Hymne officiel des JMJ au Panama 2019

L’hymne des JMJ, caractérisé par une rythmique typique de la culture panaméenne, reprend le thème des JMJ choisi par le Pape « que tout m’advienne selon ta parole » (Lc. 1. 38). Ce chant de louange qui sera diffusé et chanté dans le monde entier a été écrit et composé par Abdiel JIMÉNEZ, auteur de plusieurs pièces de musique liturgique, et aussi membre de plusieurs chorales. Il a étudié à la Faculté de Sciences Religieuses de l’Université Catholique Santa María La Antigua. Une version française est à paraitre prochainement !

Le changement d’une vie…

Je suis une maman d’une fille d’un an, Emma, qui à ce jour s’épanouit et me montre ce qu’est la vie. J’ai toujours su qu’un enfant allait  changer ma vie d’une manière ou d’une autre, mais jamais je n’aurais cru que ça allait avoir un aussi grand impact, surtout au niveau de ma spiritualité. Alors, depuis un an, avec mon époux, nous sommes devenus trois. Quel beau chiffre! À y penser, le chiffre trois a plusieurs significations dans la Bible. Entre autres, ce chiffre peut représenter la Sainte Trinité. Nous sommes maintenant une jeune famille qui vit des hauts et des bas, comme bien d’autres familles, et nous apprenons à vivre avec de nombreux changements et défis que la société d’aujourd’hui nous apporte.

Lorsque je passe à travers une journée plus difficile, il m’arrive souvent de penser aux nombreux obstacles que mes parents on subit et cela me témoigne de deux choses. Premièrement, que leur foi en Dieu est tellement puissante et si bien ancrée dans leurs cœurs que cela leur a permis de surmonter les difficultés à travers les années. Deuxièmement, cette foi les a aidés à trouver un sens à leurs vies et de vouer leurs vies par amour pour ses enfants en réalisant plusieurs sacrifices.  

Étant maintenant nouvelle maman, j’essaie de transmettre les valeurs que je trouve importantes à mon enfant. Évidemment, pour l’instant elle est trop petite pour comprendre ce que le monde subit : terreurs, peur, isolation, guerre, égoïsme, jalousie, pauvreté, etc. Par contre, sans qu’elle le sache, elle me montre ce que je dois faire et comment je dois m’y prendre pour devenir une meilleure chrétienne et ainsi aider à bâtir un monde meilleur. À titre d’exemple, j’ai toujours voulu aider de nos nombreuses familles en leur montrant que tout est possible. Que ce soit à travers la réalisation de leurs rêves, dans leurs projets de vie et tout cela en leur démontrant que, lorsqu’on met Dieu à l’avant,
tout est possible. Et bien, le 24 mars dernier, lors de la Journée mondiale de la Jeunesse 2018 à Montréal, on m’a approchée pour me demander de faire partie de la procession de l’offertoire : en fait, non seulement moi, mais bien ma petite famille. Toutefois,  j’avais déjà une journée très chargée, mais soudainement, un rendez-vous s’est annulé à la dernière minute. Alors, non seulement sommes
nous allés, mais on m’a informé que nous allons représenter une jeune famille qui a choisi l’amour et la vie. Le tout en répondant à ce que l’ange Gabriel a dit à Marie « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu », thème de la JMJ 2018. Nous avons fait un simple geste, mais qui en dit grand ! Grâce à ma fille et à mon époux, nous avons témoigné qu’on est prêt à vivre dans la grâce de Dieu.

Dois-je vous dire que j’étais sans mots?! Je pense avoir  eu des larmes de joie lors de la cérémonie, on dirait que tout prenait son sens. Les nombreuses questions que j’avais dans ma tête ont été répondues par une invitation à témoigner devant plusieurs jeunes que OUI tout est possible si Dieu est avec nous. Par contre, je ne dis pas que tout sera facile. Au contraire, c’est à travers les embûches de la vie, que nous apprenons à nous remonter. Je crois que chaque être humain est ici pour une raison et nous sommes tenus d’être attentifs à l’appel de Dieu. Dieu nous montre le chemin et ça me rappelle les paroles de Jésus « Je serais toujours avec vous jusqu’à la fin de temps » (Mt 28:20).

Enfin, j’ai très vite réalisé qu’on a tous une mission à accomplir devant Dieu. Il est vrai qu’être un jeune catholique, dans une société qui rejette systématiquement la religion et la richesse spirituelle que celle-ci peut engendrer, peut s’avérer difficile. Cependant, il est primordial de ne pas se décourager et de continuer de cheminer dans la foi avec patience et amour, car c’est ainsi que nous pouvons manifester l’amour du Christ envers ses enfants et devenir un exemple à suivre pour ceux qui sont réticents d’exposer leur foi par crainte du jugement des autres. Il existe plusieurs activités et regroupements de jeunes catholiques qui sont une excellente façon de vivre pleinement sa foi, avec d’autres personnes qui vivent une réalité similaire. Par exemple, auparavant, j’ai participé dans différents groupes de jeunes ainsi que dans deux JMJ; celle de Cologne en Allemagne, et celle de Barcelone en Espagne. Ce furent deux expériences magnifiques, mais malgré mes participations actives pour témoigner de ma foi, je sentais qu’il me fallait plus et je me retrouvais en constante recherche de grands projets pour aller vers les jeunes et leur témoigner de Dieu. C’est donc au courant de cette quête qu’Emma est arrivée dans ma vie. En effet, ma fille est arrivée à un moment où j’en avais le plus besoin. Sans qu’elle ne le sache, c’est Dieu qui à travers ce petit ange, me guide de jour en jour pour grandir encore plus dans la foi, et tout cela, en toute humilité. En effet, elle me montre ce que Dieu veut de moi; en me rappelant les paroles de l’annonciation: «Sois sans crainte, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu». 

Maribel Mayorga-Espinoza

Veillée de prière pour la Journée Mondiale de la Jeunesse

Intentions de prière du pape François pour le mois d’avril 2017: Les jeunes

Je sais que vous, les jeunes, vous ne voulez pas vivre dans l’illusion d’une liberté soumise à la mode actuelle, que vous voulez viser plus haut. Ai-je tort ou raison ?

Message du pape François pour la 32e Journée mondiale de la jeunesse (Panama 2019)

« Le Puissant fit pour moi des merveilles » (Lc 1, 49)

Chers jeunes,
Nous voici de nouveau en chemin après notre merveilleuse rencontre à Cracovie, où nous avons célébré les XXXIèmes Journées Mondiales de la Jeunesse et le Jubilé des jeunes, dans le cadre de l’Année Sainte de la Miséricorde. Nous nous sommes laissés guider par saint Jean-Paul II et par sainte Faustine Kowalska, apôtres de la miséricorde divine, pour donner une réponse concrète aux défis de notre temps. Nous avons vécu une forte expérience de fraternité et de joie, et nous avons donné au monde un signe d’espérance ; les divers drapeaux et langues n’étaient pas un motif de conflit et de division, mais une occasion afin d’ouvrir les portes des cœurs, de construire des ponts.

Au terme des Journées Mondiales de Cracovie, j’ai indiqué la prochaine destination de notre pèlerinage qui, par la grâce de Dieu, nous conduira au Panama en 2019. La Vierge Marie nous accompagnera sur ce chemin, elle que toutes les générations disent bienheureuse (cf. Lc 1, 48). Le nouveau tronçon de notre itinéraire se relie au précédent, qui était centré sur les Béatitudes, mais nous pousse à aller de l’avant. J’ai en effet à cœur que vous les jeunes vous puissiez marcher non seulement en faisant mémoire du passé, mais en ayant également le courage dans le présent et l’espérance pour l’avenir. Ces attitudes, toujours vivantes dans la jeune Femme de Nazareth, sont exprimées clairement dans les thèmes choisis pour les trois prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse. Cette année (2017), nous réfléchirons sur la foi de Marie lorsqu’elle a déclaré dans le Magnificat : « Le Puissant fit pour moi des merveilles » (Lc 1, 49). Le thème de l’année prochaine (2018) – « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu » (Lc 1, 30) – nous fera méditer sur la charité pleine de courage avec laquelle la Vierge a accueilli l’annonce de l’ange. Les Journées Mondiales de la Jeunesse 2019 s’inspireront des paroles « Voici la servante du Seigneur; que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 30), réponse de Marie à l’ange, pleine d’espérance.

En octobre 2018, l’Église célèbrera le Synode des Évêques sur le thème : « Les jeunes, la foi et le discernement des vocations ». Nous nous interrogerons sur la manière dont vous les jeunes, vous vivez l’expérience de la foi au milieu des défis de notre temps. Et nous affronterons aussi la question de la façon dont vous pourrez faire mûrir un projet de vie, en discernant votre vocation, entendue au sens large, c’est-à-dire au mariage, dans l’environnement laïc et professionnel, ou à la vie consacrée et au sacerdoce. Je voudrais qu’il y ait une grande syntonie entre le parcours vers les Journées Mondiales de la Jeunesse du Panama et le cheminement synodal.

Notre temps n’a pas besoin de ‘‘jeunes-divan’’
Selon l’Évangile de Luc, après avoir accueilli l’annonce de l’ange et après avoir dit son ‘‘oui’’ à l’appel à devenir mère du Sauveur, Marie se lève et va en toute hâte visiter sa cousine Elisabeth, qui est à son sixième mois de grossesse (cf. 1, 36.39). Marie est très jeune ; ce qui lui a été annoncé est un don immense, mais comporte aussi des défis très grands ; le Seigneur l’a assurée de sa présence et de son soutien, mais beaucoup de choses demeurent encore obscures dans son esprit et dans son cœur. Pourtant Marie ne s’enferme pas chez elle, elle ne se laisse pas paralyser par la peur ou par l’orgueil. Marie n’est pas le genre de personne qui, pour être à l’aise, a besoin d’un bon divan où se sentir bien installée et à l’abri. Elle n’est pas une jeune-divan ! (cf. Discours à l’occasion de la Veillée, Cracovie, 30 juillet 2016). Si sa cousine âgée a besoin d’une aide, elle ne tarde pas et se met immédiatement en route.

Le chemin pour rejoindre la maison d’Elisabeth est long : 150 kilomètres environ. Mais la jeune de Nazareth, poussée par l’Esprit Saint, ne connaît pas d’obstacles. Sûrement, les journées de marche l’ont aidée à méditer sur l’événement merveilleux dans lequel elle était impliquée. Il en est de même avec nous également lorsque nous nous mettons en pèlerinage : au long du chemin, nous reviennent à l’esprit les faits de la vie, et nous pouvons en mûrir le sens et approfondir notre vocation, révélée ensuite dans la rencontre avec Dieu et dans le service des autres.

Le Puissant fit pour moi des merveilles
La rencontre entre les deux femmes, l’une jeune et l’autre âgée, est pleine de la présence de l’Esprit Saint, et chargée de joie ainsi que d’émerveillement (cf. Lc 1, 40-45). Les deux mamans, tout comme les enfants qu’elles portent dans leur sein, dansent presque de joie. Elisabeth , touchée par la foi de Marie, s’exclame : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (v. 45). Oui, l’un des grands dons que la Vierge a reçu est celui de la foi. Croire en Dieu est un don inestimable, mais qui demande aussi à être reçu ; et Elisabeth bénit Marie pour cela. À son tour, elle répond par le chant du Magnificat (cf. Lc 1, 46-55), où nous trouvons l’expression : « Le Puissant fit pour moi des merveilles » (v. 49).

C’est une prière révolutionnaire, celle de Marie, le chant d’une jeune pleine de foi, consciente de ses limites mais confiante en la miséricorde divine. Cette petite femme courageuse rend grâce à Dieu parce qu’il a regardé sa petitesse et pour l’œuvre de salut qu’il a accomplie en faveur de son peuple, des pauvres et des humbles. La foi est le cœur de toute l’histoire de Marie. Son cantique nous aide à comprendre la miséricorde du Seigneur comme moteur de l’histoire, aussi bien de l’histoire personnelle de chacun de nous que de l’humanité entière.

Lorsque Dieu touche le cœur d’un jeune, d’une jeune, ceux-ci deviennent capables d’actions vraiment grandioses. Les ‘‘merveilles’’ que le Puissant a faites dans l’existence de Marie nous parlent aussi de notre voyage dans la vie, qui n’est pas un vagabondage sans signification, mais un pèlerinage qui, même avec toutes ses incertitudes et ses souffrances, peut trouver en Dieu sa plénitude (cf. Angelus, 15 août 2015). Vous me direz : ‘‘Père, mais je suis très limité, je suis pécheur, que puis-je faire ?’’. Quand le Seigneur nous appelle, il ne s’arrête pas à ce que nous sommes ou à ce que nous avons fait. Au contraire, au moment où il nous appelle, il regarde tout ce que nous pourrions faire, tout l’amour que nous sommes capables de libérer. Comme la jeune Marie, vous pouvez faire en sorte que votre vie devienne un instrument pour améliorer le monde. Jésus vous appelle à laisser votre empreinte dans la vie, une empreinte qui marque l’histoire, votre histoire et l’histoire de beaucoup (cf. Discours à l’occasion de la veillée, Cracovie 30 juillet 2016).

Être des jeunes ne veut pas dire être déconnectés du passé
Marie a à peine dépassé l’âge de l’adolescence, comme beaucoup d’entre vous. Pourtant, dans le Magnificat, elle prête une voix de louange à son peuple, à son histoire. Cela nous montre qu’être jeune ne veut pas dire être déconnecté du passé. Notre histoire personnelle s’insère dans une longue suite, dans un cheminement communautaire qui nous a précédés dans les siècles. Comme Marie, nous appartenons à un peuple. Et l’histoire de l’Église nous enseigne que, même lorsqu’elle doit traverser des mers agitées, la main de Dieu la guide, lui fait surmonter des moments difficiles. L’expérience authentique de l’Église n’est pas comme un flashmob, où on se donne rendez-vous, se réalise une performance et puis chacun va son chemin. L’Église porte en elle une longue tradition, qui se transmet de génération en génération, en s’enrichissant en même temps de l’expérience de chacun. Votre histoire a aussi sa place dans l’histoire de l’Église.

Faire mémoire du passé sert également à accueillir les interventions inédites que Dieu veut réaliser en nous et à travers nous. Et cela nous invite à nous ouvrir pour être choisis comme ses instruments, collaborateurs de ses projets de salut. Vous aussi, jeunes, vous pouvez faire de grandes choses, assumer de grandes responsabilités, si vous reconnaissez l’action miséricordieuse et toute puissante de Dieu dans votre vie.

Je voudrais vous poser quelques questions : comment ‘‘sauvez-vous’’ dans votre mémoire les événements, les expériences de votre vie ? Comment traitez-vous les faits et les images imprimés dans vos souvenirs ? Certains, particulièrement blessés par les circonstances de la vie, auraient envie de ‘‘reconfigurer’’ leur passé, de se servir du droit à l’oubli. Mais je voudrais vous rappeler qu’il n’y a pas de saint sans passé, ni de pécheur sans avenir. La perle naît d’une blessure de l’huître ! Jésus, par son amour, peut guérir nos cœurs, en transformant nos blessures en d’authentiques perles. Comme disait saint Paul, le Seigneur peut manifester sa force à travers nos faiblesses (cf. 2 Co 12, 9).

Cependant, nos souvenirs ne doivent pas demeurer tous entassés, comme dans la mémoire d’un disque dur. Et il n’est pas possible d’archiver tout dans un ‘‘nuage’’ virtuel. Il faut apprendre à faire de manière à ce que les faits du passé deviennent une réalité dynamique, sur laquelle réfléchir et dont tirer un enseignement et un sens pour notre présent et notre avenir. Découvrir le fil rouge de l’amour de Dieu qui relie toute notre existence est une tâche ardue, mais nécessaire.

Beaucoup de personnes disent que vous les jeunes, vous êtes sans mémoire et superficiels. Je ne suis pas du tout d’accord ! Il faut cependant reconnaître que ces temps-ci il est nécessaire de récupérer la capacité de réfléchir sur sa propre vie et de la projeter vers l’avenir. Avoir un passé, ce n’est pas la même chose que d’avoir une histoire. Dans notre vie, nous pouvons avoir de nombreux souvenirs, mais combien de souvenirs construisent vraiment notre mémoire? Combien sont significatifs pour nos cœurs et aident à donner un sens à notre existence ? Les visages des jeunes, dans les ‘‘social’’, apparaissent dans de nombreuses photographies qui relatent des événements plus ou moins réels, mais nous ne savons pas dans tout cela ce qui est une ‘‘histoire’’, une expérience qui puisse être racontée, ayant un objectif et un sens. Les programmes de télévision sont remplis de ce qu’on appelle ‘‘reality show’’, mais ils ne sont pas des histoires réelles, ce ne sont que des minutes qui s’écoulent devant un écran, durant lesquelles les personnages vivent au jour le jour, sans un projet. Ne vous laissez pas égarer par cette fausse image de la réalité ! Soyez protagonistes de votre histoire, décidez de votre avenir !

Comment rester connecté, en suivant l’exemple de Marie
On dit de Marie qu’elle gardait toutes les choses en les méditant dans son cœur (cf. Lc 2,19.51). Cette humble jeune fille de Nazareth nous enseigne par son exemple à conserver la mémoire des événements de la vie, mais aussi à les assembler, en reconstruisant l’unité des fragments, qui ensemble peuvent composer une mosaïque. Comment pouvons-nous nous exercer concrètement en ce sens ? Je vous fais quelques suggestions.

À la fin de chaque journée, nous pouvons nous arrêter pendant quelques minutes pour nous rappeler les beaux moments, les défis, ce qui a bien marché et ce qui est allé de travers. Ainsi, devant Dieu et nous-mêmes, nous pouvons manifester les sentiments de gratitude, de repentir et de confiance, si vous le voulez, en les écrivant dans un carnet, une espèce de journal spirituel. Cela signifie prier dans la vie, avec la vie et sur la vie, et sûrement cela vous aidera à percevoir mieux les merveilles que le Seigneur fait pour chacun d’entre vous. Comme disait saint Augustin, nous pouvons trouver Dieu dans les vastes champs de notre mémoire (cf. Les confessions, Livre X, 8, 12).

En lisant le Magnificat, nous voyons combien Marie connaissait la Parole de Dieu. Chaque verset de ce cantique a son parallèle dans l’Ancien Testament. La jeune mère de Jésus connaissait bien les prières de son peuple. Sûrement, ses parents, ses grands-parents les lui ont enseignées. Combien la transmission de la foi d’une génération à l’autre est importante ! Il y a un trésor caché dans les prières que nous enseignent nos anciens, dans cette spiritualité vécue dans la culture des humbles que nous appelons piété populaire. Marie recueille le patrimoine de foi de son peuple et le recompose dans un chant complètement sien, mais qui est en même temps un chant de l’Église entière. Et toute l’Église le chante avec elle. Pour que, vous aussi jeunes, vous puissiez chanter un Magnificat complètement vôtre et faire de votre vie un don à l’humanité entière, il est fondamental de vous relier à la tradition historique et à la prière de ceux qui vous ont précédés. D’où l’importance de bien connaître la Bible, la Parole de Dieu, de la lire chaque jour en la confrontant avec votre vie, en lisant les événements quotidiens à la lumière de ce que le Seigneur vous dit dans les Saintes Écritures. Dans la prière et dans la lecture priante de la Bible (ce qu’on appelle la lectio divina), Jésus réchauffera vos cœurs, éclairera vos pas, également dans les moments sombres de votre existence (cf. Lc 24, 13-35).

Marie nous enseigne aussi à vivre dans une attitude eucharistique, c’est-à-dire à rendre grâce, à cultiver la louange, à ne pas nous fixer uniquement sur les problèmes et sur les difficultés. Dans la dynamique de la vie, les supplications d’aujourd’hui deviendront des motifs d’action de grâce de demain. Ainsi, votre participation à la Sainte Messe et les moments où vous célébrez le sacrement de la Réconciliation seront en même temps sommet et point de départ : vos vies se renouvèleront chaque jour dans le pardon, en devenant une louange permanente au Tout-Puissant : « Fiez-vous au souvenir de Dieu : […] sa mémoire est un cœur tendre de compassion, qui se plaît à effacer définitivement toutes nos traces de mal. » (Homélie lors de la Sainte Messe des Journées Mondiales de la Jeunesse, Cracovie, 31 juillet 2016).

Nous avons vu que le Magnificat jaillit du cœur de Marie au moment où elle rencontre Elisabeth, sa cousine âgée. Celle-ci, par sa foi, par son regard avisé et par ses paroles, aide la Vierge à mieux comprendre la grandeur de l’action de Dieu en elle, de la mission qu’il lui a confiée. Et vous, vous rendez-vous compte de la source extraordinaire de richesse qu’est la rencontre entre les jeunes et les personnes âgées ? Quelle importance accordez-vous aux personnes âgées, à vos grands-parents ? Justement, vous aspirez à ‘‘prendre l’envol’’, vous portez dans vos cœurs de nombreux rêves, mais vous avez besoin de la sagesse et de la vision des personnes âgées. Tandis que vous ouvrez vos ailes au vent, il est important que vous découvriez vos racines et que vous recueilliez le témoignage des personnes qui vous ont précédés. Pour construire un avenir qui ait du sens, il faut connaître les événements passés et prendre position face à eux (cf. Exhort. ap. postsyn. Amoris laetitia, nn. 191.193). Vous, jeunes, vous avez la force, les personnes âgées ont la mémoire et la sagesse. Comme Marie face à Elisabeth, dirigez votre regard vers les personnes âgées, vers vos grands-parents. Ils vous diront des choses qui passionneront votre esprit et toucheront votre cœur.

Fidélité créatrice pour construire des temps nouveaux
Certes, vous avez peu d’années sur vos épaules et pour cela il peut vous sembler difficile d’accorder la valeur due à la tradition. Ayez bien présent à l’esprit que cela ne veut pas dire être traditionaliste. Non ! Quand Marie, dans l’Évangile, dit « le Puissant fit pour moi des merveilles », elle entend que ces ‘‘merveilles’’ ne sont pas finies, mais continuent à se réaliser dans le présent. Il ne s’agit pas d’un passé lointain. Savoir faire mémoire du passé ne signifie pas être nostalgique ou rester attaché à une période déterminée de l’histoire, mais savoir reconnaître ses propres origines, pour retourner toujours à l’essentiel et se lancer avec une fidélité créatrice dans la construction des temps nouveaux. Ce serait un malheur et cela ne servirait à personne de cultiver une mémoire paralysante, qui fait faire toujours les mêmes choses de la même manière. C’est un don du ciel de pouvoir voir que beaucoup d’entre vous, avec vos interrogations, rêves et questions, s’opposent à ceux qui disent que les choses ne peuvent pas être différentes.

Une société qui ne valorise que le présent tend aussi à dévaluer tout ce qui est hérité du passé, comme par exemple les institutions du mariage, de la vie consacrée, de la mission sacerdotale. Celles-ci finissent par être vues comme dénuées de sens, comme des modèles dépassés. On pense vivre mieux dans des situations dites ‘‘ouvertes’’, en se comportant dans la vie comme dans un reality show, sans objectif et sans but. Ne vous laissez pas tromper ! Dieu est venu élargir les horizons de notre vie, dans toutes les directions. Il nous aide à accorder la valeur due au passé, pour mieux projeter un avenir de bonheur : mais cela n’est possible que si l’on vit d’authentiques expériences d’amour, qui se concrétisent dans la découverte de l’appel du Seigneur et dans l’adhésion à cet appel. Et c’est l’unique chose qui nous rend vraiment heureux.

Chers jeunes, je confie votre cheminement vers Panama, ainsi que l’itinéraire de préparation du prochain Synode des Évêques, à la maternelle intercession de la Bienheureuse Vierge Marie. Je vous invite à vous souvenir de deux événements importants de 2017 : les trois cents ans de la redécouverte de l’image de la Vierge Aparecida, au Brésil ; et le centenaire des apparitions de Fatima, au Portugal, où, par la grâce de Dieu, je me rendrai, en tant que pèlerin, en mai prochain. Saint Martin de Porres, l’un des saints patrons de l’Amérique Latine et des Journées Mondiales de la Jeunesse 2019, dans son humble service quotidien, avait l’habitude d’offrir les meilleures fleurs à Marie, comme signe de son amour filial. Cultivez, vous aussi, comme lui, une relation de familiarité et d’amitié avec la Vierge, en lui confiant vos joies, vos inquiétudes et vos préoccupations. Je vous assure que vous ne le regretterez pas.

Que la jeune de Nazareth, qui dans le monde entier a pris mille visages et noms pour se rendre proche de ses enfants, intercède pour chacun de nous et nous aide à chanter les merveilles que le Seigneur accomplit en nous et par nous.

Du Vatican, 27 février 2017
Mémoire de Saint Gabriel de l’Addolorata

[00396-FR.01] [Texte original: Français]

FRANÇOIS

Discours lors de la rencontre d’accueil de la part des jeunes des JMJ Parc Jordan à Błonia, Cracovie

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Vous trouverez ci-dessous le texte officiel du discours lors de la rencontre d’accueil de la part des jeunes des JMJ au parc Jordan à Błonia, Cracovie, Jeudi 28 juillet 2016:

Chers jeunes, bon après-midi,

            Enfin, nous nous rencontrons ! Merci pour ce chaleureux accueil ! Je remercie le Cardinal Dziwisz, les évêques, les prêtres, les religieux, les séminaristes et tous ceux qui vous accompagnent. Merci à ceux qui ont rendu possible notre présence ici aujourd’hui, qui se sont dépensés pour que nous puissions célébrer la foi.

            Sur sa terre natale, je voudrais remercier spécialement saint Jean-Paul II, qui a rêvé et a donné l’impulsion à ces rencontres. Du ciel, il nous accompagne en voyant tant de jeunes appartenant à des peuples, des cultures, des langues si diverses, avec un seul motif : célébrer que Jésus est vivant au milieu de nous. Et dire qu’il est Vivant, c’est vouloir renouveler notre désir de le suivre, notre désir de vivre avec passion sa sequela. Y a-t-il meilleure occasion pour renouveler l’amitié avec Jésus que de renouveler l’amitié avec Jésus qui renforce l’amitié entre vous ? Y a-t-il meilleure manière de renforcer notre amitié avec Jésus que de la partager avec les autres ? Y a-t-il meilleure manière de faire l’expérience de la joie de l’Évangile que de vouloir ‘‘propager’’ sa Bonne Nouvelle dans tant de situations douloureuses et difficiles ?

            C’est Jésus qui nous a convoqués à ces trente-et-unièmes Journées Mondiales de la Jeunesse ; c’est Jésus qui nous dit : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Heureux ceux qui savent pardonner, qui savent avoir une cœur compatissant, qui savent donner le meilleur d’eux-mêmes aux autres.

            Chers jeunes, ces jours-ci la Pologne est en fête ; ces jours-ci la Pologne veut être le visage toujours jeune de la Miséricorde. De cette terre, avec vous et aussi unis à de nombreux jeunes qui aujourd’hui ne peuvent pas être ici, mais qui nous accompagnent à travers les divers moyens de communication, tous ensemble nous ferons de ces
journées une vraie fête jubilaire.

            Au cours de mes années en tant qu’évêque, j’ai appris une chose : il n’y a rien de plus beau que de Capture d’écran 2016-07-28 à 12.46.40contempler les désirs, l’engagement, la passion et l’énergie avec lesquels de nombreux jeunes affrontent la vie. Lorsque Jésus touche le cœur d’un jeune, d’une jeune, ceux-ci sont capables d’actions vraiment grandioses. Il est stimulant de les écouter partager leurs rêves, leurs interrogations et leur désir de s’opposer à tous ceux qui disent que les choses ne peuvent pas changer. C’est un don du ciel de pouvoir voir beaucoup d’entre vous qui, avec vos interrogations, cherchent à faire en sorte que les choses soient différentes. Il est beau, et cela me réconforte, de vous voir si enthousiastes. L’Église aujourd’hui vous regarde et veut apprendre de vous, pour renouveler sa confiance dans la Miséricorde du Père qui a le visage toujours jeune et ne cesse pas de nous inviter à faire partie de son Royaume.

            Connaissant la passion que vous mettez dans la mission, j’ose répéter : la miséricorde a toujours le visage jeune. Car, un cœur miséricordieux a le courage d’abandonner le confort ; un cœur miséricordieux sait aller à la rencontre des autres, il parvient à embrasser tout le monde. Un cœur miséricordieux sait être un refuge pour celui qui n’a jamais eu une maison ou l’a perdue, il sait créer une atmosphère de maison et de famille pour celui  qui a dû migrer, il est capable de tendresse et de compassion. Un cœur miséricordieux sait partager le pain avec celui qui a faim, un cœur miséricordieux s’ouvre pour recevoir le réfugié et le migrant. Dire miséricorde avec vous, c’est dire opportunité, c’est dire demain, engagement, confiance, ouverture, hospitalité, compassion, rêves.

Je veux aussi vous confesser une autre chose que j’ai apprise au cours de ces années.  Je suis meurtri de rencontrer des jeunes qui ont l’air de ‘‘retraités’’ précoces. Je suis préoccupé de voir des jeunes qui ont ‘‘jeté l’éponge’’ avant de commencer la partie. Qui sont ‘‘résignés’’ sans avoir commencé à jouer Qui marchent, le visage triste, comme si leur vie n’avait pas de valeur. Ils sont des jeunes fondamentalement ennuyés… et ennuyeux. Il est difficile, et en même temps cela nous interpelle, de voir des jeunes qui consacrent leur vie à la recherche du ‘‘vertige’’, ou de cette sensation de se sentir vivants par des chemins obscurs qu’ensuite ils finissent par ‘‘payer’’… et payer cher. Cela fait réfléchir lorsque tu vois des jeunes qui perdent les belles années de leur vie et leurs énergies en courant après les vendeurs de fausses illusions (dans mon pays natal nous dirions ‘‘vendeurs de fumée’’) qui vous volent le meilleur de vous-mêmes.
Capture d’écran 2016-07-28 à 12.51.14            C’est pourquoi, chers amis, nous sommes réunis pour nous aider réciproquement, car nous ne voulons pas nous laisser voler le meilleur de nous-mêmes, nous ne voulons pas permettre que les énergies, la joie, les rêves nous soient volés par de fausses illusions.

            Chers amis, je vous pose la question : voulez-vous pour votre vie ce  ‘‘vertige’’ aliénant ou voulez-vous sentir la force qui vous fera sentir vivants, pleins ? Vertige aliénant ou force de la grâce ? Pour être pleins, pour avoir une force renouvelée, il y a une réponse ; ce n’est pas une chose, ce n’est pas un objet, c’est une personne et elle est vivante, elle s’appelle Jésus Christ.

            Jésus Christ est celui qui sait donner une vraie passion à la vie, Jésus Christ est celui qui nous porte à ne pas nous contenter de peu et à donner le meilleur de nous-mêmes ; c’est Jésus Christ qui nous interpelle, qui nous invite et nous aide à nous relever chaque fois que nous baissons les bras. C’est Jésus Christ qui nous pousse à élever le regard et à rêver haut.

            Dans l’Évangile, nous avons écouté que Jésus, tandis qu’il allait à Jérusalem, s’arrête dans une maison, celle de Marthe, de Marie et de Lazare – qui l’accueille. En passant, il entre dans leur maison pour être avec eux ; les deux femmes accueillent celui dont elles savent qu’il est capable de s’émouvoir. Les nombreuses occupations nous font ressembler à Marthe : actifs, distraits, toujours en train de courir par-ci, par-là, mais souvent nous sommes aussi comme Marie : devant un beau paysage, ou devant une vidéo envoyée par un ami à notre cellulaire, nous nous arrêtons pour réfléchir, à l’écoute. Durant ces jours des JMJ, Jésus veut entrer dans notre maison ; il verra nos préoccupations, notre agitation, comme il l’a fait  avec Marthe… et il attendra que nous l’écoutions comme Marie : que, au milieu de toutes les occupations, nous ayons le courage de nous en remettre à lui. Qu’ils soient des jours pour écouter Jésus, consacrés à nous écouter, à le recevoir en ceux avec lesquels je partage la maison, la route, le groupe ou l’école.

            Et celui qui accueille Jésus, apprend à aimer comme Jésus. Alors, il nous demande si vous voulons une vie Capture d’écran 2016-07-28 à 12.53.31pleine : Veux-tu une vie pleine ? Commence par te laisser émouvoir ! Car, le bonheur germe et s’épanouit dans la miséricorde : voilà sa réponse, voilà son invitation, son défi, son aventure : la miséricorde. La miséricorde a toujours un visage jeune ; comme celui de Marie de Béthanie, assise aux pieds de Jésus comme disciple, qui aime l’écouter parce qu’elle sait que la paix se trouve là. Comme le visage de Marie de Nazareth, lancée avec son ‘‘oui’’ dans l’aventure de la miséricorde, et qui sera dite bienheureuse par toutes les générations, appelée par nous tous ‘‘la Mère de la Miséricorde’’.

            Alors, tous ensemble, demandons à présent au Seigneur : lance-nous dans l’aventure de la miséricorde ! Lance-nous dans l’aventure de construire des ponts et d’abattre les murs (de séparation et de  réseaux) ; lance-nous dans l’aventure de secourir le pauvre, qui se sent seul et abandonné, qui ne trouve plus un sens à sa vie. Pousse-nous, comme Marie de Béthanie, à l’écoute de ceux que nous ne comprenons pas, de ceux qui viennent d’autres cultures, d’autres peuples, également de ceux que nous craignons parce que nous croyons qu’ils peuvent nous faire du mal. Fais que nous tournions le regard, comme Marie de Nazareth avec Elisabeth, vers les personnes âgées pour apprendre de leur sagesse.

            Nous voici, Seigneur ! Envoie-nous partager ton Amour miséricordieux. Nous voulons t’accueillir durant ces Journées Mondiales de la Jeunesse, nous voulons affirmer que notre vie est pleine lorsqu’elle est vécue à partir de la miséricorde, que la miséricorde est la meilleure part, et que jamais elle ne nous sera enlevée.

Homélie du pape François lors de la célébration eucharistique à Czestochowa

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Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie de Sa Sainteté le pape François lors de la célébration eucharistique à Czestochowa 28 juillet 2016:

Des lectures de cette Liturgie émerge un fil divin, qui passe par l’histoire humaine et tisse l’histoire du salut.

L’apôtre Paul nous parle du grand dessein de Dieu : « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4). Toutefois, l’histoire nous dit que lorsqu’est venue cette ‘‘plénitude des temps’’, c’est-à-dire lorsque Dieu s’est fait homme, l’humanité n’était pas particulièrement bien disposée et il n’y avait même pas une période de stabilité et de paix : il n’y avait pas un ‘‘âge d’or’’. La scène de ce monde ne méritait donc pas la venue de Dieu, tout au contraire, « les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1, 11). La plénitude des temps a été alors un don de grâce : Dieu a rempli notre temps de l’abondance de sa miséricorde ; par pur amour, il a inauguré la plénitude des temps.

Surtout, la manière dont se réalise la venue de Dieu dans l’histoire est frappante : ‘‘né d’une femme’’. Aucune entrée triomphale, aucune manifestation imposante du Tout-Puissant : il ne se montre pas comme un soleil éblouissant, mais il entre dans le monde de la manière la plus simple, comme un enfant de sa mère, de cette manière dont nous parle l’Écriture : comme pluie sur la terre (cf. Is 55, 10), comme la plus petite des semences qui germe et grandit (cf. Mc 4, 31-32). Ainsi, contrairement à ce à quoi nous nous attendrions et que peut-être nous voudrions, le Royaume de Dieu, maintenant comme autrefois, « n’est pas observable » (Lc 17, 20), mais vient dans la petitesse, dans l’humilité

L’Évangile d’aujourd’hui reprend ce fil divin qui traverse délicatement l’histoire : de la plénitude des temps, nous passons au ‘‘troisième jour’’ du ministère de Jésus (cf. Jn 2, 1) et à l’annonce du ‘‘maintenant’’ du salut (cf. v. 4). Le temps se resserre, et la manifestation de Dieu s’accomplit toujours dans la petitesse. Tel fut ‘‘le commencement des signes que Jésus accomplit’’ (v. 11) à Cana de Galilée. Il n’y a pas un geste éclatant accompli devant la foule, et même pas une intervention qui résout une question politique brûlante, comme la soumission du peuple à la domination romaine. Plutôt, dans un petit village, un miracle simple est accompli, qui réjouit le mariage d’une jeune famille, tout à fait anonyme. Pourtant, l’eau changée en vin à la fête de noces est un grand signe, parce qu’elle nous révèle le visage nuptial de Dieu, d’un Dieu qui se met à table avec nous, qui rêve et qui réalise la communion avec nous. Elle dit que le Seigneur ne maintient pas la distance, mais qu’il est proche et concret, qu’il est au milieu de nous et prend soin de nous, sans décider à notre place et sans s’occuper de questions de pouvoir. Il aime à se faire contenir dans ce qui est petit, contrairement à l’homme, qui tend à vouloir posséder quelque chose de toujours plus grand. Être attiré par la puissance, par la grandeur et par la visibilité est tragiquement humain, et constitue une grande tentation qui cherche à s’introduire partout ; se donner aux autres, supprimer les distances, en demeurantCapture d’écran 2016-07-28 à 10.05.35 dans la petitesse et en habitant concrètement le quotidien, est typiquement divin.

Dieu nous sauve donc en se faisant petitproche et concret. Avant tout, Dieu se fait petit. Le Seigneur, « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29), préfère les petits, auxquels est révélé le Royaume de Dieu (Mt 11, 25) ; ils sont grands à ses yeux et il tourne son regard vers eux (cf. Is 66, 2). Il a une prédilection pour eux, parce qu’ils s’opposent à l’‘‘arrogance de la vie’’, qui vient du monde (cf. 1Jn 2, 16). Les petits parlent la même langue que lui : l’amour humble qui rend libre. Voilà pourquoi il appelle des personnes simples et disponibles pour être ses porte-paroles, et il leur confie la révélation de son nom ainsi que les secrets de son cœur. Pensons aux nombreux fils et filles de votre peuple : aux martyrs, qui ont fait resplendir la force sans défense de l’Évangile ; aux gens simples mais extraordinaires qui ont su témoigner de l’amour du Seigneur au sein de grandes épreuves ; aux annonciateurs doux et forts de la Miséricorde, tels que saint Jean-Paul II e sainte Faustine. À travers ces ‘‘canaux’’ de son amour, le Seigneur a fait parvenir d’inestimables dons à toute l’Église et à l’humanité entière. Et il est significatif que cet anniversaire du Baptême de votre peuple coïncide précisément avec le Jubilé de la Miséricorde.

En outre, Dieu est proche, son Royaume est proche (cf. Mc 1, 15) : le Seigneur ne désire pas être craint comme un souverain puissant et distant, il ne veut pas rester sur un trône au ciel ou dans les livres d’histoire, mais il aime se glisser dans nos événements quotidiens, pour cheminer avec nous. En pensant au don d’un millénaire riche de foi, il est beau de remercier avant tout Dieu, qui a cheminé avec votre peuple, en le prenant par la main et en l’accompagnant dans de nombreuses situations. Voilà ce que, également comme Église, nous sommes appelés à faire toujours : écouter, nous impliquer, nous faire proches, en partageant les joies et les peines des gens, en sorte que l’Évangile passe de la manière la plus cohérente et qu’il porte davantage de fruit : par un rayonnement positif, à travers la transparence de la vie.

Enfin, Dieu est concret. Des lectures d’aujourd’hui il ressort que tout, dans l’agir de Dieu, est concret : la Sagesse divine ‘‘œuvre comme un artisan’’ et ‘‘joue’’ (cf. Pr 8, 30), le Verbe s’est fait chair, il naît d’une mère, il naît sous la loi (cf. Ga 4, 4), il a des amis et participe à une fête : l’éternel se communique en passant du temps avec des personnes et dans des situation concrètes. Votre histoire également, pétrie de l’Évangile, de la Croix et de la fidélité à l’Église, a vu la contagion positive d’une foi authentique, transmise de famille en famille, de père en fils, et surtout par les mamans et par les grand-mères, qu’il faut beaucoup remercier. En particulier, vous avez pu toucher de la main la tendresse concrète et pleine de sollicitude de la Mère de tous, que je suis venu ici vénérer en tant que pèlerin et que nous avons salué dans le Psaume comme « honneur de notre peuple » (Jdt15, 9). 

C’est justement vers elle que nous, ici réunis, nous tournons le regard. En Marie, nous trouvons la pleine correspondance au Seigneur : au fil divin se noue ainsi dans l’histoire un ‘‘fil marial’’. S’il y a quelque gloire humaine, quelque mérite de notre part dans la plénitude des temps, c’est elle : c’est elle cet espace, demeuré libre du mal, où Dieu s’est reflété ;  c’est elle l’échelle que Capture d’écran 2016-07-28 à 10.04.59Dieu a parcourue pour descendre jusqu’à nous et se faire proche et concret ; c’est elle le signe le plus clair de la plénitude des temps.

Dans la vie de Marie, nous admirons cette petitesse aimée par Dieu, qui « s’est penché sur son humble servante » et qui «  a  élevé les humbles » (Lc 1, 48.52). Il s’est tant complu en elle qu’il s’est laissé tisser la chair en elle, en sorte que la Vierge est devenue Mère de Dieu, comme le proclame une hymne très ancienne, que vous chantez depuis des siècles. A vous, qui sans interruption, venez à elle, en accourant dans cette capitale spirituelle du pays, qu’elle continue d’indiquer la voie, et qu’elle vous aide à tisser, dans la vie, la trame humble et simple de l’Évangile. 

A Cana, comme ici à Jasna Góra, Marie nous offre sa proximité, et elle nous aide à découvrir ce qui manque à la plénitude de la vie. Maintenant comme autrefois, elle le fait avec un empressement de Mère, par la présence et le bon conseil, nous enseignant à éviter les décisions sans consultation et les murmures dans nos communautés. En tant que Mère de famille, elle veut nous protéger ensemble. Le chemin de votre peuple a surmonté, dans l’unité, tant de moments difficiles ; que la Mère, forte aux pieds de la croix et persévérante dans la prière avec les disciples dans l’attente de l’Esprit Saint, infuse le désir d’aller au-delà des torts et des blessures du passé, et de créer la communion avec tous,sans jamais céder à la tentation de s’isoler et de s’imposer. 

La Vierge, à Cana, a été très concrète : c’est une Mère qui prend à cœur les problèmes et intervient, qui sait se rendre compte des moments difficiles et y pourvoir avec discrétion, efficacité et détermination. Elle n’est pas patronne ni protagoniste, mais Mère et servante.  Demandons la grâce de faire nôtre sa disponibilité, sa créativité au service de celui qui est dans le besoin, la beauté de consacrer sa vie aux autres, sans préférences ni distinctions. Elle, cause de notre joie, qui apporte la paix dans l’abondance du péché et dans les turbulences de l’histoire, qu’elle nous obtienne la surabondance de l’Esprit, pour être de bons et fidèles serviteurs.

PAR SON INTERCESSION QUE LA PLÉNITUDE DES TEMPS SE RENOUVELLE AUSSI POUR NOUS. LE PASSAGE ENTRE L’AVANT ET L’APRÈS CHRIST SERT À PEU DE CHOSES, S’IL DEMEURE UNE DATE DANS LES ANNALES DE L’HISTOIRE. QUE PUISSE S’ACCOMPLIR, POUR TOUS ET POUR CHACUN, UN PASSAGE INTÉRIEUR, UNE PÂQUES DU CŒUR VERS LE STYLE DIVIN INCARNÉ PAR MARIE : ŒUVRER DANS LA PETITESSE ET ACCOMPAGNER DE PRÈS, D’UN CŒUR SIMPLE ET OUVERT.

Les JMJ: l’expérience de Francis Denis

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Lorsque je pense à mon expérience personnelle des Journées mondiales de la Jeunesse, je me souviens de l’été 2011 à Madrid. Je venais de terminer mon baccalauréat en théologie à Rome et j’étais sur le point de revenir à Québec. J’étais donc dans une période de transition intense. De l’Église universelle que j’avais côtoyée durant 3 ans à Rome, j’étais sur le point de revenir à l’atmosphère de mon église particulière. Rome étant la capitale mondiale du catholicisme, j’allais évidemment devoir m’adapter à un nouveau climat de vie ecclésiale. En ce sens, ma participation aux JMJ de Madrid, du 16 au 21 août 2011 fut une expérience qui m’a permis de faire le pont entre ces deux modes de vie en Église.

Universalité dans la localité

D’une certaine façon, les JMJ renversent la structure même de l’Église pendant quelques jours. Ce n’est plus Rome qui devient le cœur de l’Église mais un diocèse particulier, celui qui accueille les JMJ. Ces jours passés à Madrid m’ont appris que la vie de l’Église ne repose pas seulement sur les décisions romaines mais aussi dans la manière dont ces décisions sont incarnées par des personnes sur le terrain. En ce sens, les JMJ de Madrid étaient pour moi l’occasion de découvrir une église riche d’une tradition séculaire où l’Église universelle avait pu prendre racine d’une manière des plus fructueuses au cours des siècles. La seule visite de la ville et des églises présentes sur son territoire avaient réussi à me convaincre que la foi qui avait habité l’histoire et toutes ces personnes durant des siècles pouvait encore aujourd’hui porter de nombreux fruits.

Une ville transformée

Les JMJ peuvent être un évènement traumatisant pour la ville hôte. Dans le cas de Madrid, alors que sévissait encore la crise économique de 2008 et que le mouvement des « indignés » y avait vu le jour plusieurs mois auparavant, on aurait pu craindre le pire. Toutefois, les centaines de milliers de jeunes, qui ont littéralement pris d’assaut la capitale espagnole, n’ont pas tardé à se faire aimer des madrilènes. Non seulement les bénéfices économiques réels faisaient le bonheur des nombreux commerçants mais aussi la joie que ces jeunes apportaient avec eux a pu redonner un peu de bonheur aux habitants de la capitale; et ainsi les aider à passer mieux à travers cette période difficile.

Un aéroport en état de grâce

Arrivés la veille à l’aéroport de Quatro vientos dans une zone quelque peu à l’extérieur de Madrid, plus d’un million et demi de personnes se sont rassemblées pour une veillée de prière le soir même et une messe gigantesque le matin suivant. Une atmosphère ahurissante se dégageait de ce rassemblement titanesque. Alors que dans l’après-midi torride, des camions réservoirs avaient aspergé les pèlerins avec leurs boyaux d’arrosage, durant la Veillée de prière avec le pape Benoît XVI, un orage important faisait son entrée avec coups de tonnerres, éclairs et des vents dont la fraîcheur faisait presque regretter la canicule de l’après-midi. Je me souviens encore m’être réfugié sous une toile de plastique apportée par de sympathiques inconnus avec qui nous avons pu, l’équipe de tournage et moi, fraterniser jusqu’à ce que la tempête se calme. Ce soir-là, l’aéroport des « Quatre vents » portait bien son nom!

De retour à Québec, cette expérience des JMJ m’avait profondément marqué comme étant un moment de ressourcement pour tous les chrétiens, spécialement désireux de recharger leurs batteries d’évangélisateurs. Car c’est bien là le but premier des Journées Mondiales de la Jeunesse, faire en sorte que les jeunes découvrent leur vocation missionnaire en prenant conscience de l’intensité et de la beauté du message qu’ils seront appelés à partager avec leurs concitoyens de retour chez eux.

Vous trouverez ci-dessous une vidéo que nous avions réalisée à la toute fin des JMJ de Madrid. On y voit justement ma première apparition sur les ondes de S+L ! Une belle expérience qui se poursuit !!!

Presque 4 000 jeunes Canadiens se rendront en Pologne pour la Journée mondiale de la jeunesse 2016

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***Cet article ci-dessous provient du site web de la CECC

(CECC – Ottawa)… La jeunesse du monde entier est attendue à Cracovie, en Pologne, du 25 au 31 juillet 2016, pour participer à la 31e Journée mondiale de la jeunesse (JMJ). Cracovie est la ville de Karol Wojtyla – saint Jean-Paul II – qui, dans ses premières années comme prêtre, aumônier universitaire, évêque et puis cardinal-archevêque a semé les graines de ce qui deviendra, dans les premières années de son pontificat, la Journée mondiale de la jeunesse.

Près de 3 750 jeunes pèlerins du Canada sont inscrits pour participer à ce rassemblement international sur le thème « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5,7). À l’exemple des JMJ 2011 à Madrid et 2013 à Rio de Janeiro, les pèlerins canadiens auront encore l’occasion de vivre une célébration nationale qui aura lieu le 26 juillet à 13 heures, en la fête de sainte Anne et saint Joachim, parents de la Vierge Marie. L’événement aura lieu à l’aréna Tauron de Cracovie qui sera le lieu principal pour les pèlerins de langue anglaise pendant les célébrations de la JMJ. Ce pavillon est parrainé par les Chevaliers de Colomb. Son Éminence M. le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec et primat du Canada, présidera le temps de prière qui impliquera des évêques, des prêtes, des personnes dans la vie consacrée, des agents de pastorale jeunesse, des musiciens, des artistes et plusieurs milliers de jeunes pèlerins Canadiens.

En plus des 3 750 jeunes, la délégation canadienne sera composée de neuf évêques du Canada. Le Conseil pontifical pour les laïcs a invité trois des évêques canadiens pour servir à titre de catéchètes auprès des jeunes pèlerins : M. le Cardinal Lacroix; Mgr Albert LeGatt, archevêque de Saint-Boniface; et Mgr Bryan Bayda, C.Ss.R., évêque éparchial ukrainien de Saskatoon. De jeunes Canadiens seront impliqués dans les diverses cérémonies, liturgies et événements de la Journée mondiale de la jeunesse de Cracovie. Du 20 au 25 juillet, plusieurs pèlerins canadiens auront également l’opportunité de participer aux diverses activités pour les journées dans les diocèses de la Pologne.

Pendant son voyage apostolique en ce pays, le pape François présidera plusieurs célébrations. Son horaire inclura l’eucharistie à l’occasion du 1050e anniversaire du baptême de la Pologne qui aura lieu sur le terrain du sanctuaire du couvent Jasna Góra en présence des autorités religieuses et civiles du pays; la cérémonie d’accueil de la JMJ (28 juillet) ; le Chemin de Croix du vendredi soir (29 juillet) au parc Blonia ; l’eucharistie avec les prêtres polonais, les religieux et religieuses, de même que les séminaristes au sanctuaire de saint Jean-Paul II (30 juillet) ; et la vigile de prière en soirée en plus de la messe de clôture du dimanche (31 juillet) sur le Campus Misericordiae. Le Saint-Père visitera également le camp de concentration d’Auschwitz où il priera dans la cellule du martyr saint Maximilien Kolbe, dont c’est le 75e anniversaire de la mort, en plus d’offrir une prière silencieuse devant le Monument international des victimes du camp d’extermination de Birkenau qui faisait partie du complexe d’Auschwitz. Parmi les 1.1 million de prisonniers qui sont morts à Auschwitz, il y avait sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein) et sa sœur, Rosa, également une religieuse carmélite.

L’horaire du Saint-Père pour la semaine comprendra également une célébration du sacrement de la réconciliation avec des jeunes qui participent à la JMJ ; une visite de l’Hôpital universitaire pour enfants ; une rencontre avec les évêques de la Pologne, une prière dans la chapelle du tombeau de sainte Faustine ; une bénédiction de deux bâtiments de la Caritas pour les pauvres et les personnes âgées, de même qu’une rencontre avec les bénévoles de la JMJ 2016 à l’aréna Tauron.

Programmation en direct sur Télévision Sel + Lumière
Le réseau national de télévision catholique canadien Sel et Lumière, qui est disponible par satellite et câble numérique à travers le Canada, de même qu’à travers le monde par Internet aux www.seletlumieretv.org ou www.saltandlighttv.org, sera en Pologne toute la semaine avec une équipe accompagnée du directeur général, le père Thomas Rosica, C.S.B. Sel + Lumière assurera une couverture en direct des plus importantes activités de la JMJ, incluant les catéchèses et plusieurs entrevues. La couverture de Sel + Lumière sera diffusée en Australie, par la Télévision catholique de Boston, par le Centre audiovisuel du diocèse de Hong Kong, de même que par l’Ordinariat militaire des États-Unis. Ayant précédemment agi à titre de directeur général de la Journée mondiale de la jeunesse de 2002 au Canada, le père Rosica est le coordonnateur national de la délégation canadienne à la JMJ 2016 en Pologne. Le site Internet www.wydcentral.org contiendra également de beaux souvenirs de la JMJ.

Un déjeuner avec le Pape

Comme le veut la tradition à chaque JMJ, 12 jeunes venus du monde entier ont dejeuné à Rio de Janeiro au Brésil avec le pape François. Parmi eux, une volontaire française à Rio depuis six mois pour la préparation des JMJ 2013. Anne-Sophie Peiffer, 27 ans, revient sur ce repas avec le pape François, quelqu’un de « bienveillant qui a le sens de l’humour ».

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