Par Sébastien Lacroix
S’il est un québécois qui n’a pas encore entendu parler de la lettre ouverte de l’archevêque de Québec, qu’il se lève! Le cardinal Ouellet a beau être en retraite en Espagne avant de se rendre à Rome pour le consistoire ordinaire de samedi, il se trouve sur toutes les tribunes et suscite moult réactions, même la Ministre des Finances du Québec s’est permis d’ajouter son grain de sel.
D’abord la lettre : elle ne s’intitule pas ‘mea culpa du cardinal Ouellet’ mais plutôt ‘lettre ouverte aux catholiques du Québec, À la recherche de la fierté québécoise.’ Il s’y trouve un mea culpa, une demande de pardon et ceux qui doutent de la sincérité de ces propos ne devrait peut-être pas jeter la pierre si vite. Le cardinal demande aux catholiques de l’aider : « J’invite les pasteurs et les fidèles à chercher avec moi la manière de reconnaître nos erreurs et nos déficiences, afin d’aider notre société à se réconcilier avec son passé chrétien. » Le dialogue semble ainsi ouvert et l’idée d’un nouveau départ pour retrouver « les sources vives de l’âme et de l’identité religieuse de la société québécoise » est lancée. Repentance et réconciliation : les catholiques du Québec en sont certainement capables. Que cela soit fait dans le cadre des préparations au Congrès ou non importe peu : nous avons besoin de réconciliation !
Chose certaine, ceux et celles qui souhaitent que le cardinal Ouellet, et avec lui plusieurs catholiques, se taisent vont attendrent longtemps. Les médias se sont littéralement rués sur la lettre de l’archevêque pour ensuite récolter des réactions à tout vent. En fait, ce 21 novembre aura été une très bonne journée pour les médias. Comment toutefois expliquer cet intérêt ? Malgré une « laïcité intégriste », il existerait toujours au Québec un respect pour les individus qui se tiennent debout.
Les autres évêques du Québec se sont rapidement dissociés des propos de leur confrère. Affirmant qu’il s’agit d’une initiative personnelle de l’archevêque de Québec, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec ne peut en dire plus et a du mal à cacher un certain malaise. Ce malaise est réel et les évêques du Québec n’auront d’autre choix que d’en parler. Là aussi, le dialogue devra être ouvert.
Il y a toujours en Église ce débat pour trouver les meilleurs moyens pour annoncer l’évangile. Benoît XVI a d’ailleurs convoqué un synode des évêques l’an prochain pour discuter de cette question (La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église). Les évêques du Québec étaient pendant longtemps en faveur d’une approche « d’enfouissement », c’est-à-dire qu’il faut être « proche du monde » pour mieux évangéliser. L’Église a su s’adapter au monde pour se faire entendre. Les priorités d’il y a trente ans ne sont pas nécessairement celles d’aujourd’hui. C’est en faisant une relecture constante de l’histoire et de son action dans le monde que l’Église fait connaître son message. Pour y parvenir, l’Esprit Saint continue d’interpeller des hommes et des femmes qui ont l’audace d’annoncer la Parole et faire connaître l’enseignement du Christ.
Cela dit, il n’est pas anodin que cette lettre ouverte soit publiée en la fête de la Présentation de Marie au Temple alors que l’évangile d’aujourd’hui (au Canada) est tirée de Matthieu, chapitre 12 :
Comme Jésus parlait encore à la foule, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te parler. » Jésus répondit à cet homme : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » Puis, tendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère. »