A 39 ans, Emmanuel Macron devient le plus jeune président français, et en vertu de sa fonction, comme le veut la tradition, il devient chanoine honoraire de la basilique Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale de l’évêque de Rome, celle du Pape lui-même.
Cette tradition remonte au 17ème siècle, lorsque le roi de France, Henri IV, offre au Saint-Siège l’abbaye bénédictine de Clairac (Lot-et-Garonne). En échange, le roi de France reçoit le titre de chanoine d’honneur de la cathédrale du Pape, dans laquelle est célébrée chaque année une messe pour la prospérité de la France, « Pro felici ac prospero statu Galliae« , le 13 décembre, jour anniversaire d’Henri IV.
L’usage perdure encore aujourd’hui avec les chefs d’État français. Sous la Vème République, Charles de Gaulle, Valery Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, sont venus à Rome prendre possession de leur titre. Lors de son intronisation, Nicolas Sarkozy avait marqué les esprits par un discours engagé dans lequel il rappelait les racines chrétiennes de la France, en soulignant l’importance de la foi. Cette vision d’une « laïcité positive » avait été critiquée par son successeur François Hollande, qui avait quant à lui accepté, « par tradition« , ce titre de chanoine d’honneur, en refusant toutefois la cérémonie d’intronisation.
Du reste, le président socialiste avait attendu 2 ans avant de se rendre pour la première fois au Vatican en janvier 2014, pour une rencontre avec le Pape sur fond de divergences liées au Mariage pour Tous. En 2015, les relations diplomatiques entre les deux états ont été entachées de nouveau, cette fois-ci par l’absence d’ambassadeur de France près le Saint-Siège. En août 2016, la deuxième rencontre entre le Pape et François Hollande était quant à elle plus amicale car le président français venait remercier le Souverain-Pontife pour son soutien après les attentats survenus en France.
Plus récemment, interrogé par des journalistes durant l’entre-deux tours, le Saint-Père avait refusé de se prononcer en faveur de Marine Le Pen ou Emmanuel Macron, car « sincèrement, je ne comprends pas la politique intérieure française« , avait-il expliqué.
Selon un sondage Ifop réalisé pour La Croix, les catholiques ont voté à 62% pour Emmanuel Macron. Si sa victoire est sans appel, elle reste toutefois à relativiser, compte tenu notamment du taux d’abstention historiquement élevé au second tour : un électeur sur quatre a choisi de ne pas voter.
Le nouveau président français devrait se rendre en Sicile à la fin du mois de mai pour le sommet du G7. La question d’une visite à Rome, et donc au Vatican, pourrait alors se poser. L’occasion notamment de voir si Emmanuel Macron, « redevenu agnostique » après avoir demandé le baptême à 12ans, renouvelle ou pas l’invitation faite au Souverain-Pontife de venir France, « fille ainée de l’Église« .