Par Benoît Lévêque
[Benoît Lévêque est un jeune Français qui a effectué un stage à Télévision Sel + Lumière en 2007-2008. Il nous partage sa réflexion suite à la visite de Benoît SVI en France.]
Benoît XVI achevait lundi le 15 septembre son voyage en France et regagnait Rome en laissant une tout autre image de l’Église aux français. Les médias ont été conquis par la simplicité de ce pape et par la ferveur des foules dont l’affluence a dépassé les pronostiques les plus optimistes. De retour en France après avoir passé un an au sein l’équipe de Télévision Sel et Lumière, j’ai eu la chance de suivre le pape à Paris et à Lourdes pendant quatre jours. Je voudrais vous faire partager ce que j’ai vécu.
La veille de l’arrivée du pape, les journalistes s’interrogeaient sur la capacité d’un pape « timide et conservateur » de répondre aux attentes d’une Église « en déclin ». Ils attendaient aussi avec impatience la réponse du pape au discours controversé que le président français Nicolas Sarkozy avait prononcé à Rome l’an dernier. Il présentait le nouveau terme de « laïcité positive » par que l’État prenne mieux en compte le fait religieux mais sans remettre en cause la séparation de l’Église et de l’État.
Vendredi le pape a été reçu au palais de l’Élysée et a répondu au discours du président en insistant sur l’importance de la distinction entre le politique et le religieux, mais aussi en rappelant la fonction irremplaçable de la religion pour la formation des consciences et pour la création d’un consensus éthique fondamental dans la société. Quelques heures plus tard le pape a prononcé un discours dense au Collège des Bernardins devant 700 représentants du monde de la culture. Dans son exposé le pape a rappelé l’origine de ce bâtiment du XIIIème siècle rénové par le diocèse de Paris pour en faire un lieu de rencontre entre l’Église et la société. En expliquant les motivations des moines qui ont bâtit les premières universités, il a démontré que la transmission et le développement de la culture européenne prend ses sources dans la quête de Dieu à travers l’interprétation des Écritures. Le désir du pape de faire dialoguer l’Église et le monde contemporain a été très bien reçu par des personnalités habituellement éloignés des positions de l’Église catholique.
Le pape a ensuite traversé cette foule dense en « papamobile » pour se rendre dans la cathédrale Notre-Dame de Paris où près de 3000 prêtres, diacres, religieux, religieuses et séminaristes l’attendaient pour les vêpres. J’étais avec eux pour prier avec le pape. Dans ce moment j’ai pu sentir la proximité du pasteur avec son Église. Comme en écho à sa conférence donnée au collège des Bernardins le pape a longuement parlé dans son homélie de la cathédrale et de la signification de ce chef-d’œuvre dans l’histoire. Puis il a offert une belle médiation sur l’importance de l’écoute de la Parole de Dieu dans la vie des personnes consacrées. Ce soir-là la Parole a raisonné sous les voûtes de Notre-Dame dans des chants d’une beauté simple et émouvante.
Après avoir donné sa bénédiction le pape est allé à la rencontre des nombreux jeunes rassemblés devant la cathédrale. Il leur a confié deux trésors, l’Esprit-Saint et la Croix et il leur a dit : « Je vous fais confiance, chers jeunes, et je voudrais que vous éprouviez aujourd’hui et demain l’estime et l’affection de l’Église ! Maintenant, nous voyons ici : l’Église vivante… ».
Les jeunes se sont ensuite rendus dans les églises de la ville pour des veillées de prière, et à minuit, ils ont formé un chemin de lumière qui est parti de la cathédrale vers l’esplanade des Invalides où se tenait la messe du lendemain. L’image de ces 40 000 jeunes marchant et priant le long de la Seine, au cœur de la ville endormie, était particulièrement saisissante. Le lendemain, une grande foule les a rejoints pour accueillir le Saint-Père. Ce qui m’a surpris c’est que les jeunes et les familles étaient largement majoritaires dans cette assemblée. Vous pouvez le constater vous-même en regardant les photos et les vidéos en ligne sur le site pape-france.org. J’ai été aussi témoin de la générosité des 10 000 volontaires qui se sont levé très tôt pour assurer la réussite de l’événement. Benoît XVI est arrivé en papamobile le samedi matin sur une esplanade noire de monde. La foule lui a réservé un accueil particulièrement chaleureux. La liturgie de la messe a favorisé la participation de l’assemblée car les chants étaient connus. Le pape a expliqué dans son homélie la signification de l’Eucharistie et il a lancé un nouvel appel aux jeunes « qui se posent la question de la vocation religieuse ou sacerdotale : n’ayez pas peur ! N’ayez pas peur de donner votre vie au Christ ! ».
J’espère maintenant que cet appel que le pape a lancé quatre fois pendant son voyage sera entendu. J’ai remarqué que depuis quelques années que les jeunes et les familles sont de plus en plus présents dans les églises malgré la baisse du nombre de pratiquants. La venue spontanée d’une foule jeune à la rencontre du pape me laisse penser que ce n’est pas une illusion mais qu’une nouvelle génération de catholiques est en train de se lever. Ce qu’il s’est passé ce matin-là à Paris est indescriptible, une paix et une joie palpables régnaient dans cette foule. La personnalité du nouveau pape a séduit. Les gens ont été touchés par l’humilité et la simplicité de Benoît XVI. Il a laissé les foules prendre part à sa prière. Le pèlerinage du pape à Lourdes a été marqué par le caractère du lieu, c’est-à-dire le côté international et la présence des malades. Là encore le dimanche après-midi, lors de la procession du Saint-Sacrement le pape a partagé une belle méditation et a entraîné la foule à prier dans un très beau moment de silence. Il nous a montré que sa force est dans la prière. Maintenant que le pape est retourné à Rome, les catholiques de France fortifiés par cette rencontre, vont laisser Dieu agir encore un peu plus dans leurs vies.
Photo: pape-france.org/ Conférence des évêques de France