Par stefano Cascio
Hier, nous avons vu que les Pères conciliaires ont condamné deux attitudes de chrétiens, l’une négligeant les devoirs de “citoyens du monde”, la seconde réduisant la foi à sa plus simple expression. Aujourd’hui nous apprendrons que distinguer ne veut pas dire opposer…
B / Distinguer les deux cités sans les opposer
C’est l’affirmation positive du Concile qui rappelle à l’homme qu’il doit rechercher son unité : sans omettre ses devoirs et en suivant le Christ, nouvel Adam.
1 La responsabilité du chrétien
Les Pères Conciliaires définissent clairement la responsabilité du croyant dans l’ordre temporel, car même s’il est légitime que les cités soient distinctes, il ne faut pas « les opposer artificiellement ». Les conséquences d’un tel acte n’engagent pas uniquement le chrétien car nous rappelle le Concile « négliger les devoirs temporels », c’est négliger « son devoir envers le prochain », et « envers Dieu ». L’homme trouve sa finalité dans une relation interpersonnelle où manquer à ses obligations c’est ne pas respecter l’autre.
En citant Dieu et le prochain, les pères semblent vouloir établir le lien que le Christ lui-même a développé, s’identifiant à chaque homme. Ce qui est fait au prochain est identiquement compris comme une attitude envers Dieu (Mt 25,31-46).
L’ordre temporel est ici dépassé, le concile s’intéresse à l’homme unifié et tente de faire prendre conscience aux fidèles de cette double nature étroitement liée dans chaque être humain.
« Aux hommes, Dieu accorde même de pouvoir participer librement à sa providence en leur confiant la responsabilité de soumettre la terre et de la dominer. Dieu donne ainsi aux hommes d’être causes intelligentes et libres afin de compléter l’œuvre de la création, en parfaire l’harmonie pour leur bien et celui de leurs prochains. Coopérateurs souvent inconscients de la volonté divine, les hommes peuvent entrer délibérément dans le plan divin, par leurs actions, par leurs prières, mais aussi par leurs souffrances. Ils deviennent alors pleinement « collaborateurs de Dieu » (1 Co 3, 9 ; 1 Th3, 2) et de son royaume » (Catéchisme de l’eglise Catholique n°307)
Les activités terrestres ont donc une signification eschatologique qui permet de mieux comprendre l’expression, utilisée par le Concile de « mise en danger du salut éternel » du croyant qui ne tendrait pas vers cette union.
2 Le Christ : exemple parfait
Mais la synthèse par excellence, celle que les Pères conciliaires vont nommer la « vivante synthèse » est celle qui existe dans le Christ « vrai Dieu » et « vrai homme ». Après avoir dénoncé « l’une des erreurs les plus graves de notre temps », le Concile veut apporter une réponse : la solution est la figure du Christ, modèle à suivre. Était vrai homme, il a su allier les deux composantes de l’être et rendre visible l’unicité de la vocation humaine. Le chrétien doit pouvoir réaliser de manière pratique cette synthèse. Cela permet son plein épanouissement en vivant sa vocation divine.
Le concile invite le chrétien à se réjouir car, cette unité profonde de la vie lui permettra d’être, à son tour un témoin, un signe que la synthèse des « activités terrestres » et des « valeurs religieuses » non seulement respecte l’autonomie de la personne mais « coordonne ses activités à la gloire de Dieu ».
Ainsi la vie des fidèles peut apaiser la crainte des hommes d’aujourd’hui de se laisser « envahir » par la religion. Mais les Pères, après s’être intéressés au chrétien en général vont, dans les paragraphes suivants, préciser comment la foi informe la vie du laïc qui doit « imprégner le monde d’esprit chrétien », en respectant la juste autonomie des activités séculières sans omettre ses responsabilités. Cela ne pouvant se faire sans être témoin du Christ, en vivant selon sa conscience au milieu de la communauté humaine.
à suivre…