Voici le discours prononcé par le pape François aux autorités de l’ile Maurice à son arrivée ce lundi 9 septembre,
Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Membres distingués du gouvernement,
Membres distingués du corps diplomatique,
Mesdames et Messieurs, membres de la société civile,
Représentants des diverses confessions religieuses,
Mesdames et Messieurs,Je salue cordialement les Autorités de l’État de Maurice et je les remercie de leur invitation à visiter votre République. Je remercie le Premier Ministre pour les aimables paroles qu’il vient de m’adresser, ainsi que pour son accueil et celui de Monsieur le Président. Je salue les membres du Gouvernement, de la Société Civile et du Corps Diplomatique. Je voudrais également saluer la présence ici aujourd’hui des représentants d’autres confessions chrétiennes et des différentes religions présentes sur l’Ile Maurice et les remercier fraternellement. Je suis heureux, grâce à cette brève visite, de pouvoir rencontrer votre peuple, caractérisé non seulement par un visage multiforme sur le plan culturel, ethnique et religieux, mais, surtout, par la beauté qui vient de votre capacité à reconnaître, respecter et harmoniser les différences existantes selon un projet commun.
Ainsi, c’est toute l’histoire de votre peuple qui est né avec l’arrivée de migrants venus de divers horizons et continents, porteurs de leurs traditions, de leur culture et de leur religion, et qui ont appris, peu à peu, à s’enrichir de la différence des autres et à trouver les moyens de vivre ensemble, en cherchant à construire une fraternité soucieuse du bien commun. En ce sens, vous possédez une voix faisant autorité – parce qu’elle s’est faite vie – capable de rappeler qu’il est possible de parvenir à une paix stable à partir de la conviction que « la diversité est belle quand elle accepte d’entrer constamment dans un processus de réconciliation, jusqu’à sceller une sorte de pacte culturel qui fait émerger une “diversité réconciliée” » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 230).
Cela est une base et une opportunité pour la construction d’une véritable communion au sein de la grande famille humaine sans avoir besoin de marginaliser, d’exclure ou de rejeter. L’ADN de votre peuple garde la mémoire de ces mouvements migratoires qui ont conduit vos ancêtres jusque sur cette île et qui les ont amenés aussi à s’ouvrir aux différences pour les intégrer et les promouvoir en vue du bien de tous. C’est pourquoi je vous encourage, dans la fidélité à vos racines, à relever le défi de l’accueil et de la protection des migrants qui aujourd’hui viennent ici pour trouver un travail et, pour beaucoup d’entre eux, de meilleures conditions de vie pour leurs familles. Ayez à cœur de les accueillir comme vos ancêtres ont su s’accueillir les uns les autres, comme protagonistes et défenseurs d’une véritable culture de la rencontre qui permette aux migrants (et à tous) d’être reconnus dans leur dignité et dans leurs droits. Dans l’histoire récente de votre peuple, mérite d’être saluée la tradition démocratique instaurée depuis l’Indépendance et qui contribue à faire de l’Île Maurice une oasis de paix.
Je forme le vœu que cet art de vivre démocratique puisse être cultivé et développé, en luttant notamment contre toutes formes de discrimination. Car « la vie politique authentique, qui se fonde sur le droit et sur un dialogue loyal entre les personnes, se renouvelle avec la conviction que chaque femme, chaque homme et chaque génération portent en eux une promesse qui peut libérer de nouvelles énergies relationnelles, intellectuelles, culturelles et spirituelles » (Message pour la 52e Journée Mondiale de la Paix, 1er janvier 2019). Vous qui êtes engagés dans la vie politique de la République de Maurice, puissiez-vous être un exemple pour celles et ceux qui comptent sur vous, et en particulier pour les jeunes. Par votre comportement et par votre volonté de combattre toutes les formes de corruption, puissiez-vous manifester la valeur de l’engagement au service du bien commun et être toujours dignes de la confiance de vos concitoyens. Depuis son Indépendance, votre pays a connu un fort développement économique dont nous devons certainement nous réjouir, tout en étant vigilants. Dans le contexte actuel, il semble souvent que la croissance économique ne profite pas toujours à tout le monde et mette même de côté – par certaines stratégies de sa dynamique – un certain nombre de personnes, en particulier les jeunes. C’est pourquoi je voudrais vous encourager à promouvoir une politique économique axée sur les personnes et qui soit en mesure de favoriser une meilleure répartition des revenus, la création d’emplois et la promotion intégrale des plus pauvres (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 204).
Vous encourager à ne pas succomber à la tentation d’un modèle économique idolâtre qui ressent le besoin de sacrifier des vies humaines sur l’autel de la spéculation et de la simple rentabilité, qui ne prend en compte que l’avantage immédiat au détriment de la protection des plus pauvres, de l’environnement et de ses ressources. Il s’agit d’avancer avec cette attitude constructive qui, comme l’a écrit le Cardinal Piat à l’occasion du 50e anniversaire de l’Indépendance de Maurice, pousse à encourager la mise en œuvre d’une conversion écologique intégrale. Cette conversion vise non seulement à éviter de terribles phénomènes climatiques ou des catastrophes naturelles majeures, mais cherche aussi à promouvoir un changement de mode de vie afin que la croissance économique puisse réellement profiter à tous, sans risquer de causer des catastrophes écologiques ou de graves crises sociales. Mesdames et Messieurs, je voudrais saluer la manière dont, à Maurice, les différentes religions, avec leurs identités propres, travaillent main dans la main pour contribuer à la paix sociale et rappeler la valeur transcendante de la vie contre toutes sortes de réductionnisme. Et je renouvelle la disponibilité des catholiques de Maurice de continuer à participer à ce dialogue fructueux qui a marqué si fortement l’histoire de votre peuple.
Merci pour votre témoignage. Encore une fois merci pour votre accueil chaleureux. Je demande à Dieu de bénir votre peuple et tous les efforts qui sont faits pour favoriser la rencontre entre différentes cultures, civilisations et traditions religieuses dans la promotion d’une société juste, qui n’oublie pas ses enfants, en particulier les plus démunis. Que son amour et sa miséricorde continuent de vous accompagner et de vous protéger !