Un sondage mettant en lumière l’absence de consensus national sur la question de l’avortement vient d’être encore une fois totalement ignoré par la presse.
Cette fois-ci, on ne peut blâmer ce choix sur le fait que cette étude soit faite par une obscure maison de statistiques. Selon un récent sondage de la sérieuse firme Angus-Reid, commandé par le groupe pro-vie The Signal Hill, 92% des Canadiens ne savent pas que l’avortement est disponible au pays tout au long des 9 mois de la grossesse.
Des études précédentes montraient que 46 % des Canadiens approuvaient le statu quo légal sur la question. On peut se demander si la réponse aurait été la même si l’on avait rappelé aux sondés que l’on peut avorter à n’importe quel moment de la grossesse au Canada.
Pourquoi ce silence autour d’une information si importante ?
1) L’immense majorité des médias semble avoir décidé que le débat sur l’avortement au pays est clos. Seulement un petit groupe d’extrémistes religieux tient à légiférer sur les droits du fœtus à la vie. Ils ne sont pas représentatifs de la population en général, donc on les ignore.
2) Les groupes militants pro-vie qui ont les moyens de commander des sondages de ce genre se situent presque en exclusivité au Canada anglais. La traduction systématique en français des documents de presse n’est pas monnaie courante. Faut dire qu’après avoir essayé pendant des années de communiquer en français sans succès aux médias du Québec, plusieurs ont dû se lasser.
3) Le groupe rendant public ce sondage, The Signal Hill, ne donne aucune information sur la méthodologie employée. Quand le sondage a-t-il été fait ? Combien de personnes ont été sondées ? Quelle est la marge d’erreur ? En ne répondant pas à ces simples questions, le groupe s’expose à un refus de partager la nouvelle basée sur de simples critères techniques.
Nous avons encore beaucoup à faire pour toucher les cœurs en ce qui a trait au respect de la vie. Nous avons besoin de la courroie de transmission que sont les médias pour pouvoir, petit à petit, changer les mentalités. Pour dix refus de toucher à cette question, il y a aura toujours un journaliste ou commentateur qui se mouillera. Les organisations pro-vie ont bien sûr à améliorer leur communication, mais il faut à tout le moins lever notre chapeau à tous ceux et celles qui ne tolèrent pas un silence dévastateur pour tant d’enfants à naître.