L’Église aux peuples Autochtones: la « doctrine de la découverte » n’a jamais été catholique

Une « note » conjointe des Dicastères de la Culture et du Développement Humain Intégral reconnait  que «de nombreux chrétiens ont commis des actes malveillants à l’encontre des peuples indigènes».  Mais les bulles papales du XVe siècle qui ont cédaient aux souverains colonisateurs les biens des  peuples originaires sont des documents politiques, instrumentalisés pour des actes immoraux. Dès  1537, Paul III déclarait solennellement que les Autochtones ne devaient pas être réduits en esclavage  ni dépouillés de leurs biens. 

Vatican News- Grâce à l’aide des peuples Autochtones, « l’Église a acquis une plus grande conscience de leurs  souffrances, passées et présentes, dues à l’expropriation de leurs terres… ainsi qu’aux politiques  d’assimilation forcée, promues par les autorités gouvernementales de l’époque, destinées à éliminer leurs cultures Autochtones ». C’est ce qu’affirme la « Note commune sur la doctrine de la découverte »  des Dicastères de la culture et de l’éducation et du service du développement humain intégral, publiée  le jeudi 30 mars. Le document affirme que la « doctrine de la découverte », théorie utilisée pour justifier  l’expropriation des peuples indigènes par les souverains colonisateurs, «ne fait pas partie de  l’enseignement de l’Église catholique» et que les bulles papales par lesquelles des concessions ont été  faites aux souverains colonisateurs n’ont jamais fait partie du magistère. 

Il s’agit d’un texte important qui, huit mois après le voyage du pape François au Canada, réaffirme  clairement le rejet par l’Église catholique de la mentalité colonisatrice. « Au cours de l’histoire, rappelle le texte, les papes ont condamné les actes de violence, d’oppression, d’injustice sociale et  d’esclavage, y compris ceux commis contre les peuples indigènes ». Et il y a « de nombreux exemples» d’évêques, de prêtres, de religieux et de laïcs qui «ont donné leur vie pour défendre la dignité de ces  peuples ». La note ne manque pas non plus de mentionner que « de nombreux chrétiens ont commis  des actes malveillants à l’encontre des peuples indigènes, pour lesquels les papes récents ont  demandé pardon à de nombreuses reprises »

En ce qui concerne la « doctrine de la découverte », le texte indique que « Le concept juridique de  “découverte” a été débattu par les puissances coloniales à partir du XVIe siècle et a trouvé une  expression particulière dans la jurisprudence du XIXe siècle des tribunaux de plusieurs pays, selon  laquelle la découverte de terres par des colons conférait un droit exclusif d’éteindre, par achat ou  conquête, le titre ou la possession de ces terres par les peuples Autochtones ». Selon certains  chercheurs, cette « doctrine » s’appuie sur plusieurs documents pontificaux, notamment les bulles de  Nicolas V Dum Diversas (1452) et Romanus Pontifex (1455), et celle d’Alexandre VI Inter Caetera (1493). Il s’agit d’actes par lesquels ces deux Papes ont autorisé les souverains portugais et espagnols  à s’approprier les terres colonisées en soumettant les populations d’origine. 

« La recherche historique démontre clairement que les documents pontificaux en question, rédigés à  une période historique spécifique et liés à des questions politiques, n’ont jamais été considérés comme des expressions de la foi catholique », indique la note. En même temps, l’Église « reconnaît que ces  bulles pontificales n’ont pas reflété de manière adéquate l’égale dignité et les droits des peuples  Autochtones ». Elle ajoute que «le contenu de ces documents a été manipulé à des fins politiques par  des puissances coloniales concurrentes afin de justifier des actes immoraux à l’encontre des peuples  indigènes qui ont été réalisés parfois sans que les autorités ecclésiastiques ne s’y opposent». Il est  donc juste, affirment les deux dicastères du Saint-Siège, « de reconnaître ces erreurs, de reconnaître  les terribles effets des politiques d’assimilation et la douleur éprouvée par les peuples indigènes, et  de demander pardon ».  

Le Pape François est ensuite cité: «que la communauté chrétienne ne se laisse plus jamais contaminer  par l’idée qu’il existe une supériorité d’une culture par rapport à une autre et qu’il est légitime  d’utiliser des moyens de coercition sur les autres». Il est également rappelé que le magistère de  l’Église défend le respect dû à tout être humain et que l’Église « rejette donc les concepts qui ne  reconnaissent pas les droits humains inhérents aux peuples Autochtones », y compris la soi-disant « doctrine de la découverte ». 

Enfin, la note cite les déclarations «nombreuses et répétées» de l’Église et des Papes en faveur des  droits des peuples Autochtones, à commencer par celle contenue dans la bulle Sublimis Deus de Paul  III (1537), qui a déclaré solennellement que les peuples Autochtones ne devaient «en aucun cas être  privés de leur liberté ou de la possession de leurs biens, même s’ils ne sont pas de foi chrétienne ; et  qu’ils peuvent et doivent, librement et légitimement, jouir de leur liberté et de la possession de leurs  biens ; ils ne doivent en aucun cas être réduits en esclavage; si le contraire se produit, cela sera nul  et sans effet». Plus récemment, la solidarité de l’Église avec les peuples Autochtones s’est traduite par  «un fort soutien du Saint-Siège aux principes contenus dans la Déclaration des Nations Unies sur les  Droits des Peuples Indigènes». Leur mise en œuvre «améliorerait les conditions de vie et  contribuerait à protéger» les droits de ces peuples.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation du Dicastère pour la communication

Déclaration du CECC sur la « Doctrine de la découverte »

 

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) est reconnaissante au Dicastère pour la culture et l’éducation et au Dicastère pour le service du développement humain intégral d’avoir publié une Note commune sur le concept de la « Doctrine de la découverte », y compris sur la question de certaines bulles papales du XVe siècle qui, selon certains chercheurs, auraient servi de base à cette « doctrine ».

Contrairement à cette affirmation, de nombreuses déclarations publiées par l’Église et des papes au cours des siècles ont défendu les droits et les libertés des peuples Autochtones, par exemple la Bulle Sublimis Deus de 1537. En effet, plus récemment, les papes ont demandé pardon à de nombreuses reprises pour des actes malveillants commis contre les peuples Autochtones par des chrétiens et chrétiennes. Ayant entendu le désir exprimé par les peuples Autochtones pour que l’Église se penche sur la « doctrine de la découverte », la présente Note commune des deux Dicastères rejette en outre tout concept qui ne reconnaît pas les droits fondamentaux des peuples Autochtones.

Plus précisément, la Note commune affirme en termes clairs que :
« le magistère de l’Église défend le respect dû à tout être humain. L’Église catholique rejette donc les concepts qui ne reconnaissent pas les droits humains inhérents aux peuples Autochtones, y compris ce qui est connu sous le nom juridique et politique de ‘doctrine de la découverte’. »

La Note commune souligne que la « doctrine de la découverte » ne fait pas partie de l’enseignement de l’Église catholique et que les documents pontificaux examinés par certains chercheurs – en particulier les Bulles Dum Diversas (1452), Romanus Pontifex (1455) et Inter Caetera (1493) – n’ont jamais été considérés comme des expressions de la foi catholique. En même temps, elle reconnaît que ces bulles pontificales ne reflétaient pas correctement l’égalité de dignité et de droits des peuples Autochtones, qu’elles ont été manipulées à des fins politiques par des puissances coloniales concurrentes et que les peuples Autochtones ont subi les terribles effets des politiques d’assimilation des nations colonisatrices.

De plus, la Note commune soutient les principes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples Autochtones, dont la mise en œuvre contribuerait à améliorer les conditions de vie de ces derniers, à protéger leurs droits, et à soutenir leur auto-développement dans le respect de leur identité, de leur langue, de leur histoire et de leur culture.

La CECC, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) et le Comité pontifical des sciences historiques examinent ensemble la possibilité d’organiser un symposium universitaire réunissant des étudiants, Autochtones et non Autochtones, afin d’approfondir la compréhension historique de la « doctrine de la découverte ». Cette idée de symposium a également été encouragée par les deux Dicastères qui ont émis la présente Note commune.

Enfin, la CECC fait écho à la déclaration du pape François à Québec en juillet 2022, citée dans la Note d’aujourd’hui : « Que la communauté chrétienne ne se laisse plus jamais contaminer par l’idée qu’il existe une supériorité d’une culture par rapport à une autre et qu’il est légitime d’utiliser des moyens de coercition contre les autres. »

Le 30 mars 2023

La Conférence des évêques catholiques du Canada est l’assemblée nationale des évêques catholiques au Canada, qui sont actuellement en fonction. Le Conseil permanent est la plus haute instance décisionnelle de la Conférence lorsque l’Assemblée plénière n’est pas en session.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Conférence des évêques catholiques du Canada.

Note commune sur la « Doctrine de la découverte »

Le pape François s’adresse à une réunion des peuples Autochtones–Premières Nations, Métis et Inuit à l’ancien pensionnat Ermineskin à Maskwacis, Alberta, le 25 juillet 2022.

Note commune sur la « Doctrine de la découverte » du Dicastère pour la Culture et l’Éducation et du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral

 

1. Fidèle au mandat reçu du Christ, l’Église catholique s’efforce de promouvoir la fraternité universelle et le respect de la dignité de tout être humain.

2. C’est pourquoi, au cours de l’histoire, les papes ont condamné les actes de violence, d’oppression, d’injustice sociale et d’esclavage, y compris ceux commis contre les peuples Autochtones. Il y a également eu de nombreux exemples d’évêques, de prêtres, de religieux, de religieuses et de fidèles laïcs qui ont donné leur vie pour défendre la dignité de ces peuples.

3. En même temps, le respect des faits de l’histoire exige la reconnaissance de la faiblesse humaine et des échecs des disciples du Christ dans chaque génération. De nombreux chrétiens ont commis des actes malveillants à l’encontre des peuples Autochtones, pour lesquels les papes récents ont demandé pardon à de nombreuses reprises.

4. De nos jours, un dialogue renouvelé avec les peuples Autochtones, en particulier avec ceux qui professent la foi catholique, a aidé l’Église à mieux comprendre leurs valeurs et leurs cultures. Avec leur aide, l’Église a acquis une plus grande conscience de leurs souffrances, passées et présentes, dues à l’expropriation de leurs terres, qu’ils considèrent comme un don sacré de Dieu et de leurs ancêtres, ainsi qu’aux politiques d’assimilation forcée, promues par les autorités gouvernementales de l’époque, destinées à éliminer leurs cultures Autochtones. Comme l’a souligné le Pape François, leurs souffrances constituent un puissant appel à abandonner la mentalité colonisatrice et à marcher avec eux côte à côte, dans le respect mutuel et le dialogue, en reconnaissant les droits et les valeurs culturelles de toutes les personnes et de tous les peuples. À cet égard, l’Église s’engage à accompagner les peuples Autochtones et à favoriser les efforts visant à promouvoir la réconciliation et la guérison.

5. C’est dans ce contexte d’écoute des peuples Autochtones que l’Église a compris l’importance d’aborder le concept appelé « de la découverte ». Le concept juridique de « découverte » a été débattu par les puissances coloniales à partir du XVIe siècle et a trouvé une expression particulière dans la jurisprudence du XIXe siècle des tribunaux de plusieurs pays, selon laquelle la découverte de terres par des colons conférait un droit exclusif d’éteindre, par achat ou conquête, le titre ou la possession de ces terres par les peuples Autochtones. Certains chercheurs ont affirmé que la base de la « doctrine » susmentionnée se trouve dans plusieurs documents pontificaux, tels que les Bulles Dum Diversas (1452), Romanus Pontifex (1455) et Inter Caetera (1493).

6. La « doctrine de la découverte » ne fait pas partie de l’enseignement de l’Église catholique. La recherche historique démontre clairement que les documents pontificaux en question, rédigés à une période historique spécifique et liés à des questions politiques, n’ont jamais été considérés comme des expressions de la foi catholique. En même temps, l’Église reconnaît que ces bulles pontificales n’ont pas reflété de manière adéquate l’égale dignité et les droits des peuples Autochtones. L’Église est également consciente que le contenu de ces documents a été manipulé à des fins politiques par des puissances coloniales concurrentes afin de justifier des actes immoraux à l’encontre des peuples Autochtones qui ont été réalisés parfois sans que les autorités ecclésiastiques ne s’y opposent. Il est juste de reconnaître ces erreurs, de reconnaître les terribles effets des politiques d’assimilation et la douleur éprouvée par les peuples Autochtones, et de demander pardon. En outre, le Pape François a exhorté: « Que la communauté chrétienne ne se laisse plus jamais contaminer par l’idée qu’il existe une supériorité d’une culture par rapport à une autre et qu’il est légitime d’utiliser des moyens de coercition sur les autres ».

7. En termes clairs, le magistère de l’Église défend le respect dû à tout être humain. L’Église catholique rejette donc les concepts qui ne reconnaissent pas les droits humains inhérents aux peuples Autochtones, y compris ce qui est connu sous le nom juridique et politique de « doctrine de la découverte ».

8. Des déclarations nombreuses et répétées de l’Église et des papes défendent les droits des peuples Autochtones. Par exemple, dans la Bulle Sublimis Deus de 1537, le Pape Paul III a écrit : « Nous définissons et déclarons […] que [, …] lesdits Indiens et tous les autres peuples qui seront découverts plus tard par les chrétiens, ne doivent en aucun cas être privés de leur liberté ou de la possession de leurs biens, même s’ils ne sont pas de foi chrétienne ; et qu’ils peuvent et doivent, librement et légitimement, jouir de leur liberté et de la possession de leurs biens ; ils ne doivent en aucun cas être réduits en esclavage; si le contraire se produit, cela sera nul et sans effet ».

9. Plus récemment, la solidarité de l’Église avec les peuples Autochtones a donné lieu à un fort soutien du Saint-Siège aux principes contenus dans la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. La mise en œuvre de ces principes améliorerait les conditions de vie et contribuerai.t à protéger les droits des peuples Autochtones, ainsi qu’à faciliter leur développement dans le respect de leur identité, de leur langue et de leur culture.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation du Bureau de presse du Saint-Siège.

Pour guérir les blessures du Canada : le Pape François et les peuples autochtones

Julian Paparella avec Lina, survivante des écoles résidentielles qui a 90 ans, le matin des excuses présentées par le pape François à Maskwacis, en Alberta, le 24 juillet 2022.

Julian Paparella avec Lina, survivante des écoles résidentielles qui a 90 ans, le matin des excuses présentées par le pape François à Maskwacis, en Alberta, le 24 juillet 2022.

Sur place à Maskwacis, en Alberta, pour assister à l’arrivée du pape François qui allait présenter ses excuses tant attendues aux peuples autochtones du Canada sur leurs propre terres, j’ai été profondément ému. Deux choses m’ont frappé simultanément. Premièrement, la souffrance, la douleur et le traumatisme intergénérationnel qui ont ravagé les communautés et les familles autochtones. Deuxièmement, l’humilité, le courage et la compassion du pape, qui a parcouru une telle distance pour démontrer sa proximité.

J’ai vu devant moi un berger et un pèlerin qui est venu de Rome jusqu’aux prairies de l’Alberta rurale pour aider à guérir les blessures les plus profondes du Canada. Ces blessures ont si souvent été tragiquement ignorées, cachées et rejetées. On était là, au milieu de l’Alberta rurale, par un lundi matin pluvieux, dans un endroit dont la plupart des Canadiens n’avaient jamais entendu parler, et le chef de file des 1,3 milliard de catholiques du monde était arrivé afin d’oeuvrer pour la vérité, à la justice, à la réconciliation et à la guérison dans notre pays. Le successeur de saint Pierre est venu jusqu’ici pour nous faire avancer sur le chemin que nous devons prendre ensemble. Ce fut une expérience qui a fait couler des larmes à beaucoup d’entre nous.

La route à double sens du bon Samaritain

En vivant tout cela directement, je n’ai pu m’empêcher de penser à la parabole du bon Samaritain de Jésus (Luc 10,25-37). Comme l’homme de la parabole de Jésus, le pape François a écouté le cri des autochtones, des abus et des blessés sur le bord de la route de la société canadienne. Il a refusé de faire comme les autres qui ont fait la sourde oreille et ont fermé les yeux. Il a insisté pour aller de l’avant avec nos frères et sœurs autochtones, en prenant au sérieux leur besoin de guérison et en agissant en conséquence.

Mais le pape François n’est pas le seul à avoir suivi les traces du bon Samaritain l’été dernier. De nombreux autochtones m’ont confié qu’ils ne voulaient pas que le pape présente des excuses comme une simple formalité politique ou une obligation légale. Ils voulaient plutôt des excuses venant du cœur, qui les toucheraient dans leur cœur. Ils disent que pour guérir, ils doivent pardonner. C’est une leçon d’humilité et une source d’inspiration pour nous tous. Nos frères et sœurs autochtones ont le désir de pardonner. Pour beaucoup d’entre eux, ils voulaient que le pape s’excuse afin de pouvoir pardonner à l’Église. Ainsi, les autochtones eux-mêmes sont comme le bon Samaritain, qui sort l’Église du caniveau pour qu’ensemble nous puissions avancer sur le chemin de la guérison.

Le chemin de la guérison pour nos frères et sœurs autochtones

J’étais bouleversé en écoutant les hommes et les femmes autochtones au cours de la visite du pape. Leurs histoires et leurs visages témoignent de décennies de souffrance, mais aussi d’un espoir indéfectible pour l’avenir. Comme l’a dit une femme le jour des excuses du pape à Maskwacis : « Je suis reconnaissante d’être ici aujourd’hui, parce que tant de membres de ma famille, d’amis et de camarades de classe n’ont pas pu voir le pape venir au Canada et entendre ses excuses ». Une autre femme a partagé que dans sa communauté isolée des Territoires du Nord-Ouest, rien que dans le mois précédant la visite du pape, quatre jeunes s’étaient suicidés. Il s’agissait de jeunes pères et mères de famille, laissant leurs enfants derrière eux.

Le traumatisme intergénérationnel causé par les pensionnats et les abus subis par les autochtones a des répercussions durables sur la vie quotidienne de leurs communautés, encore aujourd’hui. Un très grand nombre d’entre eux ont été arrachés à leur foyer. Cela signifie que leurs parents n’ont pas appris à être parents, et qu’ils ne l’ont pas été non plus. Le cercle de la vie familiale a été brisé. Pourtant, malgré cette obscurité, au milieu du fléau de la toxicomanie et du suicide, beaucoup d’entre eux ont pu persévérer, obtenir de l’aide, surmonter les ombres de leur vie et regarder vers la lumière. Ces survivants sont des héros canadiens, avec des noms, des visages, des amis et des familles. En tant que pays, nous leur devons le même respect, le même engagement et le même amour que le pape François est venu leur témoigner.

Avancer ensemble

En tant qu’habitants du Canada, nous avons encore tant à apprendre sur les premiers peuples qui ont accueilli sur leurs terres les générations de migrants qui ont suivi. Tant d’étapes doivent encore être franchies dans notre cheminement ensemble. L’été 2022 a été une route à double sens du bon Samaritain, mais la route ne s’arrête pas là. En tant que catholique et canadien, je suis plus convaincu que jamais que nous devons prendre au sérieux le chemin de la guérison et de la réconciliation si nous voulons que notre pays soit une société juste, humaine et fraternelle. Nous ne pouvons continuer à avancer sans entendre les cris des blessés. Le pape a tendu les bras et les autochtones lui ont répondu. Il est temps que nous fassions tous de même. Suivons les paroles de Jésus : « Va, et toi aussi, fais de même » (Luc 10,37).

 

Les intentions du Pape en mars 2021

Les intentions du Pape en mars 2021: le sacrement de réconciliation

Rejoignez-nous en prière avec les intentions que nous confie le Pape François.

Pour le mois de mars, nous prions avec le Pape pour le sacrement de réconciliation:

Prions pour vivre le sacrement de la réconciliation avec une profondeur renouvelée, afin de goûter l’infinie miséricorde de Dieu. Et prions pour que Dieu donne à son Église des prêtres miséricordieux et non bourreaux.

Écoutez également la Video du Pape sur les intentions de mars:

Lorsque je vais me confesser, c’est pour me guérir, guérir mon âme.

Pour en ressortir avec plus de santé spirituelle. Pour passer de la misère à la miséricorde.

Au cœur de la confession, il y a non pas les péchés que nous disons mais l’amour divin que nous recevons et dont nous avons toujours besoin.

Au cœur de la confession, il y a Jésus qui nous attend, nous écoute et nous pardonne.

Souvenez-vous de ceci : avant même nos erreurs, c’est nous qui sommes présents dans le cœur de Dieu. 

Prions pour vivre le sacrement de la réconciliation avec une profondeur renouvelée, afin de goûter l’infinie miséricorde de Dieu. Et prions pour que Dieu donne à son Église des prêtres miséricordieux et non bourreaux.

 

Prière quotidienne

Vous pouvez accompagner l’intention de prière du Pape par cette prière d’offrande quotidienne:

Dieu, notre Père, je t’offre toute ma journée.

Je t’offre mes prières, pensées,
paroles, actions, joies
et souffrances en union avec
ton Fils Jésus-Christ
qui continue à s’offrir à toi
dans l’Eucharistie pour le salut du monde.

Que l’Esprit Saint
qui a guidé Jésus,
soit mon guide et ma force
aujourd’hui pour que je puisse témoigner de ton amour.

Avec Marie,
la mère du Seigneur et de l’Église,
je prie spécialement aux intentions
que le Saint-Père recommande
à la prière de tous les fidèles pour ce mois.

Pour en apprendre plus sur l’Apostolat de la Priere, visitez le site du Réseau Mondial de la Prière.

 

Cliquez ici pour lire d’autres billets de blogues concernant les intentions du Pape.

Un pèlerin au service de la paix, du dialogue et de la réconciliation

( Image: courtoisie Vatican News) Vous trouverez ci-dessous une contribution spéciale de Carl Hétu, directeur national de l’Association catholique d’aide à Orient (CNEWA- CANADA) en lien avec la visite historique du Pape François en Irak:

Bien des gens se posent des questions.  Pourquoi le pape François se rend-il en Irak du 5 au 8 mars, en ces temps difficiles de pandémie, d’instabilité politique et de rumeurs de menaces sur sa vie?

Une raison ressort : faire preuve de solidarité envers les chrétiens de ce pays. Il n’en a pas été beaucoup question dans les bulletins d’information du soir, mais les chrétiens d’Irak se sont retrouvés sans protection et maltraités — menaces, enlèvements, tortures, assassinats — au cours des 17 dernières années. Il n’est pas exagéré de dire que la plupart ont été contraints de fuir. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1,5 million de chrétiens vivaient en Irak en 2003. Aujourd’hui, il en reste à peine 180 000. La montée de l’EIIS à l’été 2014 leur a porté un dernier coup, obligeant plus de 100 000 d’entre eux à fuir pour sauver leur vie en quittant Mossoul et les plaines de Ninive pour trouver refuge dans le nord du Kurdistan irakien.  Il n’est pas étonnant que le pape s’arrête à ces trois endroits. Les chrétiens locaux ont vécu un véritable cauchemar, et beaucoup d’évêques, de religieuses, de prêtres et de simples fidèles ont été martyrisés — en raison de leur foi.   

Connu pour sa capacité à établir des ponts, le pape François rencontrera un grand nombre de groupes chrétiens dans le pays, notamment des catholiques syriaques et des chrétiens orthodoxes, des catholiques chaldéens et des Assyriens de l’Est, ainsi que des chrétiens arméniens (tant de l’Église catholique que de l’Église apostolique). Une fois encore, le pape sait que leur survie dépend de cette importante unité entre les chrétiens.    

L’unité entre les chrétiens du monde entier est au cœur de la papauté du pape François, comme il l’a clairement indiqué lors de son premier voyage en Israël et en Palestine. Il a non seulement prié avec le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, mais il a également entamé une relation de travail durable avec lui, après 1000 ans de dissensions.    

Mais le pape sait aussi que cela ne suffit pas. Les chrétiens du Moyen-Orient ont dû apprendre à composer avec une majorité musulmane au cours des 1400 dernières années au moins. S’ils sont encore dans la région aujourd’hui, c’est parce qu’ils ont pu prendre leur place et développer des liens solides avec les dirigeants musulmans malgré quelques moments sombres de l’histoire. Aujourd’hui, les chrétiens sont confrontés à une de leurs périodes les plus difficiles, comme le révèlent les chiffres : plus de 2,5 millions de personnes ont été forcées de quitter non seulement leur pays, mais aussi tout le Moyen-Orient en seulement 17 ans, beaucoup d’entre elles quittant l’Irak et la Syrie. C’est le pire déclin des chrétiens depuis le génocide arménien de 1915. Le développement de relations solides avec les dirigeants musulmans est donc, à l’évidence, une priorité centrale de toute visite papale. Ainsi, comme le pape l’a fait lors de ses voyages en Palestine, en Égypte, en Turquie et aux Émirats arabes unis, il rencontrera des dirigeants tels que le grand ayatollah Sistani à Najaf, principal chef spirituel des musulmans chiites irakiens.

De nombreux experts estiment cependant qu’il est trop tard pour les chrétiens irakiens. Il est vrai que ces derniers étaient autrefois reconnus pour entretenir d’excellentes relations avec les autres groupes ethniques et religieux de leur pays. Animés par l’esprit d’entreprise, ils ont largement contribué à son développement socio-économique, en créant des emplois ainsi que des services sociaux et des établissements de soins de santé pouvant apporter de l’aide aux plus défavorisés, quelle que soit leur religion.

Qu’ils aient raison ou tort, si nous regardons au sud-ouest de Bagdad, près de la mer Méditerranée, nous pouvons voir quelles contributions même un petit nombre de chrétiens peuvent encore apporter à une société en devenir. Malgré 73 ans de conflits et de guerre entre la Palestine et Israël, et maintenant, une occupation illégale de la Palestine par Israël, le rôle social des chrétiens reste important. Même s’ils ne représentent que 1% (51 000 habitants) de la population des Territoires palestiniens, les chrétiens assurent 45 % de tous les services sociaux locaux. Or eux aussi sont dans une situation difficile, et bien des gens se demandent combien de temps il faudra pour que la plupart quittent leur foyer et la Terre sainte.  

Pour l’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA), une agence papale ayant œuvré sans relâche dans la région depuis 1926, ces conflits sans fin détruisent nos chances d’un meilleur avenir. Pour les chrétiens qui restent, la visite du pape constitue un rappel concret du fait qu’ils ne sont pas seuls et un encouragement à poursuivre leur mission, laquelle consiste à offrir une variété de services aux jeunes, aux personnes âgées, aux victimes de violence et à d’autres personnes dans le besoin — indépendamment de leurs croyances religieuses. Nous continuerons à soutenir ces activités.

Par ses actions et ses paroles, le pape François démontre que la religion peut ouvrir la voie à la paix par le dialogue et la réconciliation. Il rappelle également aux observateurs ainsi qu’aux personnes d’influence de la région que la paix — à l’échelle locale, régionale et mondiale — ne pourra vraiment être instaurée que si toutes les personnes d’ethnies, de religions et de nationalités différentes prennent le temps de se rencontrer, surmontent leurs divergences, reconnaissent leurs objectifs communs, leur humanité, et développent des liens d’amitié et de confiance.

Sur la route du diocèse de Trois-Rivières

Même s’il fut fondé le 8 juin 1852 par le bienheureux Pape Pie IX, le diocèse de Trois-Rivières a néanmoins une histoire qui remonte jusqu’au tout début de la Nouvelle-France. Présent sur l’ensemble du territoire de la Mauricie de la rive nord du fleuve Saint-Laurent, il s’étend de Maskinongé à Sainte-Anne-de-la-Pérade en passant par La Tuque, Shawinigan et Wemotaci. Neuvième évêque du lieu, Mgr Luc Bouchard nommé par le pape Benoît XVI en 2012 a fait du « Don de la Vie » le moteur de son action pastorale. Soucieux de répondre aux besoins spirituels et temporels des hommes et des femmes qui lui sont confiés, il accompagne une équipe à la hauteur des défis de l’annonce de l’Amour de Dieu au XXIe siècle. Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses », nous partons donc à la rencontre des différents visages du Peuple de Dieu dans cette région du Québec.

Message du pape François pour le carême 2019

Vous trouverez ci-dessous le texte complet du Message du pape François pour le Carême 2019 (CNS photo/Stefano Rellandini, Reuters):

«La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu» (Rm 8,19)

Chers frères et sœurs,
Chaque année, Dieu, avec le secours de notre Mère l’Eglise, « accorde aux chrétiens de se préparer aux fêtes pascales dans la joie d’un cœur purifié » (Préface de Carême 1) pour qu’ils puissent puiser aux mystères de la rédemption, la plénitude offerte par la vie nouvelle dans le Christ. Ainsi nous pourrons cheminer de Pâques en Pâques jusqu’à la plénitude du salut que nous avons déjà reçue grâce au mystère pascal du Christ : « Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance » (Rm 8,24). Ce mystère de salut, déjà à l’œuvre en nous en cette vie terrestre, se présente comme un processus dynamique qui embrasse également l’Histoire et la création tout entière. Saint Paul le dit : « La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu » (Rm8,19). C’est dans cette perspective que je souhaiterais offrir quelques points de réflexion pour accompagner notre chemin de conversion pendant le prochain carême.

1. La rédemption de la Création

La célébration du Triduum pascal de la passion, mort et résurrection du Christ, sommet de l’année liturgique, nous appelle, chaque fois, à nous engager sur un chemin de préparation, conscients que notre conformation au Christ (cf. Rm 8,29) est un don inestimable de la miséricorde de Dieu.

Si l’homme vit comme fils de Dieu, s’il vit comme une personne sauvée qui se laisse guider par l’Esprit Saint (cf. Rm 8,14) et sait reconnaître et mettre en œuvre la loi de Dieu, en commençant par celle qui est inscrite en son cœur et dans la nature, alors il fait également du bien à la Création, en coopérant à sa rédemption. C’est pourquoi la création, nous dit Saint Paul, a comme un désir ardent que les fils de Dieu se manifestent, à savoir que ceux qui jouissent de la grâce du mystère pascal de Jésus vivent pleinement de ses fruits, lesquels sont destinés à atteindre leur pleine maturation dans la rédemption du corps humain. Quand la charité du Christ transfigure la vie des saints – esprit, âme et corps –, ceux-ci deviennent une louange à Dieu et, par la prière, la contemplation et l’art, ils intègrent aussi toutes les autres créatures, comme le confesse admirablement le « Cantique des créatures » de saint François d’Assise (cf. Enc. Laudato Sì, n. 87). En ce monde, cependant, l’harmonie produite par la rédemption, est encore et toujours menacée par la force négative du péché et de la mort.

2. La force destructrice du péché

En effet, lorsque nous ne vivons pas en tant que fils de Dieu, nous mettons souvent en acte des comportements destructeurs envers le prochain et les autres créatures, mais également envers nous-mêmes, en considérant plus ou moins consciemment que nous pouvons les utiliser selon notre bon plaisir. L’intempérance prend alors le dessus et nous conduit à un style de vie qui viole les limites que notre condition humaine et la nature nous demandent de respecter. Nous suivons alors des désirs incontrôlés que le Livre de la Sagesse attribue aux impies, c’est-à-dire à ceux qui n’ont pas Dieu comme référence dans leur agir, et sont dépourvus d’espérance pour l’avenir (cf. 2,1-11). Si nous ne tendons pas continuellement vers la Pâque, vers l’horizon de la Résurrection, il devient clair que la logique du « tout et tout de suite », du « posséder toujours davantage » finit par s’imposer.

La cause de tous les maux, nous le savons, est le péché qui, depuis son apparition au milieu des hommes, a brisé la communion avec Dieu, avec les autres et avec la création à laquelle nous sommes liés avant tout à travers notre corps. La rupture de cette communion avec Dieu a également détérioré les rapports harmonieux entre les êtres humains et l’environnement où ils sont appelés à vivre, de sorte que le jardin s’est transformé en un désert (cf. Gn 3,17-18). Il s’agit là du péché qui pousse l’homme à se tenir pour le dieu de la création, à s’en considérer le chef absolu et à en user non pas pour la finalité voulue par le Créateur mais pour son propre intérêt, au détriment des créatures et des autres.

Quand on abandonne la loi de Dieu, la loi de l’amour, c’est la loi du plus fort sur le plus faible qui finit par s’imposer. Le péché qui habite dans le cœur de l’homme (cf. Mc 7, 20-23) – et se manifeste sous les traits de l’avidité, du désir véhément pour le bien-être excessif, du désintérêt pour le bien d’autrui, et même souvent pour le bien propre – conduit à l’exploitation de la création, des personnes et de l’environnement, sous la motion de cette cupidité insatiable qui considère tout désir comme un droit, et qui tôt ou tard, finira par détruire même celui qui se laisse dominer par elle.

3. La force de guérison du repentir et du pardon

C’est pourquoi la création a un urgent besoin que se révèlent les fils de Dieu, ceux qui sont devenus “une nouvelle création” : « Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né » (2 Co 5,17). En effet, grâce à leur manifestation, la création peut elle aussi « vivre » la Pâque : s’ouvrir aux cieux nouveaux et à la terre nouvelle (cf. Ap 21,1). Le chemin vers Pâques nous appelle justement à renouveler notre visage et notre cœur de chrétiens à travers le repentir, la conversion et le pardon afin de pouvoir vivre toute la richesse de la grâce du mystère pascal.

Cette “impatience ”, cette attente de la création, s’achèvera lors de la manifestation des fils de Dieu, à savoir quand les chrétiens et tous les hommes entreront de façon décisive dans ce “labeur” qu’est la conversion. Toute la création est appelée, avec nous, à sortir « de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu » (Rm 8,21). Le carême est un signe sacramentel de cette conversion. Elle appelle les chrétiens à incarner de façon plus intense et concrète le mystère pascal dans leur vie personnelle, familiale et sociale en particulier en pratiquant le jeûne, la prière et l’aumône.

Jeûner, c’est-à-dire apprendre à changer d’attitude à l’égard des autres et des créatures : de la tentation de tout “ dévorer” pour assouvir notre cupidité, à la capacité de souffrir par amour, laquelle est capable de combler le vide de notre cœur. Prier afin de savoir renoncer à l’idolâtrie et à l’autosuffisance de notre moi, et reconnaître qu’on a besoin du Seigneur et de sa miséricorde.Pratiquer l’aumône pour se libérer de la sottise de vivre en accumulant toute chose pour soi dans l’illusion de s’assurer un avenir qui ne nous appartient pas. Il s’agit ainsi de retrouver la joie du dessein de Dieu sur la création et sur notre cœur, celui de L’aimer, d’aimer nos frères et le monde entier, et de trouver dans cet amour le vrai bonheur.

Chers frères et sœurs, le « carême » du Fils de Dieu a consisté à entrer dans le désert de la création pour qu’il redevienne le jardin de la communion avec Dieu, celui qui existait avant le péché originel (cf. Mc 1,12-13 ; Is 51,3). Que notre Carême puisse reparcourir le même chemin pour porter aussi l’espérance du Christ à la création, afin qu’« elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, puisse connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu » (cf. Rm 8,21). Ne laissons pas passer en vain ce temps favorable ! Demandons à Dieu de nous aider à mettre en œuvre un chemin de vraie conversion. Abandonnons l’égoïsme, le regard centré sur nous-mêmes et tournons-nous vers la Pâque de Jésus : faisons-nous proches de nos frères et sœurs en difficulté en partageant avec eux nos biens spirituels et matériels. Ainsi, en accueillant dans le concret de notre vie la victoire du Christ sur le péché et sur la mort, nous attirerons également sur la création sa force transformante.

Du Vatican, le 4 octobre 2018 Fête de Saint François d’Assise.

[00312-FR.01] [Texte original: Français]

Testo in lingua inglese

FRANÇOIS

Église en Sortie 11 janvier 2019

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit Julian Paparella, participant au Synode sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel » ainsi que Mgr Lionel Gendron p.s.s., évêque de Saint-Jean-Longueuil et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, et on vous présente la première chronique des actualités de la rue 2019 avec l’abbé Claude Paradis.

Une Église à genoux pour un avenir meilleur

Photo crédit: CNS photo/Stefano Rellandini, Reuters

Comme nous l’avons vu la semaine dernière, la publication du document de la CECC intitulé « Protection des personnes mineures contre les abus sexuels » est une véritable démarche de contrition. Suivant la définition du catéchisme de l’Église catholique, la contrition est « une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir » (CEC no 1451). Nécessaire à la validité du sacrement du pardon, elle n’en est pas moins importante dans nos démarches de réconciliation et personnelle et institutionnelle. Qu’est-ce qui nous permet de dire cela ? C’est ce que nous examinerons aujourd’hui.

Une réelle détestation du péché

Le document présente une série de « leçons » tirées des expériences passées qui, très souvent par manque de connaissance et d’expertise dans le domaine, ont pu mener à une mauvaise gestion de ces graves délits. Il est d’abord important de mentionner que ces crimes furent toujours considérés par l’Église comme des péchés graves. La sensibilité particulière de nos sociétés contre ces abus trouve d’ailleurs son origine dans une conception morale héritée du christianisme. Nous pouvons donc conclure que les mauvaises gestions du passé sont dues en grande partie à une inauthenticité structurelle (p.54) ou, en d’autres termes, en une mauvaise application par l’Église de ses propres principes.

À partir de cette prise de conscience renouvelée de la gravité morale, psychologique, sociologique et spirituelle de ces péchés d’abus sexuel, les évêques canadiens n’hésitent pas à utiliser les grands moyens pour évacuer tous les délinquants passés et ceux qui pourraient encore se trouver en son sein.

« L’expérience a appris à tous qu’il est essentiel de maintenir une attitude de « tolérance zéro ». Cette attitude s’exprime par des politiques et des programmes qui sont conçus pour que chaque allégation d’agression sexuelle soit considérée avec le plus grand sérieux et qu’aucun incident ne soit toléré; elle manifeste clairement qu’aucune personne qui a commis des abus sexuels à l’endroit d’une personne mineure n’exercera un ministère actif. » (p.39)

L’Église n’étant pas uniquement composée de membres du clergé, le document précise que cette « tolérance zéro à l’égard des abus s’étend à tout le personnel de l’Église – clergé, religieux et laïcs – et a élargi la portée des politiques de prévention pour englober tout le personnel et les bénévoles qui travaillent dans des établissements d’Église ou au nom de l’Église » (p.39).

Fermes résolutions pour l’avenir

Comme c’est le cas pour la société toute entière, l’Église catholique est dans une démarche de reconsidération culturelle et institutionnelle pour faire en sorte que plus jamais ne se produisent de tels actes en totale contradiction avec sa raison d’être même. Comment cette « purification pastorale profonde » (p.55) pourra-t-elle s’opérer ?  Le document de la CECC offre en ce sens beaucoup de pistes de solutions afin que des réformes structurelles et culturelles soient apportées. Parmi les leçons prises au court des expériences des dernières décennies, les pasteurs proposent plusieurs réflexions en lien avec une meilleure formation des leaders dans l’Église. Malheureusement souvent négligée par les organismes décisionnels à tous les niveaux de la société, l’Église montre du leadership en la matière en manifestant la centralité de mesures effectives à long terme. Elle n’en demeure pas moins consciente des besoins nécessitant une action immédiate.

En effet : « L’expérience canadienne sur les abus sexuels a conscientisé les dirigeants de l’Église au besoin de prendre les plaintes au sérieux et d’y donner suite immédiatement et efficacement » (p.33.). Pour ce faire, une série de recommandations sont faites aux évêques. Établissement de protocoles clairs de protection des mineurs, constitution de comité consultatif, entière collaboration avec les autorités civiles, respect de la présomption d’innocente (p.35-36), information de la population dans les meilleurs délais voilà quelques exemples manifestant le sérieux de la démarche de la Conférence des évêques catholiques du Canada en cette matière.

Une Église qui donne l’exemple

L’expérience douloureuse et « honteuse » de la grande majorité des membres de l’Église face à ce scandale des abus sexuels ne doit pas nous décourager et nous rendre cyniques face à cette Institution aussi divine qu’humaine. Elle doit plutôt être assumée à la lumière de la croix du Christ, de Celui qui s’est fait pécheur pour nous délivrer de la mort à laquelle nous étions tous condamnés. Au-delà de cette vision surnaturelle, qui est toujours la plus importante, nous devons également utiliser cette souffrance non seulement comme force de proximité avec les victimes mais également comme force de propulsion dans l’engagement à éradiquer cette plaie ouverte de l’incohérence morale qui manifeste aujourd’hui toute sa force de destruction.

À l’heure où l’ensemble des institutions, qu’elles soient corporatives, syndicales, gouvernementales, artistiques, coopératives, etc., découvrent les unes après les autres les injustices commises par le passé et la profondeur de la crise des abus sexuels à l’échelle globale, le monde entier attend de l’Église un leadership en la matière. Une opportunité s’offre donc aux catholiques afin qu’ils prennent « le taureau par les cornes » et qu’ils donnent l’exemple d’une gestion irréprochable et professionnelle à la hauteur des principes évangéliques que le Christ nous a confié.

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