On en parle certes au Québec mais ici, en France, les catholiques paraissent dans la tourmente, c’est une histoire après l’autre, vue plutôt comme une gaffe après l’autre. La levée des excommunications des 4 évêques de la FSPX, l’affaire Williamson, l’excommunication de la mère d’une fillette de 9 ans qui a subi l’avortement de jumeaux (celle-ci pourrait d’ailleurs être levée selon la Conférence nationale des évêques du Brésil, ou ne serait pas effective, comme le laisse entendre l’AECQ).
Puis jeudi matin, une lettre, celle d’un Pape blessé qui, dans un geste de collégialité, s’adresse à ses frères évêques. Il reconnaît que la levée des 4 excommunications et ce qui est devenu l’affaire Williamson ont suscité «une discussion d’une véhémence telle qu’on n’en avait plus connue depuis très longtemps. Cet événement, survenu à l’improviste et difficile à situer positivement dans les questions et dans les tâches de l’Église d’aujourd’hui, a laissé perplexes de nombreux évêques.»
Benoît XVI reconnaît que des erreurs ont été commises. D’abord qu’il a été mal informé et que l’usage d’internet comme source d’informations a été négligé. Ensuite, que le geste du Pape n’a pas été expliqué clairement ce qui a causé l’incompréhension, voire l’incrédulité de plusieurs catholiques, dont de nombreux évêques.
Le Saint-Père poursuit :
Pour le préciser encore une fois : tant que les questions concernant la doctrine ne sont pas éclaircies, la Fraternité n’a aucun statut canonique dans l’Église, et ses ministres – même s’ils ont été libérés de la punition ecclésiastique – n’exercent de façon légitime aucun ministère dans l’Église.
Bref, les membres de la FSPX ne font pas partie de l’Église catholique. Benoît XVI se positionne au centre de l’échiquier:
On ne peut geler l’autorité magistérielle de l’Église à l’année 1962 – ceci doit être bien clair pour la Fraternité. Cependant, à certains de ceux qui se proclament comme de grands défenseurs du Concile, il doit aussi être rappelé que Vatican II renferme l’entière histoire doctrinale de l’Église. Celui qui veut obéir au Concile, doit accepter la foi professée au cours des siècles et il ne peut couper les racines dont l’arbre vit.
Ainsi, ceux et celles qui se situent aux extrémités du spectrum de l’Église, gauche et droite pour ne pas les nommer, risquent d’être déçus. Benoît XVI n’est pas cette main de fer que certains attendaient. Il n’est pas là pour amener l’Église à une orthodoxie outrancière. Il n’est pas non plus cette figure emblématique vers laquelle nous nous tournons pour être consolés, embrassés. Benoît XVI, le Pape, est au service de la la Parole, la parole qui est Vérité.
Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible: c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du Successeur de Pierre aujourd’hui. Si donc l’engagement ardu pour la foi, pour l’espérance et pour l’amour dans le monde constitue en ce moment (et, dans des formes diverses, toujours) la vraie priorité pour l’Église, alors les réconciliations petites et grandes en font aussi partie.
C’est un cri du cœur que nous lance le Saint-Père, un appel à l’unité, comme le titrait le journal La Croix de vendredi. Si l’on se fie au pouls français, les évêques et les catholiques en général accueillent positivement la lettre de Benoît XVI.
Reste à voir les conséquences qu’elle aura dans l’avenir car il s’agissait bien d’un geste sans précédent de la part d’un pape. Les cyniques pourraient y voir un ministère pétrin affaibli. Tentons de voir le contraire. Benoît XVI n’est pas à la tête de l’Église pour gagner un concours de popularité. Il est au service de la Parole vivante qui nous rassemble, nous élève et nous pousse à aller de l’avant.