun à long terme » (178).
Ce que le pape François veut véritablement, c’est que le monde politique sorte de son actuelle logique égoïste. Pour lui, les politiciens ne devraient plus réduire leurs échéanciers au seul rythme des élections. En effet, le Bien commun ne peut plus se calculer en terme de trimestre ou de quinquennat mais en terme de siècle. En ce sens, François n’invite-t-il pas les décideurs à entrer dans le « temps de l’Église » ? N’invite-t-il pas tous les citoyens du monde à réfléchir sur l’histoire de « l’époque post-industrielle [et qui] sera peut-être considérée comme l’une des plus irresponsables de l’histoire » (no 165) pour, ensuite, faire en sorte de ne pas continuer dans cette direction ?
En ce sens, pour le Pape, il est non seulement irresponsable d’avoir une vision à court terme mais nous ne pouvons plus nous contenter de défendre uniquement nos intérêts nationaux. En un mot, devant la crise actuelle, un « consensus mondial devient indispensable » (no 164). Cette invitation arrive à point puisqu’aura lieu, à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochain, la 21e conférence sur les changements climatiques. Dans ce contexte, le message du pape François pourra plus facilement rejoindre les consciences de tous les décideurs politiques de la planète.
La Conférence de Paris devra donc tenir compte des pays émergeants en évitant de leur imposer des décisions qui mettraient en péril leur propre développement. Ils doivent avoir leur « mot à dire ». Nous touchons ainsi un message central de l’encyclique du Pape. Ce devoir de justice envers la terre passe nécessairement par une justice envers les plus pauvres. Comme le dit le Pape lui-même : « Il s’agit simplement de redéfinir le progrès » (no 194).
Sans vouloir faire table rase de l’ensemble du monde industriel qui nous précède, le pape François désire ardemment que nous soyons capables d’une remise en cause de notre présent mode de vie et, ce, jusqu’à considérer « marquer une pause en mettant certaines limites raisonnables, voire à retourner en arrière avant qu’il ne soit trop tard » (no 193). Cette analyse (non exhaustive) du chapitre 5 de Laudato Si montre bien que les changements devront être fondamentaux si nous voulons vraiment faire face de manière réaliste à la crise des changements climatiques. La semaine prochaine, nous terminerons notre série d’articles de l’encyclique Laudato Si par une analyse du chapitre 6.