par le père Thomas Rosica, c.s.b.
Dans la lumière de la fête de la Pentecôte, nous pourrions méditer aujourd’hui sur le rôle du Saint Esprit dans notre vie et dans la vie de l’Eglise. Le Saint Esprit rend l’expérience chrétienne vraiment catholique et universelle, ouverte à toute expérience humaine, pleine de l’humour de Dieu.
Tout le Nouveau Testament peut se comprendre précisément comme l’émergence de la notion de catholique et d’universel dans la vie chrétienne. La chrétienté, si elle n’avait pas évolué du particulier et du petit, aurait été seulement une petite modification de l’expérience juive, un sous-ensembe d’une piété juive qui misait dans la restauration du royaume originel d’Israël et de Jérusalem.
Les deux premières générations de chrétiens ont découvert que la chrétienté ne peut pas être juste cela. Parce qu’elles avaient reçu le Saint Esprit, principe universel, elles ont ouvert leurs yeux à la portée universelle de la vérité chrétienne et elles l’ont fait par la rencontre des non Juifs qui ont reçu le Saint Esprit tout comme nous l’avons reçu.
Être catholique, c’est être universel et ouvert au monde, c’est-à-dire non seulement au Canada, en Amérique du Nord, à une seule partie du monde qui nous est familière ou à un secteur de la société, mais c’est être ouvert à toute personne, à tout pays.
Le Saint Esprit est universel: toujours à penser au-delà de nos frontières, les horizons de notre imagination. Nous devenons une Église évangélisatrice remplie de l’Esprit, lorsque nous permettons à l’Esprit de nous combler de sa sainteté, de sa joie et de sa paix.
Sous la mouvance de l’Esprit, la communauté peut oser rêver, espérer de grandes choses, avoir des visions et témoigner en paroles et en actions du pouvoir de l’Esprit, dont les fruits sont visibles dans les oeuvres de justice au milieu du monde.
Quand nous sommes saisis par l’Esprit, que l’Esprit habite en nous, l’Esprit nous rend créatifs et imaginatifs. Cette imagination est la faculté à construire un avenir réaliste mais plus puissant. Un peuple proche de la mort, est un peuple qui a cessé de rêver et d’imaginer.
Nous ne sommes pas les évangélisateurs principaux. C’est le Saint Esprit qui est le plus grand évangélisateur, Il a besoin d’instruments transparents, qui se sont vidés de leur propre programmation et se sont ouverts à l’oeuvre de Dieu. Le Saint Esprit nous fait transcender toutes les impulsions tribales et égocentriques de notre temps comme la recherche de l’épanouissement de chaque personne humaine, pour découvrir la réalité du Christ.
Quel est le plus profond et le plus sûr indice que L’Esprit est présent dans cet entre- temps des premiers fruits, suscitant l’espoir d’une récolte abondante encore à venir? C’est la joie. Si la joie et l’humour sont présents, vous pouvez être assurés que le Saint Esprit a quelque chose à faire avec cette joie profonde et authentique.
Saint Augustin, le plus passionné de musique des Pères de l’Église évoque mémorablement l’expérience de joie en la présence de l’Esprit en ces mots:
« Lorsqu’un peuple doit travailler fort, il commence par des chants dont les paroles expriment sa joie, mais quand la joie déborde, les paroles ne suffisent plus, alors il se laisse aller au pur son des chants.
Quelle est cette jubilation? Quel est ce chant triomphant? C’est la mélodie qui signifie que nos coeurs éclatent avec des sentiments indicibles.
Et à qui, au juste, appartient cette jubilation? Vraiment, c’est à Dieu qui est inexprimable, si les mots ne viennent pas, mais ne se taisent pas, que pouvez-vous faire d’autre, que de laisser la mélodie prendre son essor? C’est le chant de l’Esprit Saint ».