La vague houleuse sur laquelle navigue présentement l’Église n’a pas empêché votre envoyé à Paris de profiter de ce qui ressemblait à la première journée de printemps. Je pense bien que tous les Parisiens, mis à part ceux qui regardaient le match de foot, étaient sortis dehors hier après-midi pour profiter du soleil. Les Parisiens avaient envahi les jardins publics. À les regarder comme ça, on aurait cru qu’ils sortaient d’une hibernation typiquement canadienne. Il a fait un frisquet -10C ici cet hiver. C’était -25C à Toronto au même moment.
Beau dimanche donc. Je me suis trouvé dans le quartier du Jardin des plantes, à la paroisse Saint-Médard, pour la messe dominicale. Je me suis joint à la directrice des programmes de KTO, Philippine de Saint-Pierre, et sa petite famille. D’abord l’église. On remarque qu’elle a été construite par étapes : une rallonge ici, une autre entrée là. Et puis je remarque le toit en latte de bois. Mes hôtes me firent remarquer que la première partie du toit est en pierre. Faute d’argent, les paroissiens ont terminé la construction avec des matériaux moins coûteux. Tout de même, pour une église dont la construction a commencé au XVe siècle, c’est pas mal…
J’ai toujours eu l’impression que les Français savaient faire en matière de liturgie. Je crois ne pas m’être trompé. Mon œil critique, défaut de celui qui a fait un peu de théologie, n’a rien trouvé à redire! Tout se tient et on prend son temps. J’ai arrêté de compter à 50 les jeunes qui participaient à la liturgie des enfants! La sacristie est presque trop petite pour les accueillir tous! Conclusion de mon premier dimanche à Paris : même si les catholiques français critiquent ouvertement l’Église ou certains soubresauts du magistère, ils continuent tout de même de participer à la liturgie dominicale, voire de participer à la vie de leur communauté. J’ose dire que ce n’est pas tout à fait la même chose au Québec. Bon, je fonde mes quelques observations sur une seule paroisse. Je vous ferai savoir d’ici un mois si on peut généraliser…
Après un déjeuner copieux, il fallait continuer de se balader. Sillonnant les rues, je me suis trouvé derrière le Panthéon, devant l’église Saint-Étienne-du-Mont. Et quelle église. Il faut pénétrer à l’intérieur pour se rappeler qu’un tel édifice n’est pas simplement un édifice-musée, mais bien un lieu de culte vivant. J’entrai dans l’église pour y trouver une assemblée de fidèles réunis pour la messe. Un évêque agissait comme président de la célébration. Je réalisai très vite que la liturgie n’était pas en français, mais en anglais. Alors attend une minute, je suis à Paris, cœur de la francophonie et fallait que je découvre une messe en anglais. Arrive le chant d’offertoire, entamé comme une longue plainte, un hymne d’une extraordinaire beauté. Ce n’était pas en anglais, mais en gaélique. C’est à ce moment que je notai quantité de têtes rousses parmi l’assemblée, et des éléments verts un peu partout. Je compris que l’on célébrait celui qui avait apporté l’évangile en Irlande, on célébrait saint Patrick à Paris!
Il y a un dicton qui dit que le 17 mars, nous sommes tous Irlandais. Si le slogan sert surtout à stimuler la vente de pintes, Guinness et autres, l’idée de fond n’est pas bête pour autant. Au cours de la prière universelle, nous avons prié pour les différents peuples et nations d’Europe. Pour la coopération, le dialogue et la paix. J’ai prié pour la même chose au Canada. Non pas que les choses aillent mal, mais il faut continuer de prier et de marcher ensemble. Québécois, Acadiens, Irlandais, Franco-Ontariens, Canadiens, francophones ou anglophones, de souche ou immigrés, nous sommes tous les fils et filles d’un même Père qui nous aime. Demain 17 mars, que nous soyons Irlandais de sang (dont je suis en partie, comme bien des Québécois) ou non, à Belfast, à Paris ou à Toronto, nous serons tous Irlandais! Bonne Saint-Patrick.