«Le printemps, il est disparu.»

sacre-coeur-vue-de-l-arriere1C’est ce que disait un papa à son fils en le conduisant à l’école un matin cette semaine. Il faisait froid, il ventait, il pleuvait. Je comprends le petit garçon qui se demandait où le soleil de la semaine précédente s’était caché : je me posais la même question.

Chaque matin, je descends la butte de Montmartre pour me rendre au métro. Si le versant sud de la butte est plutôt touristique, de l’autre côté, derrière l’imposante basilique du Sacré-Cœur, se cache un véritable quartier. Dans le dédale des rues habitent des milliers de gens, des familles, des couples, beaucoup de gens seuls aussi.

En descendant la butte, je passe devant cette école de quartier construite au bout d’une petite rue, en bas de l’un des nombreux escaliers. Datant d’avant la seconde guerre, cette école était autrefois réservée aux garçons. Ce matin-là, je m’émerveillai devant les dizaines de parents qui venaient conduire leurs enfants à pied à l’école.
– Bonne journée, ma poule.
– Je t’aime ,maman.
J’ai noté que les papas étaient nombreux et que la plupart de ces gens se saluaient :
– Bonjour.
– À qui tu as dit bonjour maman?
– C’est le papa d’un garçon de ton école, chérie.
Durant mon trajet en métro, j’ai rêvé à ma vie de quartier quand j’étais enfant et adolescent. Je réalise à quel point ce quartier, les gens qui le composaient, les voisins, les marchands, faisaient partie de notre vie. Il y avait Henri à la boulangerie qui me donnait toujours un beigne au sucre lorsque j’allais chercher du pain, Ginette la brigadière qui a parfois risqué sa vie pour que nous traversions la rue en sécurité (sans blague), monsieur Rivard et ses chiens avec lesquels je jouais, le conseiller municipal que j’admirais beaucoup. Et il y avait Jacques, notre curé.

Le point commun de presque tout ce beau monde était la paroisse. Même ceux qui ne venaient pas à la messe participaient à l’une ou l’autre des activités organisées par la communauté. Le clocher était le point de rencontre…

Je me garde bien de tomber dans la nostalgie d’une époque révolue. Bien des quartiers au Québec n’ont plus de clocher. Il faut prendre la voiture pour aller à l’église, comme on fait pour aller au Loblaws ou chez Costco. C’est normal, personne ne s’en formalise, mais peu de gens se demandent pourquoi il en est ainsi.

La pastorale de proximité avait cela de bien qu’elle faisait sentir aux gens que l’Église, avec ses imperfections, était proche d’eux, vivait avec eux. Cette manière de vivre est forcément plus difficile aujourd’hui et ce pour plusieurs raisons: le train de vie des familles, la vie familiale éclatée qui ne permet pas l’enracinement des enfants dans une communauté, le manque de vocations… et le manque d’intérêt. Comment manifester de Celui qui a pris notre humanité, comment être témoin de l’Incarnation, comment être près de la réalité des hommes et des femmes de ce temps disaient les pères du Concile…?

Ce sont, il me semble, des questions toujours légitimes. Nous continuerons à nous les poser et à tenter d’y répondre, toujours et encore, en discernant les signes de l’Esprit qui nous parle.

Mais pour l’instant, il me reste quelques jours pour déambuler dans les quartiers de Paris et le soleil se pointe, enfin. Bonne fin de semaine!

***

Rencontré : le père Pierre-Marie Delphieux, fondateur et prieur général des Fraternités monastiques de Jérusalem, de passage à KTO pour enregistrer des capsules sur saint Paul. Si Paul est le théologien de la joie, le père Delphieux marche certainement dans ses pas.

Dévoré : 38 ans, célibataire et curé de campagne, un récit de Pietro de Paoli. L’auteur de Vatican 2035 nous offre le journal d’un prêtre d’un petit diocèse de France dont le témoignage à de quoi faire réfléchir un peu. Je l’offrirai à un ami, curé de campagne, à mon retour.

Visité : le nouveau cloître des Dominicains rue du Faubourg Saint-Honoré, à l’occasion des jeudis du couvent, des soirées- conférences sur des sujets divers. Les frères prêcheurs sont à cette adresse depuis longtemps, mais leur salle Albert Le-Grand et le cloître refaits à neuf sont à la fois simples et beaux… On y sent, on y voit la touche dominicaine, mais dans des proportions réduites. De quoi inspirer les frères de Montréal ou Ottawa qui devront un jour ou l’autre laisser leur énorme couvent difficile à chauffer. 

Savouré : du yogourt à la rhubarbe! Non mais, comment ce fait-il que personne chez nous n’ait pensé à cela? Ni trop sucré ni trop amer. J’appelle M. Saputo dès mon retour.

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