Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’introduction et de l’homélie du Cardinal archevêque de Cracovie Stanislaw Dziwisz telle que prononcée lors de la Messe d’ouverture des JMJ de Cracovie 2016.
Introduction
Chers Jeunes Amis !
Le jour que nous attendions depuis 3 ans est enfin arrivé. Nous l’attendions depuis le moment, où, à Rio de Janeiro, le Pape François a annoncé que les prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse se tiendraient à Cracovie en Pologne. Les jours, les heures, les minutes et les secondes qui nous séparaient de cet instant étaient comptés par l’horloge, qui se trouve sur la façade de la Basilique Sainte-Marie, dans le centre historique de Cracovie.
Il y a pourtant une horloge plus importante, qui enregistre les pensées et les sentiments dans nos cœurs et qui nous préparait spirituellement à cette rencontre des jeunes disciples du Maître de Nazareth, qui commence aujourd’hui.
Vous venez de tous les continents et de toutes les nations, de l’occident et de l’orient, du nord et du sud de notre globe terrestre, en apportant avec vous vos expériences. Vous portez en vous de nombreux désirs, vous parlez différentes langues mais à partir d’aujourd‘hui nous allons tous utiliser le langage de l’Évangile. C’est le langage de l’amour, de la fraternité, de la solidarité et de la paix.
Je vous souhaite la bienvenue dans la ville de Karol Wojtyła – de St Jean-Paul II. C’est ici qu’il se prépara à servir l’Église et c’est d’ici qu’il partit sur les chemins du monde, pour annoncer l’Évangile de Jésus Christ. Je vous souhaite la bienvenue dans cette ville, où nous ressentons particulièrement le mystère et le don de la Miséricorde Divine.
Cari amici – benvenuti a Cracovia!
Dear friends – welcome to Cracow!
Chers amis – bienvenus à Cracovie!
Liebe Freunde – herzlich willkommen in Krakau!
Queridos amigos – bienvenidos a Cracovia!
Queridos amigos – Bem-vindos à Cracóvia!
Дорогие Друзья! Добро пожаловать в Краков!
Дорогі друзі, вітаємо у Кракові!
Drodzy Przyjaciele – witajcie w Krakowie!
Frères et sœurs, ouvrons nos cœurs pour accueillir la Parole de Dieu et le don de l’Eucharistie. Que le Christ crucifié puis ressuscité, le Sauveur du monde soit présent au milieu de nous. Remettons-lui toutes nos pensées et tous nos sentiments, nos espoirs et nos attentes en lien avec cette fête de la foi de notre jeune Église, qui commence aujourd’hui.
Puisque nous sommes conscients de nos infidélités et de nos péchés, demandons pardon au Seigneur, afin que d’un cœur pur, nous puissions célébrer ensemble la sainte Eucharistie.
Homélie
Chers Amis !
En écoutant le dialogue du Christ ressuscité avec Simon Pierre au bord du lac de Tibériade, lorsque l’apôtre répond à la question du Christ, répétée trois fois « m’aimes-tu ? », ayons en tête les éléments de la vie du pécheur de Galilée, qui précédèrent cette discussion décisive. Nous savons qu’un beau jour il quitta tout – sa famille, sa barque et ses filets – pour suivre l’incroyable Maître de Nazareth. Il devint son disciple et apprit à porter Son regard, sur toute chose qui concerne Dieu et l’homme. Il éprouva sa passion et sa mort, ainsi que des moments de faiblesse et de trahison personnelle. Il fut surpris et heureux en voyant le Christ ressuscité apparaître à ses disciples avant de monter au ciel.
Nous devons aussi garder en tête la suite de cet échange, de cet examen d’amour, qui est décrit dans l’Évangile d’aujourd’hui. Simon-Pierre, fortifié par l’Esprit Saint est devenu un témoin courageux du Christ. Il est devenu le rocher de l’Église naissante. Il dû en payer le prix, en donnant sa vie dans la capitale romaine, crucifié comme son Maître. Le sang versé de Pierre a permis de semer la foi et de faire grandir l’Église, répandue sur toute la terre.
Le Christ nous parle aujourd’hui à Cracovie, au bord de la Vistule qui traverse la Pologne, des montagnes jusqu’à la mer. L’expérience vécue par Pierre peut devenir la nôtre et nous faire réfléchir.
Posons-nous donc 3 questions et cherchons-en les réponses. Pensons d’abord : d’où venons-nous ? Puis, où en sommes-nous, en ce moment de notre vie ? Enfin, où allons-nous et qu’allons-nous emporter avec nous après ces JMJ ?
D’où venons-nous ? Nous venons de « toutes les nations sous le ciel » (Act. ap. 2, 5), comme ceux qui se sont rassemblés le jour de la Pentecôte à Jérusalem. Nous sommes cependant bien plus nombreux qu’il y a deux mille ans, car nous avons derrière nous deux millénaires de transmission de l’Évangile aux quatre coins du monde. Nous apportons avec nous la richesse de nos cultures, de nos traditions et de nos langues. Nous apportons avec nous les expériences de nos Églises locales. Nous apportons avec nous les témoignages de foi et de sainteté des générations passées et de la génération actuelle de nos frères et sœurs, des disciples du Seigneur ressuscité.
Nous venons des régions du monde, où les hommes vivent en paix, où les familles sont des communautés d’amour et de vie et où les jeunes peuvent réaliser leurs rêves. Il y a parmi nous des jeunes, qui vivent dans des pays, où les gens souffrent des conflits et des guerres, où les enfants meurent de faim, où les chrétiens sont terriblement persécutés. Il y a des jeunes parmi nous, qui viennent de pays où règne la violence, le terrorisme aveugle, où le gouvernement abuse de son pouvoir sur l’homme et le peuple, animé par une folle idéologie.
Nous venons avec nos propres expériences de l’Évangile vécue au quotidien dans ce monde difficile. Nous venons avec nos peurs et nos déceptions, mais aussi nos nostalgies et nos espoirs, nos désirs de vivre dans un monde plus humain, plus fraternel et solidaire. Nous nous rendons compte de nos faiblesses, mais nous croyons, que « l’on peut tout en celui qui nous donne la force » (Phil. 4, 13). Nous pouvons faire face aux défis du monde actuel, où l’homme doit choisir entre la foi et l’incroyance, entre le Bien et le Mal, entre l’amour et sa négation.
Où sommes-nous aujourd’hui, à quel endroit, à quel moment de notre vie ? Nous sommes venus de près et de loin. Bon nombre d’entre nous ont parcouru des milliers de kilomètres et ont investi beaucoup dans ce voyage pour pouvoir être ici aujourd’hui. Nous sommes à Cracovie, ancienne capitale de Pologne, où la lumière de la foi est arrivée il y a mille cinquante ans. L’histoire de la Pologne n’était pas facile, mais nous avons toujours essayé de rester fidèles à Dieu et à l’Évangile.
Nous sommes ici, car Jésus nous y a réunis. Il est la lumière du monde. Celui qui Le suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. À qui d’autre irions-nous ? Il n’y a que Jésus Christ qui est capable de satisfaire les désirs les plus profonds du cœur humain. C’est lui qui nous a guidés jusqu’ici. Il est présent parmi nous. Il nous accompagne comme ses disciples qui marchaient vers Emmaüs. Remettons-lui toutes nos affaires, nos peurs et nos espoirs. Il nous questionnera sur notre amour pour Lui, comme il a questionné Simon Pierre. Ne fuyons pas devant la réponse à cette question.
En rencontrant Jésus, nous découvrons que nous formons une grande communauté, l’Église, qui dépasse les frontières humaines et qui divisent les hommes construites par l’homme divisant les hommes. Nous sommes tous des enfants de Dieu rachetés par le sang de Son Fils Jésus Christ. Vivre l’universalité de l’Église est une expérience incroyable des Journées Mondiales de la Jeunesse. C’est de nous, de notre foi et de notre sainteté que dépend l’image de l’Église. C’est notre rôle d’apporter l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ, ou ne le connaissent pas encore assez.
Demain nous accueillerons le successeur de St Pierre, le pape François. Après demain nous lui souhaiterons la bienvenue sur ce même lieu. Les jours suivants nous pourrons l’écouter et prier avec lui. La présence du Pape aux Journées Mondiales de la Jeunesse est une très belle caractéristique de cette fête de la foi.
Enfin troisième et dernière question : où allons-nous et qu’allons-nous emporter avec nous ? Notre rencontre va durer seulement quelques jours, durant lesquels nous vivrons une expérience spirituelle très intense, qui ne va pas sans peine. Puis nous rentrerons dans nos foyers, auprès de nos proches, dans nos écoles, universités et lieux de travail. Peut-être prendrons-nous des décisions importantes ? Peut-être choisirons-nous un nouveau but dans nos vies ? Peut-être entendrons-nous la voix du Christ qui nous demandera de tout laisser et de le suivre ?
Qu’emporterons-nous ? Mieux vaut ne pas répondre trop vite, mais relevons néanmoins le défi. Partageons ce que nous avons de plus précieux. Partageons notre foi, nos expériences, nos espoirs. Chers jeunes amis, formez vos esprits et vos cœurs. Ecoutez les catéchèses prêchées par les évêques, écoutez attentivement le pape François. Participez de tout votre cœur à la sainte liturgie. Expérimentez l’amour miséricordieux du Seigneur dans le sacrement de la réconciliation. Découvrez aussi les sanctuaires de Cracovie, les richesses de la culture de cette ville, ainsi que l’hospitalité de ses habitants et des villages environnants, où vous trouverez le repos après une rude journée.
Cracovie vit des mystères de la Miséricorde Divine, entres autres grâce à Ste Faustine et à St Jean-Paul II, qui ont sensibilisé l’Église et le monde à cette face de l’amour de Dieu. En rentrant dans vos pays, vos maisons et vos communautés, emportez avec vous l’étincelle de la miséricorde en rappelant à tous, qu’« heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Apportez aux autres la flamme de votre foi et allumez de nouvelles flammes, afin que les cœurs des hommes battent en rythme avec le cœur du Christ, qui est un « foyer ardent de l’amour ». Que la flamme de l’amour embrase notre monde, afin qu’il n’y ait plus d’égoïsme, de violence et d’injustice, que notre monde soit affermi par la civilisation de la bonté, de la réconciliation, de l’amour et de la paix.
Le prophète Isaïe nous parle aujourd’hui « qu’ils sont beaux les pas du messager qui porte la bonne nouvelle » (Isaïe 52, 7). Apportez au monde la Bonne Nouvelle. Donnez le témoignage que ça vaut la peine de lui remettre notre destin. Ouvrez grand au Christ les portes de vos cœurs. Annoncez avec conviction, comme l’Apôtre Paul, que « ni la mort ni la vie, […] ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rom. 8, 38-39).
Amen.