Discours de Benoît XVI lors de la célébration oecuménique à l’église Agia Kiriaki Chrysopolitissa:
Chers Frères et Sœurs en Christ,
« Н χάρις και η ειρήνη ας είναι ττλούσια μαζί σας » (1 P 1, 2). Με μεγάλη μου χαρά χαιρετώ εσάς ττου αντιττροσωττεύετε τις διάφορες χριστιανικές κοινότητες τταρούσες στην Κύττρο.[1]
Je remercie Sa Béatitude Chrysostomos II pour ses aimables mots de bienvenue, ainsi que Son Éminence Georgios, Métropolite de Paphos, notre hôte, et tous ceux qui ont contribué à rendre cette rencontre possible. Je suis aussi heureux de saluer cordialement les Chrétiens d’autres confessions présents, ainsi que tous les membres des communautés arménienne et luthérienne et anglicane.
C’est vraiment une grâce extraordinaire pour nous de nous trouver ensemble en prière dans cette église d’Agia Kyriakis Chrysopolitissa. Nous venons d’entendre la lecture des Actes des Apôtres qui nous rappelle que Chypre a été la première étape des voyages missionnaires de l’Apôtre Paul (cf. Ac 12, 1-4). Mis à part par l’Esprit Saint, Paul ainsi que Barnabé, natif de Chypre, et Marc, le futur Évangéliste, arrivèrent les premiers à Salamine (de Chypre), où ils commencèrent à proclamer la Parole de Dieu dans les synagogues. Après avoir traversé l’île, ils arrivèrent à Paphos où tout près de cet endroit, ils prêchèrent en présence du proconsul romain Sergius Paulus. Ainsi, c’est à partir de ce lieu que le message de l’Évangile commença à se répandre à travers l’Empire, et l’Église, encouragée par la prédication des Apôtres, parvint à s’enraciner dans le monde alors connu.
L’Église à Chypre peut justement être fière de ses liens directs avec la prédication de Paul, Barnabé et Marc, et de sa communion dans la foi apostolique, une communion qui l’unit à toutes les Églises qui conservent cette même règle de foi. C’est là la communion, réelle, bien qu’imparfaite, qui nous unit déjà, et qui nous pousse à surmonter nos divisions et à œuvrer pour restaurer l’unité pleine et visible qui est la volonté du Seigneur pour tous ses disciples. C’est pourquoi, suivant les paroles de Paul, « de même que votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il n’y a qu’un seul Corps et un seul Esprit. Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4, 4-5).
La communion ecclésiale dans la foi des Apôtres est à la fois un don et une mission qui nous sont confiés. Dans le passage des Actes que nous venons d’écouter, nous trouvons une image de l’unité de l’Église en prière, et de son ouverture au souffle de l’Esprit de la mission. Comme Paul et Barnabé, par le baptême, chaque Chrétien est mis à part pour porter le témoignage prophétique du Seigneur ressuscité et de l’Évangile de la réconciliation, de la miséricorde et de la paix. Dans ce contexte, l’Assemblé spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient, qui se réunira à Rome, en octobre prochain, réfléchira sur le rôle vital des Chrétiens dans cette région, elle les encouragera dans leur témoignage de l’Évangile, et elle contribuera à promouvoir un dialogue et une coopération plus grandes entre les Chrétiens de la région. De manière significative, les travaux de ce Synode seront enrichis par la présence fraternelle de délégués d’autres Églises et communautés chrétiennes de cette région, en signe de notre engagement commun au service de la Parole de Dieu et de notre ouverture à la puissance de la grâce de la réconciliation.
L’unité de tous les disciples du Christ est un don qui doit être imploré auprès du Père dans l’espérance qu’elle affermira le témoignage de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui. Le Seigneur a prié pour la sainteté et l’unité de ses disciples, précisément pour que le monde puisse croire (cf. Jn 17, 21) Il y a juste cent ans, à la Conférence Missionnaire d’Édimbourg, la conscience claire que les divisions entre Chrétiens étaient un obstacle à la diffusion de l’Évangile, a occasionné la naissance du mouvement œcuménique moderne. Aujourd’hui, nous pouvons être reconnaissants à l’égard du Seigneur, qui à travers son Esprit, nous a amenés, spécialement ces dernières décennies, à redécouvrir le riche héritage apostolique qui est commun à l’Est et à l’Ouest, et, à travers un dialogue patient et sincère, à trouver les chemins pour nous rapprocher les uns des autres, en surmontant les controverses passées, et en aspirant à un avenir meilleur.
L’Église à Chypre qui a servi de pont entre l’Est et l’Ouest, a beaucoup contribué à ce processus de réconciliation. Le chemin qui a pour but la pleine communion ne sera certainement pas exempt de difficultés, cependant l’Église Catholique et l’Église Orthodoxe de Chypre se sont engagées à avancer sur le chemin du dialogue et de la coopération fraternelle. Que l’Esprit Saint éclaire les esprits et renforce nos résolutions, afin qu’ensemble nous puissions porter le message du salut aux hommes et aux femmes de notre temps, qui ont soif de la foi qui apporte la vraie liberté et le salut (cf. Jn 8, 32), la vérité qui a pour nom Jésus Christ !
Chers sœurs et frères, je ne peux conclure sans évoquer la mémoire des saints qui ont embelli l’Église à Chypre, et, en particulier saint Épiphane, Évêque de Salamine. La sainteté est le signe de la plénitude de la vie chrétienne, d’une profonde docilité intérieure à l’Esprit Saint qui nous appelle à une conversion et à un renouvellement continus tandis que nous nous efforçons d’être toujours plus semblables au Christ notre Sauveur. Conversion et sainteté sont aussi le chemin privilégié par lequel nous ouvrons nos esprits et nos cœurs à la volonté du Seigneur en vue de l’unité de son Église. Tandis que nous rendons grâce pour cette rencontre et pour l’affection fraternelle qui nous unit, demandons à saint Barnabé et à saint Épiphane, à saint Pierre et à saint Paul, et à tous les saints de Dieu, de bénir nos communautés, de nous conserver dans la foi des Apôtres, et de guider nos pas sur le chemin de l’unité, de la charité et de la paix.
[1] « À vous grâce et paix en abondance ! » (1 P 1, 2). Avec beaucoup de joie, je vous salue, vous qui représentez les communautés chrétiennes présentes à Chypre.