Audience générale du pape François – mercredi 17 avril 2024

Une allégorie de la tempérance. Marco Liberi. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François s’est penché sur la vertu de tempérance ou de « modération ». Il a précisé qu’il s’agit de « la capacité de maîtrise de soi, l’art de ne pas se laisser envahir par les passions rebelles, d’établir l’ordre dans le ‘fouillis du cœur humain’. »

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je parlerai de la quatrième et dernière vertu cardinale : la tempérance. Avec les trois autres, cette vertu partage une histoire très ancienne qui n’est pas l’apanage des seuls chrétiens. Pour les Grecs, la pratique des vertus avait comme objectif le bonheur. Le philosophe Aristote a écrit son plus important traité d’éthique en l’adressant à son fils Nicomaque pour l’instruire sur l’art de vivre. Comment se fait-il que tout le monde recherche le bonheur et que si peu y parviennent ? Voici la question. Pour répondre à cette question, Aristote aborde le thème des vertus, parmi lesquelles l’enkráteia, c’est-à-dire la tempérance, occupe une place de choix. Le terme grec signifie littéralement « pouvoir sur soi-même ». La tempérance est un pouvoir sur soi-même. Cette vertu est donc la capacité de se dominer soi-même, l’art de ne pas se laisser envahir par des passions rebelles, de mettre de l’ordre dans ce que Manzoni appelle le « fouillis du cœur humain ».

Le Catéchisme de l’Église Catholique nous dit que «la tempérance est la vertu morale qui modère l’attrait des plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés ». Et poursuis le Catéchisme, « Elle assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté. La personne tempérante oriente vers le bien ses appétits sensibles, garde une saine discrétion et ne se laisse pas entraîner pour suivre les passions de son cœur » (n° 1809).

Ainsi, la tempérance, comme le dit la parole italienne, est la vertu de la juste mesure. Dans toutes les situations, on se comporte avec sagesse, car les personnes qui agissent toujours sous le coup de l’impulsion ou de l’exubérance ne sont finalement pas fiables. Les personnes sans tempérance ne sont pas toujours fiables. Dans un monde où tant de gens se vantent de dire ce qu’ils pensent, le tempérant préfère au contraire penser ce qu’il dit. Saisissez-vous la différence ? Ne pas dire ce qui me vient à l’esprit, ainsi… Non, penser à ce que je dois dire. Il ne fait pas de promesses en l’air, mais prend des engagements dans la mesure où il peut les tenir.

Même avec les plaisirs, la personne tempérante agit avec discernement. Le libre cours des pulsions et la licence totale accordée aux plaisirs finissent par se retourner contre nous-mêmes, nous plongeant dans l’ennui. Combien de personnes qui ont voulu tout essayer avec voracité se sont retrouvées à perdre le goût de toute chose ! Mieux vaut alors rechercher la juste mesure : par exemple, pour apprécier un bon vin, mieux vaut le savourer par petites gorgées que de l’avaler d’un trait. Tous nous le savons.

La personne tempérante sait bien peser et doser les paroles. Elle pense à ce qu’elle dit. Elle ne laisse pas un moment de colère détruire des relations et des amitiés qui ne se reconstruiront que difficilement par la suite. En particulier dans la vie de famille, où les inhibitions sont réduites, nous courons tous le risque de ne pas maîtriser les tensions, les irritations et la colère. Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire, mais dans les deux cas, il faut savoir garder la mesure. Et cela vaut pour beaucoup de choses, par exemple être avec d’autres et rester seul.

Si la personne tempérante sait maîtriser sa propre irascibilité, ce n’est pas pour cela qu’on la verra toujours avec un visage paisible et souriant. En effet, il est parfois nécessaire de s’indigner, mais toujours de la manière juste. Ce sont là les termes : la juste mesure, la juste manière. Une parole de reproche est parfois plus salutaire qu’un silence aigre et rancunier. La personne tempérante sait que rien n’est plus désagréable que de corriger l’autre, mais elle sait aussi que c’est nécessaire : sinon, on donnerait libre cours au mal. Dans certains cas, la personne tempérante parvient à tenir ensemble les extrêmes : elle affirme des principes absolus, revendique des valeurs non négociables, mais sait aussi comprendre les gens et faire preuve d’empathie à leur égard. Elle fait preuve d’empathie.

Le don de la personne tempérante est donc l’équilibre, une qualité aussi précieuse que rare. Tout, en effet, dans notre monde, pousse à l’excès. Au contraire, la tempérance se marie bien avec des attitudes évangéliques telles que la petitesse, la discrétion, la dissimulation, la douceur. Qui est tempérant apprécie l’estime des autres, mais n’en fait pas le seul critère de chacun de ses actes et de chacune de ses paroles. Il est sensible, sait pleurer et n’en a pas honte, mais il ne pleure pas sur lui-même. Vaincu, il se relève ; victorieux, il est capable de retourner à la vie cachée de toujours. Il ne cherche pas les applaudissements, mais sait qu’il a besoin des autres.

Frères et sœurs, il n’est pas vrai que la tempérance rende maussade et sans joie. Au contraire, elle permet de mieux savourer les biens de la vie : être ensemble à table, la tendresse de certaines amitiés, la confiance des personnes sages, l’émerveillement devant les beautés de la création. Le bonheur dans la tempérance est une joie qui fleurit dans le cœur de ceux qui reconnaissent et valorisent ce qui compte le plus dans la vie. Prions le Seigneur de nous faire ce don : le don de la maturité, de la maturité de l’âge, de la maturité affective, de la maturité sociale. Le don de la tempérance.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 10 avril 2024

Photo Pexels

Lors de l’audience générale hebdomadaire, le pape François a réfléchi à la vertu de force d’âme. Il a souligné que « les passions » « ne sont pas nécessairement le résidu d’un péché, mais elles doivent être éduquées, canalisées, purifiées par l’eau du baptême ou, mieux encore, par le feu de l’Esprit Saint. »

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Chers frères et sœurs, bonjour !

La catéchèse d’aujourd’hui est consacrée à la troisième des vertus cardinales, à savoir la force d’âme. Commençons par la description qu’en donne le Catéchisme de l’Église Catholique : « La force est la vertu morale qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien. Elle affermit la résolution de résister aux tentations et de surmonter les obstacles dans la vie morale. La vertu de force rend capable de vaincre la peur, même de la mort, d’affronter l’épreuve et les persécutions. » (n. 1808). Ainsi déclare le Catéchisme de l’Église Catholique à propos de la vertu de la force d’âme.

Voici donc la plus « combative » des vertus. Alors que la première des vertus cardinales, la prudence, est d’abord associée à la raison de l’homme, et que la justice trouve sa place dans la volonté, cette troisième vertu, la force d’âme, est souvent rattachée par les auteurs scolastiques à ce que les anciens nommaient « l’appétit irascible ». La pensée antique n’imaginait pas un homme sans passions : ce serait une pierre. Et les passions ne sont pas nécessairement le résidu d’un péché, mais elles doivent être éduquées, elles doivent être dirigées, elles doivent être purifiées par l’eau du baptême, ou mieux par le feu de l’Esprit Saint. Un chrétien sans courage, qui ne plie pas ses propres forces au bien, qui ne dérange personne, est un chrétien inutile. Pensons-y ! Jésus n’est pas un Dieu diaphane et aseptisé, qui ne connaît pas les émotions humaines. Au contraire, face à la mort de son ami Lazare, il fond en larmes. Devant la mort de son ami Lazare, il fond en larmes ; et dans certaines expressions transparaît son âme passionnée, comme lorsqu’il dit : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49) ; et face au commerce dans le temple, il réagit vivement (cf. Mt 21,12-13). Jésus avait de la passion.

Mais cherchons maintenant une description existentielle de cette vertu très importante qui nous aide à porter du fruit dans la vie. Les anciens – tant les philosophes grecs que les théologiens chrétiens – reconnaissaient dans la vertu de force d’âme un double mouvement, un passif e un autre actif.

Le premier est orienté vers l’intérieur de nous-mêmes. Il y a des ennemis intérieurs que nous devons vaincre, qui ont pour nom anxiété, angoisse, peur, culpabilité : autant de forces qui s’agitent au plus profond de nous-mêmes et qui, dans certaines situations, nous paralysent. Combien de combattants succombent avant même d’avoir commencé le défi ! Pourquoi ne se rendent-ils pas compte de ces ennemis internes. La force d’âme est avant tout une victoire contre nous-mêmes. La plupart des peurs qui surgissent en nous sont irréalistes et ne se réalisent pas du tout. Mieux vaut alors invoquer l’Esprit Saint et tout affronter avec une patiente force d’âme : un problème à la fois, comme nous le pouvons, mais pas seuls ! Le Seigneur est avec nous, si nous lui faisons confiance et cherchons sincèrement le bien. Alors, dans chaque situation, nous pouvons compter sur la providence de Dieu qui nous sert de bouclier et d’armure.

Et puis le second mouvement de la vertu de force d’âme, de nature plus active cette fois. Aux épreuves intérieures s’ajoutent les ennemis extérieurs, que sont les épreuves de la vie, les persécutions, les difficultés auxquelles on ne s’attendait pas et qui nous surprennent. En effet, nous pouvons essayer de prévoir ce qui va nous arriver, mais la réalité est en grande partie faite d’événements impondérables, et dans cette mer, notre bateau est parfois ballotté par les vagues. La force d’âme fait alors de nous des marins résistants, qui ne s’effraient pas et ne se découragent pas.

La force d’âme est une vertu fondamentale parce qu’elle prend au sérieux le défi du mal dans le monde. Certains prétendent qu’il n’existe pas, que tout va bien, que la volonté humaine n’est pas parfois aveugle, que dans l’histoire il n’existe pas des forces obscures porteuses de mort. Mais il suffit de feuilleter un livre d’histoire, ou malheureusement même les journaux, pour découvrir les actes néfastes dont nous sommes en partie victimes et en partie protagonistes : guerres, violences, esclavage, oppression des pauvres, des blessures jamais guéries et qui saignent encore. La vertu de force nous fait réagir et crier un « non », un « non » catégorique à tout cela. Dans notre Occident confortable, qui a quelque peu édulcoré les choses, qui a transformé le chemin de la perfection en un simple développement organique, qui n’a pas besoin de lutter parce que tout lui semble identique, nous ressentons parfois une saine nostalgie des prophètes. Mais elles sont très rares les personnes inconfortables et visionnaires. Il faut que quelqu’un nous sorte de la mollesse dans laquelle nous nous sommes installés et nous fasse répéter résolument notre « non » au mal et à tout ce qui conduit à l’indifférence. « Non » au mal et « non » à l’indifférence ; « oui » au cheminement, au cheminement qui nous fait avancer, et pour cela nous devons lutter.

Redécouvrons donc dans l’Évangile la force d’âme de Jésus et apprenons-la du témoignage des saints et des saintes. Merci !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 3 avril 2024

Statue de la justice par John van Nost le Jeune sur la porte de la justice, château de Dublin. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François s’est penché sur la vertu de justice ou de droiture. Il a déclaré que « le juste est droit, simple et direct ; il ne porte pas de masques, il se présente tel qu’il est, il dit la vérité. Les mots « merci » reviennent souvent sur ses lèvres : il sait que, quelle que soit notre générosité, nous restons toujours redevables à notre prochain. Si nous aimons, c’est aussi parce que nous avons été aimés les premiers. »

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Nous voici arrivés à la deuxième des vertus cardinales: aujourd’hui nous parlerons de la justice. C’est la vertu sociale par excellence. Le Catéchisme de l’Eglise catholique la définit ainsi: «La vertu morale qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû» (n. 1807). Telle est la justice. Souvent, lorsqu’on évoque la justice, on cite également la devise qui la représente: «unicuique suum », à savoir, à «chacun son droit». C’est la vertu du droit, qui cherche à réglementer avec équité les relations entre les personnes.

Elle est représentée de façon allégorique par la balance, car elle se propose d’«équilibrer les comptes» entre les hommes, surtout lorsqu’ils risquent d’être faussés par un déséquilibre. Son but est que, dans une société, chacun soit traité selon sa dignité. Mais les anciens maîtres enseignaient déjà que cela nécessite également d’autres attitudes vertueuses, telles que la bienveillance, le respect, la gratitude, l’affabilité, l’honnêteté: des vertus qui contribuent à une bonne coexistence entre les personnes. La justice est une vertu pour une bonne coexistence entre les personnes.

Nous comprenons tous que la justice est fondamentale pour la coexistence pacifique dans la société: un monde sans lois qui respectent les droits serait un monde dans lequel il est impossible de vivre, il ressemblerait à une jungle. Sans justice, il n’y a pas de paix. Sans justice, il n’y a pas de paix. En effet, si la justice n’est pas respectée, cela engendre des conflits. Sans justice, on consacre la loi de la domination du plus fort sur les faibles, et cela n’est pas juste.

Mais la justice est une vertu qui agit aussi bien dans les grandes choses que dans les petites choses: elle ne concerne pas seulement les salles d’audience des tribunaux, mais aussi l’éthique qui caractérise notre vie quotidienne. Elle établit des relations sincères avec les autres: elle réalise le précepte de l’Evangile, selon lequel le discours chrétien doit être: «“Oui? oui”, “Non? non”: ce qu’on dit de plus vient du Mauvais» (Mt 5, 37). Les demi-vérités, les discours subtils qui cherchent à tromper le prochain, les réticences qui cachent les véritables intentions, ne sont pas des attitudes conformes à la justice. L’homme juste est droit, simple et franc, il ne porte pas de masque, il se présente tel qu’il est, il a un franc parler. Le mot «merci» est souvent sur ses lèvres: il sait que, quel que soit notre effort pour être généreux, nous restons toujours redevables à l’égard de notre prochain. Si nous aimons, c’est aussi parce que nous avons été aimés auparavant.

Dans la tradition, on trouve d’innombrables descriptions de l’homme juste. Voyons-en quelques-unes. L’homme juste vénère les lois et les respecte, sachant qu’elles constituent une barrière qui protège les faibles de l’arrogance des puissants. L’homme juste ne se préoccupe pas seulement de son propre bien-être individuel, mais il veut le bien de toute la société. C’est pourquoi il ne cède pas à la tentation de ne penser qu’à lui-même et de s’occuper de ses propres affaires, aussi légitimes soient-elles, comme s’il s’agissait de la seule chose qui existe au monde. La vertu de la justice rend évident — et met dans le cœur l’exigence — qu’il ne peut y avoir de vrai bien pour moi s’il n’y a pas aussi le bien de tous.

C’est pourquoi l’homme juste veille sur son propre comportement, afin qu’il ne soit pas préjudiciable aux autres: s’il commet une erreur, il s’excuse. L’homme juste s’excuse toujours. Dans certaines situations, il va jusqu’à sacrifier son bien personnel pour le mettre à la disposition de la communauté. Il souhaite une société ordonnée, où ce sont les personnes qui donnent du lustre aux fonctions, et non les fonctions qui donnent du lustre aux personnes. Il déteste les recommandations et n’échange pas de faveurs. Il aime la responsabilité et est exemplaire dans la vie et la promotion de la légalité. En effet, telle est la voie de la justice, l’antidote à la corruption: combien il est important d’éduquer les gens, en particulier les jeunes, à la culture de la légalité! C’est le moyen de prévenir le cancer de la corruption et d’éradiquer le crime, en ôtant le sol sous ses pieds.

De plus, le juste évite les comportements nuisibles tels que la calomnie, le faux témoignage, la fraude, l’usure, la moquerie, la malhonnêteté. Le juste maintient la parole donnée, rend ce qu’il a emprunté, reconnaît un juste salaire à tous les ouvriers — un homme qui ne reconnaît pas le juste salaire à ses ouvriers n’est pas juste, il est injuste —, il veille à ne pas porter de jugements téméraires sur les autres, il défend la réputation et la bonne renommée des autres.

Nul ne sait si, dans notre monde, les hommes justes sont aussi nombreux ou aussi rares que les perles précieuses. Mais ce sont des hommes qui attirent la grâce et les bénédictions tant sur eux-mêmes que sur le monde dans lequel ils vivent. Ce ne sont pas des perdants par rapport à ceux qui sont «malins et rusés», car, comme le dit l’Ecriture, «qui poursuit la justice et la miséricorde trouvera vie, justice et honneur» (Pr 21, 21). Les justes ne sont pas des moralistes qui revêtent les habits du censeur, mais des personnes droites qui «sont affamées et assoiffées de la justice» (Mt 5, 6), des rêveurs qui gardent dans leur cœur le désir d’une fraternité universelle. Et de ce rêve, spécialement aujourd’hui, nous avons tous un grand besoin. Nous avons besoin d’être des hommes et des femmes justes, et cela nous rendra heureux.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 27 mars 2024

Triptyque avec la Passion du Christ, Metropolitan Museum of Art. Wikimedia Commons.

Lors de l’audience générale du mercredi de la semaine sainte, le pape François s’est penché sur la vertu de patience. Il a déclaré que la souffrance et la mort du Christ « nous indiquent que [sa] patience ne consiste pas en une résistance stoïque à la souffrance, mais qu’elle est le fruit d’un amour plus grand. »

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Aujourd’hui, l’audience était prévue sur la place, mais en raison de la pluie, elle a été transférée à l’intérieur. C’est vrai que vous serez un peu tassés, mais au moins, vous ne serez pas mouillés. Merci pour votre patience. Dimanche dernier, nous avons écouté le récit de la Passion du Seigneur. Aux souffrances qu’il endure, Jésus répond par une vertu qui, bien qu’elle ne soit pas comptée parmi les vertus traditionnelles, est très importante: la vertu de la patience. La patience, hein! Il s’agit de supporter ce que l’on endure: ce n’est pas un hasard si la patience a la même racine que la passion. Et c’est précisément dans la Passion qu’apparaît la patience du Christ, qui accepte avec douceur et mansuétude d’être arrêté, giflé et injustement condamné; devant Pilate, il ne récrimine pas; il supporte les insultes, les crachats et les flagellations des soldats; il supporte le poids de la croix; il pardonne à ceux qui le clouent au bois et, sur la croix, il ne répond pas aux provocations, mais offre la miséricorde. Voilà la patience de Jésus. Tout cela nous dit  que la patience de Jésus ne consiste pas en une résistance stoïque à la souffrance, mais qu’elle est le fruit d’un amour plus grand.

L’apôtre Paul, dans l’«Hymne à la charité» (cf. 1 Co 13, 4-7), associe étroitement l’amour et la patience. En effet, pour décrire la première qualité de la charité, il utilise un mot qui se traduit par «magnanime» ou «patient». La charité est magnanime, elle est patiente. Elle exprime un concept surprenant, qui revient souvent dans la Bible: Dieu, face à notre infidélité, se montre «lent à la colère» (cf. Ex 34, 6; cf. Nm 14, 18): au lieu d’exprimer son dégoût pour le mal et le péché de l’homme, il se révèle plus grand, prêt à recommencer chaque fois avec une patience infinie. C’est pour Paul, le premier trait de l’amour de Dieu qui, face au péché, propose le pardon. Mais pas seulement: c’est le premier trait de tout grand amour, qui sait répondre au mal par le bien, qui ne s’enferme pas dans la colère et le découragement, mais qui persévère et qui repart. La patience qui recommence. Ainsi, à la racine de la patience se trouve l’amour, comme le dit saint Augustin: «L’on est d’autant plus fort pour supporter tout mal qu’en lui est plus grand l’amour de Dieu» (De patientia, XVII).

On pourrait donc dire qu’il n’y a pas de meilleur témoignage de l’amour de Jésus Christ que de rencontrer un chrétien patient. Mais pensons aussi à tous ces pères et mères de famille, ouvriers, médecins et infirmières, malades, qui chaque jour, dans l’ombre, gratifient le monde d’une sainte patience! Comme le dit l’Ecriture, «la patience vaut mieux que la force d’un héros» (Pr 16, 32). Mais soyons honnêtes: nous manquons souvent de patience. Dans la vie quotidienne, nous sommes tous impatients. Nous en avons besoin comme d’une «vitamine essentielle» pour vivre, mais il est instinctif pour nous de nous impatienter — s’impatienter est instinctif — et de répondre au mal par le mal: il est difficile de rester calmes, de contrôler nos instincts, de retenir les mauvaises réactions, de désamorcer les querelles et les conflits dans la famille, au travail, dans la communauté chrétienne. La réponse fuse immédiatement; nous ne sommes pas capables de rester patients.

Rappelons toutefois que la patience n’est pas seulement une nécessité, c’est un appel: si le Christ est patient, le chrétien est appelé à être patient. Cela nous appelle à aller à contre-courant de la mentalité aujourd’hui répandue, où dominent la précipitation et le «tout et tout de suite»; où, au lieu d’attendre que les situations mûrissent, on presse les personnes en espérant qu’elles changent instantanément. N’oublions pas que la précipitation et l’impatience sont les ennemies de la vie spirituelle: pourquoi?  Dieu est amour, et celui qui aime ne se lasse  pas, ne s’irrite pas, ne donne pas d’ultimatum,  Dieu est patient, Dieu sait attendre. Pensons à l’histoire du Père miséricordieux, qui attend son fils parti de la maison: il souffre avec patience, impatient uniquement de l’embrasser dès qu’il le voit revenir (cf. Lc 15, 21); ou bien pensons à la parabole du blé et de l’ivraie, avec le Seigneur qui ne s’empresse pas pour éradiquer le mal avant l’heure, pour que rien ne soit perdu (cf. Mt 13, 29-30). La patience nous fait tout sauver.

Mais, frères et sœurs, comment faire croître la patience? Puisqu’elle est, comme l’enseigne saint Paul, un fruit de l’Esprit Saint (cf. Ga 5, 22), il faut la demander précisément à l’Esprit du Christ. Il nous donne la douce force de la patience — la patience est une douce force —, car «c’est le propre de la vertu chrétienne non seulement de faire le bien, mais aussi de savoir supporter le mal» (Saint Augustin, Discours, 46, 13). Spécialement en ces jours, cela nous fera du bien de contempler le Crucifié pour assimiler sa patience. Un bon exercice consiste également à lui présenter les personnes les plus ennuyeuses, en lui demandant la grâce de pratiquer à leur égard cette œuvre de miséricorde si connue et si omise: supporter patiemment les personnes incommodantes. Et cela n’est pas facile. Pensons — je le répète à présent — si nous faisons cela: supporter patiemment les personnes incommodantes. Cela commence par demander de les regarder avec compassion, avec le regard de Dieu, en sachant distinguer leurs visages de leurs erreurs. Nous avons l’habitude de cataloguer les personnes selon les erreurs qu’elles commettent. Non, cela n’est pas bien. Cherchons les personnes selon leur visage, leur cœur, et non leurs erreurs.

Enfin, pour cultiver la patience, vertu qui donne du souffle à la vie, il est bon d’élargir son regard. Par exemple, en ne limitant pas le champ du monde à nos propres difficultés, comme nous y invite l’Imitation du Christ. Et qui dit: «Il faut donc que tu te souviennes des plus grandes souffrances des autres, pour apprendre à supporter les tiennes, qui sont petites», en se rappelant qu’«il n’y a pas de chose, si petite soit-elle, pourvu qu’elle soit supportée pour l’amour de Dieu, qui passe sans récompense auprès de Dieu» (III, 19). Et encore, lorsque nous nous sentons en proie à l’épreuve, comme l’enseigne Job, il est bon de s’ouvrir avec espérance à la nouveauté de Dieu, dans la ferme confiance qu’Il ne laissera pas nos attentes être déçues. Patience, et savoir supporter les maux.

Et ici, aujourd’hui, à cette audience, il y a deux personnes, deux pères. Ce sont les premiers: un israélien et un arabe. Tous deux ont perdu leurs filles dans cette guerre et tous deux sont amis; ils ne regardent pas l’inimitié de la guerre, mais ils regardent l’amitié de deux hommes qui s’aiment, et qui  sont passés par la même crucifixion. Pensons à ce témoignage si beau de ces deux personnes qui ont souffert à travers leurs filles de la guerre en Terre Sainte. Chers frères, merci pour votre témoignage.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 20 mars 2024

Prudencia, avec un livre, s’adresse à huit jeunes femmes assises sur le sol. Wellcome Images, Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a poursuivi son cycle de réflexions sur les vices et les vertus, en abordant la vertu cardinale de « prudence ». Il a rappelé que « la personne prudente est créative : elle raisonne, évalue, essaie de comprendre la complexité de la réalité et ne se laisse pas submerger par les émotions, l’oisiveté, les pressions et les illusions. »

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

La catéchèse d’aujourd’hui est consacrée à la vertu de la prudence. Avec la justice, la force d’âme et la tempérance, elle forme ce que l’on appelle les vertus cardinales, qui ne sont pas l’apanage des chrétiens, mais appartiennent au patrimoine de la sagesse antique, en particulier des philosophes grecs. C’est pourquoi l’un des thèmes les plus intéressants du travail de rencontre et d’inculturation fut précisément celui des vertus.

Dans les écrits médiévaux, la présentation des vertus n’est pas une simple énumération des qualités positives de l’âme. Reprenant les auteurs classiques à la lumière de la révélation chrétienne, les théologiens ont imaginé le septénaire des vertus – les trois théologales et les quatre cardinales – comme une sorte d’organisme vivant, où chaque vertu a un espace harmonieux à occuper. Il y a des vertus essentielles et des vertus accessoires, comme des piliers, des colonnes et des chapiteaux. Ici, rien de tel peut-être que l’architecture d’une cathédrale médiévale pour restituer l’idée de l’harmonie qui existe dans l’homme et de son attrait perpétuel vers le bien.

Commençons donc par la prudence. Ce n’est pas la vertu de la personne craintive, toujours hésitante quant à l’action à entreprendre. Non, c’est une interprétation erronée. Il ne s’agit pas non plus de la simple prudence. Accorder la primauté à la prudence signifie que l’action de l’homme est entre les mains de son intelligence et de sa liberté. La personne prudente est créative : elle raisonne, évalue, cherche à comprendre la complexité de la réalité et ne se laisse pas submerger par les émotions, la paresse, les pressions, les illusions.

Dans un monde dominé par les apparences, les pensées superficielles et la banalité du bien et du mal, l’antique leçon de prudence mérite d’être retrouvée.

Saint Thomas, dans le sillage d’Aristote, l’appelait « recta ratio agibilium ». C’est la capacité de gouverner les actions pour les orienter vers le bien, d’où son surnom de « cocher des vertus ». Prudent est celui ou celle qui sait choisir : tant qu’elle reste dans les livres, la vie est toujours facile, mais au milieu des vents et des vagues de la vie quotidienne, c’est une autre affaire, nous sommes souvent incertains et ne savons pas quelle direction prendre. Celui qui est prudent ne choisit pas au hasard : il sait d’abord ce qu’il veut, puis il réfléchit aux situations, se fait conseiller et, avec une vision large et une liberté intérieure, il choisit la voie à suivre. Certes, cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas faire d’erreurs, après tout nous restons des êtres humains, mais au moins il évitera les dérapages majeurs. Malheureusement, dans tous les milieux, il y a ceux qui ont tendance à écarter les problèmes par des plaisanteries superficielles ou à toujours susciter la controverse. La prudence, en revanche, est la qualité de qui est appelé à gouverner : il sait qu’administrer est difficile, qu’il y a de nombreux points de vue et qu’il faut essayer de les harmoniser, qu’il faut faire le bien non pas de quelques-uns mais de tous.

La prudence enseigne aussi que, comme on dit,  » le mieux est l’ennemi du bien « . Trop de zèle, en effet, dans certaines situations, peut provoquer du désastre : peut ruiner une construction qui aurait nécessité de la méthode ; peut générer des conflits et des incompréhensions ; peut même déclencher des violences.

La personne prudente sait conserver la mémoire du passé, non pas parce qu’elle a peur de l’avenir, mais parce qu’elle sait que la tradition est un patrimoine de sagesse. La vie est faite d’un chevauchement constant de choses anciennes et de choses nouvelles, et il n’est pas bon de toujours penser que le monde commence avec nous, que nous devons aborder les problèmes en partant de zéro.  La personne prudente est également prévoyante. Une fois que l’on a décidé du but à atteindre, il faut se donner tous les moyens d’y parvenir.

De nombreux passages de l’Évangile nous aident à éduquer la prudence. Par exemple : est prudent celui qui bâtit sa maison sur le roc et imprudent celui qui la bâtit sur le sable (cf. Mt 7, 24-27). Sages sont les jeunes filles qui portent de l’huile pour leurs lampes et folles celles qui n’en portent pas (cf. Mt 25, 1-13). La vie chrétienne est une combinaison de simplicité et de discernement. Préparant ses disciples à la mission, Jésus leur recommande : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes » (Mt 10,16). Comme pour dire que Dieu ne veut pas seulement que nous soyons des saints, il veut que nous soyons des saints intelligents, parce que sans la prudence, c’est facile de s’égarer !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Église en Sortie 17 mai 2019

Cette semaine à Église en Sortie, on parle de leadership avec l’avocat et fondateur de l’Institut du leadership vertueux Alexandre Dianine-Havard. On vous présente un reportage sur la Marche nationale pour la vie 2019 à Ottawa. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis reçoit le chancelier de l’Archidiocèse de Montréal, l’abbé François Sarrazin pour parler de la 4 e édition du Code de droit canonique publiée aux éditions Wilson & Lafleur.

Reconnaissance des vertus héroïques du Cardinal Van Thuan

CNS photo/L’Osservatore Romano via EPA

Nguyen Van Thuan

Prisonnier politique du régime communiste pendant 13 ans, dont 9  en confinement, l’expérience de François Xavier Nguyen Van Thuan est un témoignage puissant de foi en l’Eucharistie, du pouvoir du pardon et de la valeur rédemptrice de la croix. Les textes spirituels du cardinal Van Thuan, spécialement ceux qu’il a écrits en prison où il célébrait la Messe en secret avec une goutte de vin dans la paume de sa main, ont fait le tour du monde et ont donné de l’espoir à des millions de personnes. Qui peut oublier les mots de saint Jean-Paul II à son propos  concluant  la retraite du carême de la Curie romaine en 2001 retraite  prêchée par le Cardinal Van Thuan lui-même :

« Avec la simplicité et le souffle de l’inspiration divine, il nous a guidés sur le chemin de l’approfondissement de notre vocation de témoins de l’espoir évangélique en ce début de troisième millénaire. Témoin de la croix durant ses longues années d’emprisonnement au Vietnam, il nous a fréquemment fait le récit de ses souffrances lorsqu’il était en prison et, ainsi, il nous a renforcés dans cette certitude consolante selon laquelle, lorsque tout s’écroule autour de nous, et même en nous, le Christ est notre support indéfectible. »

Au mois de septembre 2007, la cause de béatification du Cardinal Van Thuan fut ouverte à Rome. Comme prisonnier, il fut victime des pires tortures et d’une déshumanisation la plus complète. Toutefois, Van Thuan n’a jamais cessé d’aimer ses gardes de prison qui pourtant abusaient de lui. Certains des gardiens furent si touchés par son exemple qu’ils se convertirent plus tard au christianisme. Van Thuan écrit : « ni les armes, ni les menaces mais seul l’amour chrétien peut changer les cœurs… c’est l’amour qui prépare le chemin de l’annonce de l’Évangile. Omnia Vincit Amor, « L’amour peut tout conquérir ».

Télévision Sel + Lumière a produit un documentaire touchant sur la vie de ce saint homme dont la première mondiale a eu lieu au Congrès Eucharistique international de Québec en 2008. Ce film a contribué à répandre le message d’amour et d’espérance du cardinal Van Thuan. Dès lors que le pape François a signé le décret reconnaissant les vertus héroïques de cet extraordinaire homme de foi, François Xavier Nguyen Van Thuan, mort en 2002 à Rome,  est actuellement sur le chemin de la béatification et de la canonisation.

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