Par Sébastien Lacroix
Le péché est sur toutes les lèvres dans l’Église cette semaine. D’abord dimanche, le responsable de la Pénitencerie apostolique parlait de « nouveaux péchés » reconnus par l’Église. La pollution, les manipulations génétiques et l’inaction face à la pauvreté se trouvent sur cette nouvelle liste. La notion de péché communautaire n’est pas nouvelle, et nous sommes de plus en plus sensibles aux répercussions de nos fautes communes et des dommages énormes causés à la nature et à ses habitants, i.e. nos frères et soeurs. Du même coup, nous brisons notre relation avec Dieu.
À cet effet, la Conférence des évêques du Canada, à travers sa Commission des affaires sociales, propose une réflexion aux catholiques du pays sur notre rapport à l’environnement. Pas parce que c’est à la mode et très en vogue, mais parce qu’il existe un lien direct entre foi et environnement. C’est ainsi que les évêques présentent d’abord la vision biblique de la création et de l’être humain en puisant dans le second récit de la création (Genèse 2) où Dieu place l’être humain dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder.
Cultiver, c’est développer et favoriser la croissance; garder, c’est assurer la pérennité des ressources. L’idée de « développement durable » est donc prescrite aux toutes premières pages de la Genèse. La terre est confiée à l’être humain comme un jardin dont il n’est pas propriétaire mais gérant.
« Le verdict est simple : nous n’avons pas été de bons gérants du « domaine » qui nous a été confié. »
Parmi les quatre signataires du document se trouve Mgr Bertrand Blanchet, qui prendra bientôt sa retraite de la chaire métropolitaine de Rimouski. Mgr Blanchet est à la fois homme d’Église et homme de la nature. Biologiste de formation (doctorat en foresterie), il est apparent que son influence transpire la réflexion proposée. En effet, non seulement les évêques appuient-ils leur réflexion sur des fondements bibliques et théologiques (Vatican II et Jean-Paul II), mais aussi des données scientifiques qui nous forcent à admettre l’évidence. L’harmonie a été brisée et il faut la restaurer.
Jean-Paul II nous l’a répété, la crise n’est pas seulement écologique, elle est morale et spirituelle. Or, une crise morale s’affronte par une conversion, c’est-à-dire un changement du regard, des attitudes et des comportements. Essentiellement, cette conversion aura pour objet les ruptures que nous avons créées avec la nature, avec notre prochain et avec Dieu. Elle visera à rétablir les liens avec eux, c’est-à-dire à susciter une réconciliation.
Les évêques nous invitent à retrouver le sens de la limite et même à vivre une certaine simplicité volontaire. Il ne s’agit de devenir des disciples de Serge Mongeau, mais bien de Jésus Christ qui nous a appris à vivre le dépouillement afin d’être plus libre… Les évêques du Canada n’ont pas eu peur d’employer un langage cru pour souligner l’urgence à laquelle nous faisons face. Alors que « nous avons préféré assurer notre confort et nos modes de vie d’enfants gâtés », les évêques abordent l’urgence comme une opportunité « de nous relancer sur les chemins de l’Évangile. »
Le document ne propose toutefois aucune solution tangible. On nous invite à passer de la parole aux actes sans nous dire comment procéder, ni quel geste poser. Chacun trouvera sa voie. Espérons que cet appel à la conversion venant de nos évêques saura persuader les catholiques de rétablir les liens brisés avec la nature, avec nos frères et soeurs et avec Dieu. En voyant la crise écologique sous cet angle, qui refusera de s’engager?
(Le texte complet est disponible sur le site de la Conférence des évêques catholiques du Canada)