Trois années sont passées depuis l’élection, le 13 mars 2013, du pape François sur le trône de Pierre. Depuis ce temps, le pape argentin n’a cessé de surprendre, en paroles et en actes, avec un style franc, percutant et parfois provocateur.
Le Souverain Pontife venu du bout du monde a réussi, par sa sobriété, sa simplicité et sa proximité à imposer au Vatican un style nouveau, qui contribue au caractère inédit de son pontificat. Aussitôt arrivé, Jorge Mario Bergoglio lançait déjà un grand chantier pour nettoyer l’Église de l’intérieur et balayer les vices qui La rongent en son sein : établissement d’un conseil de cardinaux qu’il choisit pour l’aider à réformer la Curie. Instauration d’un secrétariat pour l’économie afin d’assurer la transparence des finances du Saint-Siège. Création d’une instance chargée de juger les évêques qui ont couvert les crimes commis par des prêtres pédophiles…
Voilà pourquoi François a lancé cette année le jubilé extraordinaire de la miséricorde. Pour rendre l’Église « attentive aux cris des plus petits », pour « donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers ». L’occasion également de donner à l’Église l’image d’un « hôpital de campagne après la bataille », de sortir du confort et d’ouvrir les yeux pour voir les misères du monde.
En trois ans de pontificat l’ancien archevêque de Buenos Aires, de nature plutôt casanière selon son propre aveu, s’est lui-même rendu aux quatre coins du monde, dans ces « périphéries humaines, géographiques et existentielles », pour se rapprocher notamment des personnes en souffrance et leur apporter la tendresse de Dieu.
À l’instar d’un bon père de famille qui visite ses enfants malades, il trouve des mots pour réconforter ceux qui vivent en marge de la société, et pour dénoncer la « culture du rejet », depuis son tout premier déplacement en juillet 2013 sur l’île de Lampedusa où il fustigeait la « mondialisation de l’indifférence », jusqu’à son dernier voyage en février 2016 où il condamnait « la tragédie humaine des migrations forcées », lors d’une messe célébrée à la frontière entre le Mexique et les États-Unis.
Sur la scène politique, n’en déplaise à certains, sa parole résonne au-delà des murs du Vatican. Son encyclique sur l’environnement par exemple était très attendue pour influencer l’opinion publique en faveur d’une action pour le changement climatique.
Sur le terrain social, le souverain Pontife plaide en faveur d’une Église engagée, agissante et impliquée afin de promouvoir des alternatives créatives à « l’économie sans visage », qui « tue » et qui « exclut ».
Concernant le dialogue interreligieux, le Saint-Père multiplie les gestes forts pour appeler chrétiens, juifs, et musulmans à collaborer ensemble pour la paix et la justice. Son étreinte, tout autant symbolique qu’amicale, avec un rabbin et un professeur musulman devant le mur des Lamentations est inédite, mais le dialogue et l’annonce, précise-t-il, « ne doivent pas être confondus, ni instrumentalisés, ni considérés comme équivalents ou interchangeables ».
Dans la sphère diplomatique son influence n’est pas négligeable non plus. Et c’est un euphémisme, car le Pape lui-même s’est engagé dans la reprise des discussions entre Cuba et les États-Unis, puis dans le réchauffement des relations entre les deux pays. Son voyage apostolique aux USA en septembre dernier, précédé d’une visite à Cuba, est une allégorie du rôle qu’il a joué entre les deux parties.
En l’espace de trois ans le pape François a déjà parcouru plus de 150 000 km en avion à travers le monde, effectuant 12 voyages apostoliques (hors d’Italie) et visitant une vingtaine de pays. Il a également convoqué deux synodes des évêques pour répondre aux défis de la famille aujourd’hui, publié une exhortation apostolique présentée comme un programme sur la joie de l’Évangile, écrit deux encycliques dont une sur « notre maison commune », la Création. Le souverain Pontife a par ailleurs canonisé deux de ses prédécesseurs, Jean XXIII et Jean Paul II, et il canonisera le 4 septembre prochain la bienheureuse Mère Teresa.
Commentant ces trois premières années de pontificat, le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, a estimé qu’elles sont marquées par la capacité du Saint-Père à intercepter et répondre aux questions de dimension planétaire. Le pape François quant à lui confiait déjà l’année dernière avoir « la sensation » que son pontificat pourrait être assez bref, de l’ordre de quatre ou cinq ans…