Par Benoît Lévêque
En ce temps de l’Avent, je vous propose une lettre pastorale écrite par saint Charles Borromée alors qu’il était archevêque de Milan. Saint Charles Borromée est le fils cadet d’une noble famille italienne et le neveu d’un pape, on lui confie très jeune des missions au service de l’Église. Créé cardinal à 22 ans, il collabore efficacement à la reprise du Concile de Trente, interrompu depuis huit ans. Au moment de la mort subite de son frère aîné, alors qu’il pourrait quitter l’Eglise pour la charge de chef d’une grande famille, il demande à devenir prêtre. Devenu archevêque de Milan, il crée des séminaires pour la formation d’une nouvelle génération de prêtres. Il construit des hôpitaux et destine les richesses de sa famille au service des pauvres ; il défend les droits de l’Église contre les puissants et il soigne lui-même les pestiférés quand la peste ravage Milan en 1576. Il meurt dans son diocèse en 1584, à 46 ans, épuisé par les fatigues et les austérités.
Voici, mes bien-aimés, ce temps célébré avec tant de ferveur, et, comme dit l’Esprit Saint, temps de la faveur divine, période de salut, de paix et de réconciliation temps jadis désiré très ardemment par les voeux et les aspirations instantes des anciens prophètes et patriarches, et qui a été vu enfin par le juste Siméon avec une joie débordante! Puisqu’il a toujours été célébré par l’Église avec tant de ferveur, nous-mêmes devons aussi le passer religieusement dans les louanges et les actions de grâce adressées au Père éternel pour la miséricorde qu’il a manifestée dans ce mystère.
Oui, par cet avènement de son Fils unique, en vertu de son immense amour pour nous, pécheurs, il l’a envoyé alors pour nous délivrer de la tyrannie et de l’empire du démon, nous inviter à aller au ciel, nous faire pénétrer dans les mystères célestes, nous montrer la Vérité en personne, nous former à la pureté des moeurs, nous donner les germes des vertus, nous enrichir des trésors de sa grâce et enfin nous adopter pour ses fils et pour héritiers de la vie éternelle.
Du fait que ce mystère est revécu chaque année par l’Église, nous sommes exhortés à rappeler sans cesse le souvenir de tant d’amour envers nous. Cela nous enseigne aussi que l’avènement du Christ n’a pas profité seulement à ceux qui vivaient à l’époque du Sauveur, mais que sa vertu devait être communiquée aussi à nous tous; du moins si nous voulons, par le moyen de la foi et des sacrements, accueillir la grâce qu’il nous a méritée et diriger notre vie selon cette grâce en lui obéissant.
L’Église nous demande encore de comprendre ceci: de même qu’il est venu au monde une seule fois en s’incarnant, de même, si nous enlevons tout obstacle de notre part, il est prêt à venir à nous de nouveau, à toute heure et à tout instant, pour habiter spirituellement dans nos coeurs avec l’abondance de ses grâces.
Aussi l’Église, comme une mère très affectueuse et très préoccupée de notre salut, à l’occasion de ce temps, nous enseigne, par des hymnes, des cantiques, et par toutes les paroles et les rites que lui a inspirés le Saint-Esprit, comment accueillir avec gratitude un si grand bienfait et comment nous enrichir de ses fruits. Ainsi notre âme se disposera à l’avènement du Christ avec autant de soin que s’il devait encore venir au monde, et de la manière même dont les pères de l’Ancien Testament, par leurs paroles comme par leurs exemples, nous ont appris à les imiter.
Saint Charles Borromée