La Semaine québécoise des familles se déroule cette année du 12 au 18 mai, sous le thème Au fil du temps… parent et fier de l’être! En faisant appel à un jeune père de famille et théologien, Rodolfo Felices Luna, professeur associé à la Faculté de théologie, d’éthique et de philosophie, Université de Sherbrooke, la Table provinciale de pastorale familiale en collaboration avec le Comité du laïcat de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec profite de l’occasion pour publier un message plein d’espérance pour les familles du Québec.
« Moi, le Bon Berger, je suis venu pour que les familles aient la vie en abondance. »
Inspiré de Jean 10, 10La vie familiale est source de grandes joies, comme la naissance de l’enfant tant espéré, les premiers mots et les premiers pas d’un tout-petit, la promotion obtenue par un parent à son travail, l’entrée à l’école de la grande sœur, la retraite bien méritée des grands-parents ou le championnat remporté par le frère le plus sportif. La foi chrétienne tient à cœur le bonheur des familles. Ce n’est pas un hasard si Noël est une grande fête familiale. La naissance de l’enfant Jésus et le bonheur qu’il nous apporte suffisent parfois à réunir même les familles éprouvées par une dispute, une séparation, un deuil. Croire en Jésus qui vient au monde au sein d’une famille, c’est croire aux familles, à toutes les familles!
La vie familiale pose aussi des défis à chacun de ses membres. La cohabitation est le premier et non le moindre. Tous sous un même toit, ça cause parfois des flammèches. En famille, nous apprenons à nous épanouir comme individus, mais nous apprenons aussi l’art de la vie commune, avec son lot de frustrations et de compromis nécessaires. À chacun sa brosse à dents, mais les jouets, la voiture et les tâches à la maison doivent être partagées. La famille est notre première école, notre première église, notre premier monde. En famille, les mots «je t’aime» se traduisent dans le quotidien par des milliers de gestes d’écoute, de compassion, d’entraide, de partage et de don. Nous grandissons comme personnes grâce à nos familles, en relevant ensemble des défis avec fierté!
Grandir est exaltant, mais cela requiert des efforts. Le tout-petit qui apprend à marcher se cogne partout. La mignonne qui tente de se faire comprendre est vite frustrée des limites temporaires de son langage. Les parents aussi sont appelés à grandir à coup d’efforts. L’arrivée des enfants bouscule la vie des couples. La reprise de la vie quotidienne après une naissance exige des réaménagements auxquels on n’est pas toujours heureux de consentir. Après l’arrivée de bébé, le grand frère ou la grande sœur doit lui ménager une place. L’entrée à l’école est source de fierté pour les parents, mais elle leur cause aussi bien de nouveaux soucis : la sécurité et le bien-être de leurs jeunes à l’école, les relations avec leurs amis, l’aide aux devoirs, les activités parascolaires… L’école des parents – et des grands-parents – c’est la famille ! Le métier s’apprend à même la vie familiale, une vie à laquelle on n’est jamais «préparé» une fois pour toutes, car la vie, ça change de jour en jour, de saison en saison, d’un âge à l’autre. Ensemble, nous franchissons des passages pleins de vie, au fil du temps…
La vie réserve aussi des durs coups aux familles. Toutes en ont, un jour ou l’autre de leur existence. Cela peut être un problème de fertilité, un déménagement forcé, une perte d’emploi, une séparation, une maladie grave, un accident, un décès… Et tous les efforts des parents et des enfants pour s’adapter à la vie commune se trouvent comme anéantis presque par ces malheureux imprévus. Seul l’amour que les membres d’une famille ont les uns pour les autres peut les aider à surmonter ces difficultés et à voir jaillir la lumière au bout du tunnel. L’amour de famille, voilà ce qui permet de se relever et de marcher à nouveau vers le bonheur. Ensemble, on est plus fort pour garder l’espérance!
En Église, la grande famille de Jésus, nous croyons que Dieu nous a destinés au bonheur. Nous croyons que notre grand frère Jésus nous a montré par sa vie le chemin qui mène au véritable bonheur, durable, fort, permanent. Ce bonheur ne s’obtient pas en fuyant les épreuves de la vie, ni en les niant, ou en les contournant. Ce bonheur, nous pouvons l’atteindre en faisant face aux écueils et aux défis que la vie nous réserve, avec fierté, en transformant ces écueils et ces défis en autant de «passages» vers une vie plus abondante. La nuit où les Hébreux traversèrent la mer des Roseaux, ce fut un «passage» éprouvant de l’esclavage en Égypte vers la liberté en Terre promise. Le jour où Jésus mourut sur une croix, ce fut un «passage» difficile pour les disciples, du désespoir à l’espérance. Ces deux passages sont la Pâque juive et la Pâque chrétienne, respectivement. Notre foi nous appelle à vivre les culs-de-sac de nos existences comme autant de tremplins vers une vie nouvelle. Pour cela, il faut relever la tête, regarder droit devant et faire confiance au Dieu de la vie. Ne nous laissons pas emporter par le découragement ! Le Dieu de la vie, c’est le Dieu des familles !
Ce Dieu de la vie nous fait confiance à nous, ses enfants. Il a remis le monde entre les mains des familles, pour que le monde connaisse des lendemains heureux. Même à travers les maux inévitables, Dieu nous invite à construire un monde meilleur, en faisant de ces maux des lieux de rencontre, de pardon, d’espérance, comme la croix de Jésus. Si Dieu croit aux familles, pourquoi douter de nos rêves ?