Face aux abus sexuels commis par des membres du clergé, l’Église de France demande solennellement pardon aux victimes. Réunis à Lourdes pour leur Assemblée plénière, les évêques ont entamé leur rencontre ce lundi avec une journée de prière et de pénitence marquée notamment par une messe dite pour le « pardon des péchés ».
« Il nous faut oser regarder en face les scandales du péché qui atteignent l’Église toute entière » a lancé Mgr Luc Crepy en introduction de son homélie. L’évêque du Puy-en-Velay, responsable de la Cellule permanente de lutte contre la pédophilie à la Conférence des évêques de France, s’est exprimé avec une grande fermeté en se faisant l’écho des paroles du Christ dans l’évangile du jour (selon saint Luc) : « malheureux celui par qui le scandale arrive ! Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà ».
Commentant ce passage de l’évangile dont les paroles « nous touchent par leur actualité et leur vérité », le prélat appelle à « sortir du trop long silence coupable de l’Église et de la société et entendre les souffrances des victimes: les actes pédophiles, ces crimes si graves, brisent l’innocence et l’intégrité d’enfants et de jeunes ».
Parlant haut et fort, comme Jésus lorsqu’il s’agit des plus fragiles, des plus faibles et des plus petits, Mgr Crepy enfonce le clou : « Il n’y a pas d’excuses ou de demi-mesures pour les actes commis sur un seul de ces petits », car « l’Évangile ne transige pas avec ce qui porte atteinte et méprise la dignité de tout homme, et plus encore quand il s’agit des plus faibles ».
Sans ambages, l’évêque du Puy-en-Velay poursuit : « ce mal, nous avons pu en être complices, nous évêques, par notre silence, notre passivité ou notre difficulté à entendre et à comprendre la souffrance […] chez ceux qui avaient été blessés dans leur chair, il y a longtemps. Nous avons voulu sans doute sauvegarder l’image de respectabilité de l’Église, par peur du scandale, en oubliant qu’elle est sainte et composée de pécheurs. En cela, nous avons failli à notre mission en n’étant pas meilleurs que le reste de la société qui gardait aussi le silence ».
Après avoir reconnu les fautes de l’Église et la responsabilité de ses clercs, après la repentance, Mgr Crepy évoque ensuite le pardon dont Jésus parle dans l’évangile de Luc (Chapitre 17,3): « Si ton frère a commis un péché, fais-lui de vifs reproches et, s’il se repent, pardonne-lui ».
Mais « pardonner n’est pas oublier » souligne le prélat. « Pardonner demande, d’abord, ce temps nécessaire où peu à peu se fait la vérité, où peu à peu des mots sont possibles pour dire l’indicible douleur, où la justice et le droit sont convoqués et désignent clairement la faute et le coupable ».
« Pardonner, poursuit encore l’évêque, est en premier lieu l’affaire des victimes, mais cela n’est possible que si les auteurs sortent de tout déni, prennent véritablement conscience du mal commis et manifestent un repentir qui ne soit pas seulement des mots, mais une profonde repentance et une volonté ferme d’un travail profond sur eux-mêmes ».
Dans le sillage du pape François voilà donc ce à quoi s’engagent aujourd’hui les évêques de France qui promettent de prendre tous les moyens pour que « la Maison Église devienne un lieu sûr ».