Vous êtes venus nombreux en la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde pour honorer le Cardinal Jean-Claude Turcotte et prier pour lui. Vous êtes également nombreux à participer à cette célébration par la télédiffusion. Notre frère Jean-Claude a conclu son pèlerinage terrestre la semaine dernière alors qu’il était emporté par une longue maladie. Au terme d’une vie marquée par le service, il est parti dans la discrétion, entouré de sa famille, à la rencontre de Jésus ressuscité. Il nous rassemble aujourd’hui alors que nous sommes dans la peine et appelés à l’espérance.
Notre existence en ce monde n’est pas une vie pour la mort, elle est une vie voulue par un amour infini pour nous enrichir en cette vie et nous combler de bonheur pour l’éternité.
Cette vision prend sa source en Jésus Christ qui est venu dans le monde pour nous révéler la Beauté, la Vérité, la Bonté et l’Unité divine.
Voyant le Christ ressuscité qui se manifeste à eux, les apôtres l’adorent et reconnaissent qu’Il est vraiment le Messie, le Fils de Dieu. Après avoir été lents à croire ils sont envahis par la joie que leur cœur contemple. Le Bon Pasteur s’adresse à eux avec la puissance de son Amour, « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre », et Il les envoie en mission pour annoncer la Bonne Nouvelle du Salut.
Cette mission des apôtres est centrée sur Jésus car, avant que le Christ ne remonte vers son Père après sa résurrection, il leur confia la mission de proclamer à toute l’humanité « ce qu’ils avaient entendu, ce qu’ils avaient vu de leurs yeux, ce qu’ils avaient contemplé et touché de leurs mains concernant le Verbe de Vie (cf. 1Jn 1,1). L’Église, les apôtres et leurs successeurs les évêques, reçoivent la mission d’annoncer Jésus Christ en partant de Jésus Christ et en s’appuyant sur Jésus Christ, Lui qui a promis sa présence : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».
À la suite des apôtres, le cardinal Turcotte s’était enraciné dans le Christ et en avait fait sa devise épiscopale « Servir le Seigneur dans la joie », dans la joie de la résurrection. À toutes les étapes de sa vie, il s’est montré le serviteur du Seigneur qui fait connaître Jésus et les valeurs de l’Évangile. Ces derniers jours, à l’occasion de son décès, de nombreux reportages, articles et témoignages ont mis en relief ses qualités de bon communicateur, d’homme près du peuple, de celui qui ne s’est jamais coupé de ses racines familiales, sociales et spirituelles. On a dit que dans sa simplicité, il avait le don d’entrer facilement en dialogue avec les gens de tous les horizons. Il voulait servir toutes les personnes par la communication de la Bonté de Dieu.
Tout cela prenait sa source dans son eucharistie quotidienne. Par la fenêtre de sa chapelle privée il voyait les personnes défiler sur le trottoir et il priait pour tous ceux et celles qui se rendaient au travail. C’était un homme eucharistique qui, avec son cœur de prêtre, présentait toute personne à la Miséricorde de Dieu qui nous poursuit. Homme de prière, c’est ainsi qu’il a rendu son ministère fécond, parce qu’il n’a pas cessé d’être relié à la source intarissable qu’est le Seigneur Jésus. Son ministère d’évêque et sa sagesse pour gouverner le Peuple de Dieu provenait de sa communion intime avec le Seigneur. Jusqu’à la fin le cardinal Turcotte a voulu célébrer l’Eucharistie, présence du Christ vivant.
S’approcher de Jésus Christ c’est s’approcher du mystère de Dieu, mais c’est aussi s’approcher de l’être humain, de sa propre humanité et de l’humanité de l’autre, quel qu’il soit. Il s’intéressait à tout ce qui fait partie d’une vie humaine, avec ses joies et ses peines. Dans le chantier immense de la justice et de la solidarité il a voulu apporter bien humblement sa contribution. Tout en étant conscient de ses limites et de celles de l’Église, il était soucieux que l’Église se donne toujours les mains et les pieds pour se faire proche des pauvres et de toute pauvreté.
Au moment de quitter ce monde, son humanité s’est exprimée par ses remerciements à tous les intervenants en soin de santé : les bénévoles, préposés, infirmiers et infirmières, médecins, religieuses. Il tenait à leur témoigner sa reconnaissance pour tous leurs services et leur dévouement.
L’heure est venue maintenant pour le Cardinal Turcotte de rencontrer le Bon Pasteur qu’Il a voulu suivre et imiter. Aujourd’hui nous le présentons à la miséricorde divine et nous prions pour lui. Nous remercions le Seigneur de nous avoir donné un serviteur qui a servi dans la joie, qui a œuvré pour que l’Église soit au service dans la société, et qui nous as si souvent rassemblé dans cette Cathédrale autour de l’Eucharistie.
Jésus Christ, crucifié et ressuscité, nous croyons que tu es « le Seigneur » et que tu es au milieu de nous. Nous te rendons grâce pour ta proximité et pour le don de ta Parole. Guide-nous à travers ce moment difficile, alors que nous perdons un homme de prière et de service qui a touché plusieurs personnes.
C’est un moment où notre parole humaine est bien pauvre pour exprimer le mystère de ton appel que tu adresses à chacun et chacune d’entre nous.
Nous te demandons de parler à notre cœur, de te manifester par la présence de ton Esprit Consolateur. Nous te demandons de bénir nos paroles afin qu’à travers elles nous puissions être des instruments de ta Paix et de ton réconfort.
Toi qui vis avec le Père et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen