Voici le message intégral du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux adressé aux musulmans à l’occasion de la fin du Ramadan. « Chrétiens et musulmans : Ensemble pour vaincre la violence interconfessionnelle », signé du cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical et de Mgr Pier Luigi Celata, secrétaire du même dicastère.
Chers amis musulmans,
1. ‘Id al-Fitr, qui conclue le Ramadan, constitue, encore une fois, une occasion propice pour vous faire parvenir les vœux amicaux de sérénité et de joie du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Tout au long de ce mois, vous vous êtes engagés à prier, jeûner, venir en aide aux plus nécessiteux et fortifier les rapports de parenté et d’amitié. Dieu ne manquera pas de récompenser ces efforts !
2. Je me réjouis aussi de savoir que des croyants d’autres religions, surtout des chrétiens, vous sont spirituellement proches en ces jours, comme en témoignent les rencontres amicales qui souvent donnent lieu également à des échanges de nature religieuse. Il m’est agréable également de penser que ce Message pourra être une contribution positive à vos réflexions.
3. Le thème retenu cette année par le Conseil pontifical, Chrétiens et musulmans : Ensemble pour vaincre la violence interconfessionnelle, est malheureusement d’actualité, du moins dans certaines régions du monde. Le Comité mixte pour le dialogue du Conseil pontifical et du Comité permanent d’al-Azhar pour le dialogue entre les religions monothéistes l’avait d’ailleurs choisi comme sujet d’étude, de réflexion et d’échange à l’occasion de leur dernière réunion annuelle (Le Caire, 23 – 24 février 2010). Je me permets de partager avec vous quelques-unes des conclusions publiées à la fin de cette rencontre.
4. Parmi les causes de la violence entre croyants se trouve la manipulation de la religion à des fins politiques ou autres ; la discrimination basée sur l’ethnie ou l’identité religieuse ; les divisions et les tensions sociales. L’ignorance, la pauvreté, le sous-développement, l’injustice sont encore autant de sources directes ou indirectes de la violence entre les communautés religieuses, mais aussi à l’intérieur d’elles-mêmes. Puissent les autorités civiles et religieuses apporter leur concours afin de remédier à tant de situations en vue du bien commun de toute la société ! Puissent les autorités civiles faire valoir la supériorité du droit en assurant une vraie justice pour arrêter les auteurs et les promoteurs de la violence !
5. Des recommandations importantes figurent également dans ce texte : ouvrir nos cœurs au pardon mutuel et à la réconciliation, en vue d’un vivre en commun paisible et fructueux ; reconnaître ce que nous avons en commun et respecter les différences, comme base d’une culture du dialogue ; reconnaître et respecter la dignité et les droits de chaque être humain, sans aucune distinction basée sur l’ethnicité ou l’affiliation religieuse ; nécessité de promulguer des lois justes qui garantissent l’égalité fondamentale entre tous ; importance de l’éducation au respect, au dialogue et à la fraternité dans les divers espaces éducatifs : à la maison, à l’école, dans les églises et les mosquées. Ainsi pourrons-nous contrecarrer la violence confessionnelle et promouvoir la paix et l’harmonie entre les diverses communautés religieuses. L’enseignement des chefs religieux, mais aussi les manuels scolaires ayant le souci de présenter les religions d’une manière objective, revêtent, au même titre que l’enseignement en général, une importance décisive dans l’éducation et la formation des jeunes générations.
6. J’espère que ces considérations, ainsi que les réactions qu’elles susciteront entre vous et avec vos amis chrétiens, pourront contribuer à la poursuite d’un dialogue toujours plus respectueux et serein, sur lequel j’invoque les bénédictions de Dieu !