Journaux, radio, télévision et internet. Tous les jours. Ce qui ressemble à une croisade journalistique fait ressortir des faits troublants, des agissements qui aujourd’hui soulèvent de très nombreuses questions.
Mais voilà : est-ce que le catholique moyen se préoccupe vraiment de toutes ces histoires, la plupart remontant à une vingtaine d’années et plus? Pas sûr. Plusieurs gens nous ont fait part de leur ras-le-bol au cours de la semaine. Pourtant, on en remet. Les dix minutes d’entrevue avec Mgr Gaillot sur RDI vendredi soir étaient en elles mêmes un sommet : pénible!
De deux choses l’une : une seule victime d’abus sexuels, c’est une victime de trop. Benoît XVI le mentionne dans sa lettre aux catholiques irlandais. Tous s’entendent pour condamner les pédophiles, des prêtres dans le cas qui nous concerne, et soutenir les victimes.
Le problème beaucoup plus vaste que fait ressortir cette crise est l’apparence de camouflage, le fait que des évêques auraient mis le couvercle sur une marmite bouillante. Certaines de ces histoires sont bien réelles. Elles sont préoccupantes. Il faut s’attendre à d’autres récits, d’autres révélations dans les semaines et les mois à venir. Le couvercle a sauté.
Tôt ou tard, notre Église devra réfléchir au sujet de la délicate question de la ‘redevabilité’ de l’ordinaire d’un diocèse, l’évêque. (Le mot anglais ‘accountability’ le dit bien. Le mot ‘responsable’ n’a pas la même portée).
Les évêques canadiens ont publié un document en 1992 « De la souffrance à l’espérance » recommandant que les évêques répondent honnêtement et ouvertement aux allégations de violences sexuelles, proposent de l’aide aux victimes et respectent la juridiction des autorités civiles. Il s’agit d’une recommandation, peaufinée ensuite au milieu des années 2000. Il revenait à chaque évêque de retourner dans son diocèse et d’implanter une procédure claire pour répondre à des allégations d’abus sexuels, sur des mineurs ou des adultes. Bien que plusieurs diocèses aient mis en place un protocole solide, il existe bel et bien des disparités. Faut-il, par exemple, mettre en place des protocoles à l’échelle de la conférence épiscopale et auraient force de loi, faisant fi de l’autorité de l’évêque dans son diocèse? Mgr Paul-André Durocher en entrevue à Perspectives hebdo, nous disait que oui.
Quant à la lettre de Mgr Joseph Windle au sujet de Bernard Prince, publiée par le Globe and Mail, elle nous révèle une chose : il est difficile de juger avec nos critères et nos schémas d’aujourd’hui des attitudes ou des manières de faire d’une autre époque.
« Rester ou partir ? » (Should I stay or should I go?), tel est le titre d’un article du père Timothy Radcliffe publié dans le journal The Tablet paru le 9 avril. La raison ultime pour rester me convainc amplement : notre Église est le signe de l’unité voulue et réalisée par Dieu en Jésus-Christ. Elle est aussi imparfaite que les membres qui la composent, mais elle est aussi solide que Celui qui s’en est porté garant.