Fête de St Jean de Brébeuf, d’Isaac Jogues et de leurs compagnons martyrs

En la fête de St Jean de Brébeuf, d’Isaac Jogues et de leurs compagnons martyrs, nous publions l’homélie prononcée par Mgr Gérald Lacroix ce matin a la messe de la plénière de la CECC

Très chers frères et soeurs, « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit ». « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. » Avec un peu d’expérience en jardinage ou en agriculture, nous constatons que Jésus dit vrai lorsqu’il parle de la semence, du grain qui doit être mis en terre, « mourir », pour donner du fruit. C’est un processus naturel. Mais ça prend de la foi, une bonne dose de foi pour le suivre et pren-dre le chemin du don de notre vie afin qu’à la suite de Jésus, elle donne du fruit. Et cela n’est pas naturel, mais plutôt surnaturel.
Cette page d’Évangile nous ramène à l’essentiel de notre expérience de foi : à Pâques, au mystère de la mort et de la résurrection du Christ. C’est le mystère qui éclaire toute notre vie chrétienne, y donne sens, espérance, avenir ! Jésus nous révèle ce qu’est une vie féconde, une vie qui donne du fruit. C’est une vie qui accepte de se donner, de se livrer, comme Lui l’a fait. La mort n’a jamais le dernier mot pour un croyant. Il sait qu’il est appelé à vivre et à être avec Dieu pour toujours. Cela est assez puissant pour permettre aux disciples de Jésus d’envisager le don de leur vie jusqu’au témoignage ultime, le martyre. 2 C’est aussi ce qui permet à saint Paul d’affirmer avec conviction : « J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. » Nos glorieux martyrs, saints Jean de Brébeuf, Isaäc Jogues et leurs compagnons, étaient habités par cette foi enracinée dans le Christ et son mystère pascal. Ils ont pu vivre la mission d’évangélisation chez nous jusqu’au don total de leur vie, jusqu’au martyre. Au seul regard humain, leur vie, leur mission ont été un échec marqué par le rejet, la torture, la mort. Et pourtant, notre regard de croyants, notre regard de foi nous permet de constater que leur vie donnée, leur sang versé ont sanctifié les débuts de l’Église en Amérique du Nord, comme nous le disions dans la prière d’ouverture de cette Eucharistie. Nous récoltons certainement encore les fruits de ce don d’amour et de foi. Chers frères évêques, nous qui avons la responsabilité de prêcher l’Évangile du Salut ici, sur cette terre bénie du Canada, nous à qui le Bon Pasteur a confié une portion du Peuple de Dieu pour le rassembler dans la communion avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint, comment pourrionsnous, avec foi et amour, porter encore plus de fruits, beaucoup de fruits ? N’y a-t-il pas dans le témoignage de ces martyrs, patrons secondaires de notre grand pays, une invitation à un don de nous-mêmes encore plus radical ? N’y a-t-il pas une invitation à faire confiance au don de nous-mêmes, au don de tant d’hommes et de femmes qui se livrent au quotidien par amour, sans trop voir la moisson, la récolte, les fruits de leur labeur ? Je pense ici aux parents et aux grands-parents qui sèment toute leur vie le meilleur d’eux-mêmes pour le bien de leur famille ; aux catéchètes qui sèment la Parole de Dieu dans le coeur des enfants, des jeunes et des adultes pour que croisse la foi. Je pense à toutes les personnes engagées dans des causes sociales qui, par le don de leur vie, servent nos frères et soeurs les plus pauvres sans constater beaucoup de résultats concrets, tangibles. En fait, rappelons-nous l’Évangile. Le grain de blé tombé en terre ne voit jamais la moisson… mais sans son don, il n’y aurait jamais de récolte, jamais de fruits. Que le Seigneur nous donne l’humilité, la confiance et la foi pour continuer de nous donner, et l’espérance que notre vie livrée, comme la sienne, portera beaucoup de fruits. Depuis 2 000 ans, l’Église se nourrit du pain, fruit du don de Jésus sur la Croix et que Dieu a ressuscité. En profonde communion avec Lui, nous espérons entraîner, attirer nos frères et soeurs à cette fécondité dans la foi. C’est le chemin de la Vie ! Seigneur, nous croyons, mais viens au secours de notre foi. Puissions-nous dire comme saint Paul : « Soit que je vive, soit que je meure, la grandeur du Christ sera manifestée dans mon existence. En effet, pour moi vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. »

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