Il fallait bien revenir! Après une immersion parisienne complète, après avoir vu les parterres du jardin du Luxembourg en fleurs et contemplé les enfants qui font glisser leurs petits bateaux sur l’eau du bassin, le temps était venu de rentrer au bercail. Je sais, la vie parisienne en fait rêver plusieurs. Il y a de quoi. La beauté des lieux, l’art, la culture sont autant d’éléments qui attirent le touriste ou l’amateur d’art. En observant toutefois les gens des vieux pays de l’intérieur, on découvre une certaine lassitude. Il existe un malaise, qui n’est pas né de la crise économique, qui empêche les Français de renouveler sa manière de vivre ensemble et, il faut bien le dire, de faire confiance à la jeunesse, peu importe son origine.
Le catholique découvre une Église inquiète face à la jeunesse et à l’affut de ce que vivent les hommes et les femmes de ce temps. Malgré une séparation officielle entre l’Église et l’État, la Sainte Mère continue certes de faire parler d’elle. Les médias s’étaient déchaînés jusqu’à récemment sur l’Église et son message «déphasé». C’est du moins ce qu’affirmait l’archevêque de Paris dans son homélie lors de la messe chrismale:
Ces derniers mois, la vie de notre Église a été tourmentée, c’est le moins que l’on puisse dire Elle a été tourmentée par des événements, elle a été tourmentée par des échos sur les événements, elle a été tourmentée par les assauts lancés contre elle et spécialement contre notre Pape Benoît XVI. Beaucoup des membres de nos communautés ont été troublés par ces événements, ces échos et ces assauts et le demeurent parfois durablement. Il n’est pas si facile de garder la clarté et l’équilibre de son jugement devant des campagnes d’opinion et les vagues de médiatisation. Je suis d’autant plus reconnaissant à celles et à ceux, particulièrement les prêtres, qui ne se sont pas laissés entraîner par ce tourbillon médiatique et qui ont cherché de véritables informations avant de s’emporter généreusement. Ils ont ainsi évité de faire chorus avec les professionnels de l’auto flagellation qui prétendent sauver l’Église en la déchirant. Et que dire des fins politiques qui crient avec les loups sans prendre la peine de vérifier ce sur quoi ils parlent, mais qui estiment opportun de se placer médiatiquement dans une supposée « pensée correcte ».
Pour l’avoir vu et vécu, il est vrai que les Français ont tendance à s’emporter. On aime débattre, cogiter, spéculer et se faire le juge ou le spécialiste d’une situation, d’un phénomène ou d’un événement. Les médias ont certainement alimentés une polémique qui auraient pu durer moins longtemps, mais dans les cafés et sur les trottoirs, les gens en faisait de l’Église et du Pape leurs sujets de discussion principal. Le cardinal Vingt-Trois allait-il trop loin en blâmant les médias pour une grande partie des maux de l’Église? Il reconnaît, tout comme le Saint-Père, qu’il y a eu des erreurs de communications. Au-delà de ça, ce qui apparaît encore plus flagrant est l’incapacité de nombreux catholiques de comprendre la position ou l’enseignement de l’Église sur un sujet donné. En informant ou en formant les personnes, nous pouvons nous donner des ambassadeurs, des gens capables d’interpréter, de lire, le message de l’Église. Voilà ce qui manque cruellement dans les milieux les plus sécularisés de notre société. Nous n’avons pas besoin de catholiques voulant partir en croisade contre le mal et le monde, nous avons besoin de témoins intelligents du message évangélique et de l’Église qui est la gardienne de ce message. La réponse à la crise actuelle est à la base, parmi le peuple des fidèles.
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Me voici comme mes cousins français à cogiter mais permettez-moi de revenir sur la vitalité de l’Église en France. J’ai eu le plaisir de visiter des communautés chrétiennes dynamiques, de découvrir des mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles qui laissent entrevoir une nouvelle pentecôte pour l’Église. Peut-être suis-je revenu avec une image un peu biaisé de cette Église qui est en France. Il y a, comme ici, des paroisses pauvres, des églises fermées, des fractures et des divisions entre certains groupes. Tout cela n’empêche pas l’Église d’être audacieuse et d’inviter les gens à entendre son message. Ainsi, de nombreuses églises de Paris arboraient une affiche ou une bannière invitant les gens au sacrement du pardon pendant le carême. Depuis le 12 avril, ces bannières ont été remplacées par des « Christ est ressuscité. Alléluia!»: un rappel aux nombreux Français parties en vacances de printemps (les écoles étant fermées pour 2 semaines) que celles-ci sont liées à la plus grande célébration du calendrier et qu’il s’agit bien des vacances de pâques.
Au-delà des affiches et des panneaux publicitaires, les communautés chrétiennes de France semblent avoir compris qu’il ne faut pas simplement ouvrir les portes de l’église de 8 à 5 pour que les gens s’y sentent invités, accueillis. Idem pour les jeunes. Comme ces disciples de la route d’Emmaüs ont accueilli l’étranger à leur table, nous sommes invités à faire preuve d’ouverture, et surtout à faire confiance à ces jeunes, ces étrangers qui cherchent à vivre pour quelque chose ou quelqu’un qui en vaut la peine. Qu’avons-nous à leur proposer ?
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Visité: le Foyer de Charité de Châteauneuf de Galaure. Il s’agit en fait du premier Foyer, fondé par Marthe Robin et le père Finet en 1936. Dans la campagne au sud de Lyon, j’ai pu être témoin de l’accueil et de la fraternité des membres de cette communauté. La ferme Robin se trouve tout près et on accueille toujours les passants et les visiteurs qui veulent voir et prier dans la chambre ou Marthe Robin passa toute sa vie. Celle qui eut les stigmates et fut consultée par les grands de ce monde (dont Charles de Gaulle) sera-t-elle reconnue dans la communion des saints ?
Savouré: salade lyonnaise, boudin aux pommes et gratin dauphinois dans un authentique bouchon. Ce genre de restaurant offre le meilleur de la cuisine traditionnelle lyonnaise. Juste pour cela, il faut se rendre à Lyon.
Salué: la bande de KTO qui m’a chaleureusement accueilli et intégré au sein de son équipe pendant plus d’un mois. Pour l’expérience, les longues discussions et surtout pour l’amitié, je les remercie.
Retrouvé: mon pays que j’aime et dont la nature se prépare a éclaté de mille et une couleurs.