Le 14 mai dernier, des milliers de Canadiens ont convergé vers la colline parlementaire à Ottawa pour défendre la vie. Pour plusieurs d’entre eux, la journée avait débuté par une messe à la cathédrale Notre-Dame, présidée par l’archevêque du diocèse, Mgr Terrence Prendergast, sj. Il était accompagné d’une douzaine de ses confrères qui s’étaient donné le mot pour être présents, surtout que la marche de cette année soulignait le 40e anniversaire de la loi omnibus qui avait placé l’enfant à naître dans un vide juridique et décriminalisé l’avortement. Par leur présence remarquée, les évêques ont signifié qu’ils étaient de retour en force sur la place publique pour s’engager dans les grands débats de l’heure, ceux qui font les manchettes et ceux dont on parle moins. Le respect de la vie et la question de l’avortement font partie de cette dernière catégorie.
La participation de l’épiscopat canadien à la Marche pour la vie 2009 ne cachait pas moins la faible présence francophone. Le diocèse de Québec avait nolisé deux autobus pour l’occasion et assurait du coup la présence du plus large contingent francophone à avoir participé à ce ralliement annuel. Malgré cela, la disproportion francophones/anglophones était saisissante. J’ai bien rencontré quelques gens de Montréal ici, une dame de Gatineau là, mais la petite délégation québécoise donnait des munitions aux participants du reste du Canada qui croient dur comme fer que le Québec est en perdition et est gangréné par une culture de la mort. Pourtant, il existe au Québec plusieurs mouvements qui promeuvent une culture de la vie en venant en aide aux jeunes mères et aux familles. En donnant les bons outils, en accueillant et en informant ces personnes sur les réalités de l’avortement et les options possibles, on peut sauver bien des vies, bébés ET adultes. Quant aux raisons qui expliqueraient l’absence de Québécois à la Marche nationale pour la vie, il faut peut-être regarder ailleurs.
Le mouvement national qui organise ce ralliement annuel, Campaign Life Coalition (CLC), est un organisme catholique unilingue, ce qui, il va sans dire, donne une teinte particulière à la Marche. Cela nous amène à poser une question. En ce qui a trait aux enjeux de la vie, et de l’organisation de cette marche en particulier, comment a-t-on tenté de rejoindre les non-catholiques, afin qu’eux aussi marchent pour la vie? J’ai pu interviewer un évêque anglican de l’Ouest du Canada. Pour lui, il est essentiel que les anglicans soient avec leurs frères et sœurs catholiques parce que le droit à la vie n’est pas un enjeu exclusivement catholique. Une prière récitée par un ministre protestant n’y change rien. Si la Marche pour la vie doit se répéter dans l’avenir, ce qui semble assuré, la CLC devrait trouver d’autres partenaires qui aideraient à planifier cette marche et qui inviteraient ainsi des gens d’autres églises, confessions et même des non-croyants.
Peu importe notre langue, notre credo ou notre allégeance politique, nous sommes appelés à reconnaître la dignité et la valeur intrinsèque de chaque vie humaine de sa conception jusqu’à sa mort naturelle du fait que nous faisons partie de cette famille humaine. Dépolariser cet enjeu pourrait permettre aux hommes et aux femmes ad extra de la droite religieuse chrétienne de se sentir concernés.
L’émission spéciale «Exode 2009» fera le point sur la Marche nationale pour la vie et relatera les moments forts de cette journée.
Lundi 1er juin 20h
Mardi 2 juin 00h00 et 12h30
Samedi 6 juin 19h30 et 23h30.