La vie est plus forte que la mort! Voilà la conviction fondamentale de ma foi chrétienne, conviction qui repose sur un fait : la transformation radicale des disciples de Jésus quelques jours après sa mort.
Mettons-nous à leur place. Celui en qui ils avaient fondé leur espérance était mort. Et sa mort avait été odieuse : accusé de sédition, Jésus avait été torturé et publiquement humilié avant d’être crucifié comme le plus vil des criminels. Une phrase des Écritures juives doit les avoir hantés : « Dieu maudit celui qui pend au bois. » (Dt 21,23)
Ils avaient cru que Jésus était le prophète de Dieu, et le voilà maudit par Dieu. Ils avaient cru qu’il rétablirait la royauté en Israël, et voilà que l’Empire romain démontre encore une fois sa toute-puissance. Ils avaient cru qu’en lui les temps seraient transformés, et voilà que l’antique tristesse et l’inévitable futilité semblent encore une fois se moquer de tout.
Est-il surprenant qu’ils se soient enfuis pour ne pas être pris avec lui? Que Judas se soit enlevé la vie? Que Pierre, leur chef, aurait nié même le connaître? Qu’ils se seraient cachés pour pleurer leur deuil et leur désespoir?
Qu’est-il donc arrivé quelques jours plus tard pour les changer de façon si radicale? La mort de Jésus avait fait d’eux des peureux, les voici pleins de courage. Ils s’étaient dérobés, les voici en train de prêcher sur la place publique. Ils s’étaient dispersés, les voici rassemblés pour la prière et le partage du pain, unis dans une solidarité que plus rien ne pourrait dissoudre.
Ils disent avoir rencontré le Christ ressuscité. Dans ce face-à-face, ils ont découvert un Dieu plus grand que leur cœur. Ce fut une rencontre pleine de grâce, de paix, de pardon et d’amour. Cette visitation les renvoya aussi vers le monde, chargé d’une mission : continuer l’œuvre de Jésus et annoncer aux peuples l’inauguration d’un Royaume de justice, de paix et de joie (Rom 14,17).
Ils disent avoir rencontré le Christ ressuscité, et tout a changé : pour eux, pour moi, pour vous. Dans la résurrection de Jésus, nous aussi, nous découvrons que la vie est plus forte que la mort, que l’amour peut triompher de la haine, que le pardon peut guérir toute blessure. Dans la résurrection de Jésus, nous aussi, nous découvrons qu’une mission nous est confiée, celle de collaborer à l’Esprit de Dieu dans la transformation du monde. Pâques nous convie à porter aux autres la grâce, la paix, le pardon et l’amour que les apôtres connurent le matin de la résurrection.
Les lapins de chocolats et les cocos de Pâques peuvent nous faire sourire, nous faire goûter un peu de plaisir. Ce ne sont là que de faibles échos de la joie profonde que le Christ ressuscité veut nous partager, de l’amour éternel duquel il veut nous rassasier. Forts de sa vie, de son amour et de son pardon, comme les disciples, apprenons à nous donner, à tout donner. Oui, soyons un peuple de Pâques!
+Paul-André Durocher
Archevêque de Gatineau et
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
Le 17 avril 2014