Fête des Martyrs Canadiens

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Que cette bande d’amis du Seigneur prie pour nous et nous donne courage de rendre témoignage

 Thomas Rosica, csb

L’histoire de l’Église catholique au Canada est jeune et s’étale sur un peu plus de 400 ans.  Le Canada est un immense territoire au climat nordique. J’en suis témoin!  La plus grande partie de la population est établie le long de la frontière sud du pays avec les États-Unis, laissant de très grandes étendues intérieures et nordiques peu habitées.

Les Martyrs canadiens ou les Martyrs de l’Amérique du Nord sont Jean de Brébeuf et ses compagnons: Antoine Daniel, Gabriel Lalemant, Charles Garnier et Noël Chabanel, morts en territoire canadien, dans la région de Midland, Ontario; Isaac Jogues et deux Donnés ou serviteurs bénévoles, René Goupil et Jean de La Lande, morts sur le territoire actuel des États-Unis, dans la région de Auriesville, New York.

Ces hommes ont connu d’effroyables conditions de climat, de nourriture et de logement. À travers un pays aux proportions extravagantes, ils ont franchi des distances de plusieurs centaines de kilomètres dans de fragiles canots d’écorce, à travers sauts et rapides, affligés par le fléau des moustiques, les difficultés du ravitaillement, l’épuisement des marches en forêt.

Après une phase de réconfortante amitié, les missionnaires ont rencontré, chez ceux qu’ils venaient évangéliser, une résistance croissante et obstinée, attribuable, semble-t-il, aux épidémies successives dont les missionnaires étaient rendus responsables, et aux écarts entre l’Évangile et certaines coutumes du pays.

Ils ont été béatifiés en 1925 par Pie XI, canonisés en 1930, et proclamés patrons secondaires du Canada, après saint Joseph, le 16 octobre 1940, par le pape Pie XII. Leur fête liturgique est fixée au 26 septembre pour le Canada; au 19 octobre pour l’Église universelle.

Le critère déterminant du martyre est positif: donner sa vie pour le Christ et ses frères, comme signe du plus grand amour. Il n’appartient ni au bourreau, ni au persécuteur, ni à l’historien de déclarer quelqu’un martyr: il s’agit d’un jugement d’Église. Et, dans ce jugement, l’accent doit être mis sur les motivations de celui qui subit le martyre.  On ne saurait séparer la mort des missionnaires de la Huronie du sens qu’elle revêt pour eux. Ainsi, Jésus qui donne sa vie se livre bien plus qu’il n’est livré.

photo2 blogBrébuf et ces compagnons – ces missionaires de la Huronie – sont doublement martyrs: à cause de leur foi, mais avant tout comme témoins du plus grand amour pour leurs brebis, jusqu’au don de la vie, à la suite du Christ. Quand ils proclamaient le Christ et son Évangile, dans le contexte de la mission, ils étaient pleinement conscients du risque de mort qu’ils couraient, et à maintes reprises ils l’ont clairement signifié.

Cet attachement au Christ explique leur zèle, plus incandescent que le feu qui les consume. Un zèle qui inspire à Brébeuf, fils de cette terre normande, ces paroles stupéfiantes: «Ô mon Dieu, que n’êtes-vous connu! Que ce pays…  n’est-il tout converti à vous! Que n’êtes-vous aimé! Oui, mon Dieu, si tous les tourments que les captifs peuvent endurer en ces pays… devaient tomber sur moi, je m’y offre de tout mon coeur et moi seul je les souffrirai». Il a suffi de vingt de ces missionnaires pour gagner à l’Évangile une nation entière et la conduire aux sommets de la sainteté. Que n’avons-nous un peu de ce zèle à déployer dans les projets de nouvelle évangélisation?

Dans leurs relations quotidiennes, ils ont fait preuve entre eux d’une merveilleuse magnanimité. Ces hommes s’appliquent à exalter leurs compagnons d’apostolat, tandis qu’ils mettent un délicieux acharnement à se faire oublier et à travailler dans le rang.  Brébeuf disait: «Dieu nous a donné le jour pour être au service du prochain et la nuit pour converser avec lui». Contemplatifs dans l’action, ils voient Dieu en toutes choses.

Nous remercions Dieu d’avoir donné à l’Église qui est au Canada de si grands modèles.  Nous sommes heureux que leur mémoire soit gardée, particulièrement vivante, au sanctuaire de Midland, en Ontario, lieu même de leur apostolat et de leur martyre.  Un lieu que j’ai visité à plusieurs reprises, pour prier, célébrer l’Eucharistie au lieu du martyre, et pour experimenter personnellement les fruits des labeurs de Brébeuf et ses compagnons.

Aujourd’hui je rends grace à Dieu pour le souvenir, le courage, l’amour et l’example de Jean de Brébeuf et ses compagnons.  Que cette bande d’amis du Seigneur prie pour nous et nous donne courage de rendre témoignage du Christ au monde contemporain.

 

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