par Marie Noëlle Chaumette, x.m.c.j.
Chaque année au début de l’Avent, la liturgie nous invite à fêter St François-Xavier, patron des missions. Etant religieuse de l’Institut apostolique La Xavière, cette fête est toujours source d’action de grâces.
Il fut le premier compagnon de St Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites, avec Pierre Favre et son colocataire à Paris quand il étudiait la Théologie. Etant plus jeune, plus impétueux et ayant beaucoup d’ambition, il mit du temps à entendre l’appel de Dieu. La parole «Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme (Mt 16, 26)» a changé sa vie.
A 35 ans, St Ignace envoya François-Xavier en Inde, à Goa. il ne reviendrait jamais en Europe. Voyageur inlassable, ayant passé les deux tiers de sa vie en mer, essuyé des tempêtes sur les mers d’Asie, voyageant sur des bateaux où il risquait sa vie, il était proche des gens, jouant aux cartes avec les marins et leur parlant de l’amour de Dieu. Sa manière d’évangéliser nous parait parfois un peu contestable. Cependant il fut impressionné par les bonzes du Japon et appris plusieurs langues. Sa devise était « Mas » « Davantage » et comme St Paul, une fois que quelques personnes pouvaient constituer une petite communauté, il partait découvrir d’autres personnes.
Il écrivit beaucoup à St Ignace de Loyola des lettres très fraternelles, pratiques et apostoliques. Il gardait sur son cœur un document avec les signatures des compagnons jésuites et mourut sans pouvoir entrer en Chine, à 46 ans.
Depuis que je suis au pays, le 3 décembre est toujours pour moi une occasion de réfléchir sur la mission.
Je consonne à la définition de Christian Salenson, directeur de l’Institut de science et théologie des religions de Marseille (ISTR) qui la qualifie de Visitation, dans son livre Prier 15 jours avec Christian de Chergé, prieur des moines de Tibhirine.
En cette période de l’Avent ce terme me semble tout à fait approprié. Reconnaître Dieu à l’œuvre, Dieu qui nous précède. Rencontrer d’autres croyants d’autres cultures qui nous dévoilent un autre visage de Dieu. Contempler le mystère de Dieu qui n’en finit pas de venir et qui nous surprend sans cesse. Je pense que St François-Xavier se retrouverait aujourd’hui dans ce qu’écrivit Pierre Claverie, dominicain évêque de Constantine en Algérie.
Découvrir l’autre, vivre avec l’autre, se laisser fasciner par l’autre, cela ne veut pas dire perdre son identité, rejeter ses valeurs ; cela veut dire concevoir une humanité plurielle, sans exclusive.