En Arabie Saoudite, Raïf Badawi échappe ce jour à 50 coups de fouet. Pour la deuxième semaine consécutive le jeune homme ne sera pas fouetté, « pour des raisons de santé ». La semaine dernière les plaies des premiers coups n’avaient pas suffisamment cicatrisé, et cette semaine, un avis médical le déclare une fois encore inapte à la flagellation. Aujourd’hui donc il ne s’agit pas d’une grâce, mais d’un répit médical.
Détenu depuis juin 2012 à la prison de Briman, à Djeddah, le blogueur de 31 ans a été condamné en novembre 2014 à 1000 coups de fouets et 10 ans d’emprisonnements pour « insulte à l’islam ». Selon l’ONG Human Rights Watch, il lui est notamment reproché d’avoir critiqué, sur son blogue, plusieurs dignitaires religieux de son pays. Et selon sa femme, le procès portait essentiellement sur ses déclarations de 2010 auprès d’une chaîne de télévision française : « un athée a le droit de dire ce qu’il veut …et personne n’a le droit de lui réclamer des comptes pour ses opinions ».
Pour s’être ainsi exprimé, le jeune blogueur a reçu ses 50 premiers coups de fouet en public, vendredi 9 janvier, après la prière devant une mosquée à Djeddah. Ce rituel devait s’étendre sur 20 semaines, chaque vendredi, à raison de 50 coups de fouet. Un traitement inhumain qui scandalise la communauté internationale.
L’Union européenne appelle les autorités saoudiennes à suspendre de nouveaux châtiments corporels. « Ce type d’acte n’est pas conforme avec les conventions internationales sur les droits de l’Homme, notamment la convention contre la torture qui a été ratifié par l’Arabie Saoudite ».
« Au lieu de continuer à tourmenter Raïf Badawi en éternisant son calvaire avec des examens [médicaux] répétés, les autorités devraient annoncer publiquement la fin de sa flagellation et le libérer immédiatement et sans condition », a déclaré Saïd Boumedouha d’Amnistie internationale.
La femme de Badawi, ainsi que ses trois enfants, sont aujourd’hui réfugiés à Sherbrooke, dans la province du Québec, où se multiplient les rassemblements de soutien à la famille. Ils demandent au gouvernement canadien d’intervenir afin de faire libérer Raïf.
La mort, ce vendredi, du roi Abdallah « va peut-être permettre une certaine clémence pour la situation du jeune blogueur », estime une journaliste depuis la capitale saoudienne.