Depuis quelques semaines déjà, un bras de fer s’est enclenché opposant le gouvernement du Canada et plusieurs groupes défendant la liberté de conscience. Au cœur de la tourmente, la modification des règles d’admissibilité aux subventions pour les emplois d’été au gouvernement fédéral. Ces changements excluent a priori toute organisation ne partageant pas une option en faveur de l’avortement. Bien que cette nouvelle règle ait été contestée par des groupes de
toutes les confessions religieuses,
l’épiscopat canadien fut sans contredit à l’avant-scène des discussions.
Encore tout récemment, l’évêque du Diocèse de London en Ontario, publiait un communiqué de presse cinglant
dans lequel il affirmait que « nous devons nous lever contre cette position du gouvernement du Canada en affirmant que nous ne nous laisserons pas intimider (bullied) en ayant même l’apparence de collusion sur cet enjeu ». Pour l’évêque de London, il ne fait aucun doute qu’il s’agit « d’une regrettable violation de la liberté de conscience et de religion, de penser et de croire, d’opinion et d’expression,
garantie par la Charte ».
Au Québec, dans une entrevue accordée à Sel et Lumière, Mgr Christian Lépine souligne que l’on peut voir la question de deux manières. En effet, il affirme que « l’angle des jeunes qui se verront refuser un travail l’été prochain ne doit certainement pas rester sous silence » sans oublier les différents destinataires des services rendus par ces jeunes durant l’été qui souffriront d’une manière non négligeable de leur absence.
De plus, l’archevêque souligne la tendance profonde de l’utilisation idéologique de la Charte canadienne des Droits et Libertés : « le but d’une charte n’est pas d’être un système de croyances parallèlement à d’autres systèmes de croyances. Son rôle est plutôt de délimiter un espace de liberté où les différentes croyances et de convictions peuvent s’exercer dans le dialogue et la sécurité ». Dans ce cas précis, on utilise la Charte comme un système venant s’opposer aux croyances des gens, qu’elles soient chrétiennes ou autres en leur imposant des valeurs qui leur sont contradictoires. « La Charte n’est pas un Credo » affirme Mgr Christian Lépine.
Afin de retrouver le véritable sens de ce qu’est une Charte, Mgr Lépine invite les dirigeants à un retour aux sources, « à la mère de toutes les chartes qu’est la
Déclaration universelle des droits de l’homme ». À court terme, selon l’archevêque de Montréal, les institutions catholiques sont appelées à exercer leur droit fondamental à la liberté de conscience « en remplissant leur demande de subvention
sans cocher l’alinéa en question et le gouvernement fera son cheminement ».
Notez que cette polémique s’inscrit dans un rétrécissement des libertés civiles imposé aux groupes
pro-vie du Canada. En février 2014, Justin Trudeau avait affirmé
son intention d’exclure tous les candidats pro-vie du Parti Libéral du Canada.