Comprendre la controverse sur la cohérence eucharistique aux États-Unis

(Image : Courtoisie de Unsplash)

Au cours des derniers mois, un nouveau mot à la mode a commencé à circuler dans les milieux catholiques américains, débordant jusque dans les médias grand public et provoquant une controverse appréciable : la notion de cohérence eucharistique

À première vue, la conversation qui y est associée semble jaillir d’une collision assez peu commune entre les affaires de l’État et celles de l’Église, tournant autour de l’élection d’un deuxième président catholique, Joe Biden, mais les racines d’une réflexion renouvelée sur l’eucharistie dans le contexte américain soient plus profondes que cela. 

Commençons par rendre compte – autant que faire se peut – du contexte social et politique.

Un homme et son temps

Joe Biden avait 17 ans lorsque JFK – le tout premier président catholique, lui aussi d’origine irlandaise – a été élu en 1960 ; il avait 20 ans lorsque Vatican II s’est ouvert en 1962 ; il avait 25 ans lorsque Humanae Vitae a été promulguée en 1968 ; et il était déjà bien engagé dans sa carrière politique lorsque Jean-Paul II est devenu pape en 1978. La génération de catholiques américains à laquelle il appartient est à bien des égards différente des plus jeunes générations.

Les catholiques de la génération de Biden faisaient souvent partie de groupes ethniques confrontés à la marginalisation : Irlandais, Italiens, Polonais, Canadiens français, etc. Leur foyer naturel était le Parti démocrate, qui, à l’époque, était perçu par beaucoup comme reflétant mieux la doctrine sociale de l’Église, avec ses idéaux économiques progressistes et sa lutte pour les droits civils, au niveau fédéral du moins. 

Lorsque Biden est entré en politique fédérale en tant que jeune sénateur du Delaware en 1973, le jugement historique de la Cour suprême sur la légalité de l’avortement, Roe c. Wade, était à quelques jours d’être prononcé. Cette décision particulière est finalement devenue un point de désaccord majeur dans la société américaine, conduisant à une ère de guerres culturelles opposant les partisans d’une conception traditionnelle du mariage, de la famille, de la sexualité, mais aussi de la religion et de sa relation avec le politique, aux partisans d’une conception progressiste du libéralisme. 

Pendant un bon moment, ces guerres culturelles ont opposé les membres des partis respectifs tout autant que les partis eux-mêmes. Il y avait des démocrates pro-vie et pro-choix ainsi que des républicains pro-vie et pro-choix. Cependant, sous l’influence d’un processus lent mais croissant de polarisation politique et sociale, les deux partis sont devenus de plus en plus liés à l’une ou l’autre de ces positions. 

Une société polarisée, une Église déchirée

En conséquence, les Américains qui voulaient voter pour l’un ou l’autre des grands partis politiques traditionnels devaient choisir entre un parti économiquement et socialement conservateur et un parti économiquement et socialement libéral, laissant les catholiques américains avec deux options souvent peu attrayantes.

En effet, comme nous le savons, la doctrine sociale de l’Église, une tradition qui, dans sa forme moderne, remonte au pape Léon XIII, rejette à bien des égards le type de perspective économique que l’on décrit habituellement comme conservatrice aux États-Unis, du moins jusqu’à un certain point. L’Église catholique ne s’est pas engagée dans des considérations politiques et économiques particulières sur les moyens de mettre en œuvre les principes généraux qu’elle avance, mais le genre de dédain pour le pauvre qu’on a pu voir au cours des dernières décennies chez certains éléments de la droite américaine entre clairement en contradiction avec les instincts sociaux de nombreux catholiques. 

D’autre part, les enseignements clairs, définitifs et faisant autorité de l’Église sur des questions telles que l’avortement, le mariage et la sexualité, par exemple, mais aussi sur l’euthanasie et des notions générales de bioéthique, ont souvent été décrits dans notre environnement polarisé comme étant conservateurs. La plupart des grandes figures progressistes ou libérales du pays se sont associées à des luttes sociales et politiques contre ces normes qui, pour la plupart, ne sont pas en fait ancrées dans la croyance religieuse tant qu’elles reflètent l’attachement continu de l’Église catholique à une philosophie morale réaliste. En termes simples, cela signifie que la loi morale que nous soutenons épouse notre nature et que l’adhésion à cette loi conduit au bonheur. 

Dans ces guerres culturelles, les catholiques ont souvent été pris entre l’arbre et l’écorce. La pression exercée pour se conformer à un environnement politique polarisé ne cessant d’augmenter, beaucoup se sont retrouvés face à un choix binaire : soit ils devaient mettre de côté les principes économiques de la doctrine sociale de l’Église – comme s’il s’agissait d’une sorte de supplément facultatif – et se ranger du côté des conservateurs, soit ils prenaient le parti des libéraux sur des questions épineuses afin de poursuivre leur vision de la justice sociale. 

L’avortement et les guerres culturelles

Il s’agit évidemment d’une représentation très schématique de la situation, mais à bien des égards, cette dichotomie a également défini une nouvelle division au sein de l’Église entre ce qu’on a appelé des « catholiques libéraux » et des « catholiques conservateurs » – un schisme politique indésirable qui a déchiré l’unité de l’enseignement de l’Église sur les questions concernant le bien commun d’une manière très dommageable. Néanmoins, cette division a défini le catholicisme américain pendant des décennies – jusqu’à ce que des événements récents viennent brouiller les cartes. 

Joe Biden, un catholique irlandais du Delaware aux tendances progressistes, a choisi son camp, comme tant d’autres. Modéré dans l’âme, il s’est efforcé tout au long de sa carrière de maintenir une position mitoyenne sur des questions dites complexes comme l’avortement. Dans les années 70, il était personnellement opposé à l’avortement et politiquement favorable à certaines restrictions. Aujourd’hui, au soir de sa vie politique, la position de Biden sur l’avortement reflète le courant dominant du progressisme actuel : il est clairement et sans équivoque en faveur de la légalité, de la disponibilité et du caractère abordable de l’avortement, et dirige son administration en conséquence. 

Évidemment, cela contraste avec l’insistance de l’Église catholique à dénoncer l’avortement et à plaider pour son abolition. L’avortement a été décrit comme une question morale de très haute importance par tous les Papes à qui la question a été posée, depuis qu’elle est considérée comme un sujet de débat. Les catholiques, selon l’enseignement de l’Église, ont l’obligation morale d’aborder cette question, lorsqu’ils exercent leur droit de vote, avec grand soin et grande considération.

Selon un mémorandum de 2004 produit par la Congrégation pour la doctrine de la foi, signé par son préfet – à l’époque Joseph Ratzinger, qui est devenu le pape Benoît XVI peu après – une personne peut voter pour un candidat qui défend la position pro-choix, avec un esprit de proportion, malgré la position dudit candidat, mais jamais à cause de cette position. Dans le même esprit, un acteur politique donné qui est catholique peut choisir de ne pas poursuivre une lutte politique contre l’avortement pour des raisons prudentielles dans certaines circonstances, mais ne peut pas, par ses actions, faciliter l’accès à l’avortement sans prendre part à un acte intrinsèquement mauvais. 

La vitalité des débats sur l’avortement dans la société et la politique américaines est devenue spécifique au contexte américain. Dans d’autres pays, comme le Canada et une grande partie de l’Europe occidentale, la réalité est qu’il y a très peu d’intérêt politique pour un changement sur cette question, du moins pour le moment. En ce sens, les politiciens américains de confession catholique se trouvent dans un ensemble très spécifique de circonstances morales et politiques qui seraient impensables ailleurs de nos jours.

Des tensions croissantes 

Le fait qu’un président catholique en exercice (et nous pourrions également noter une présidente en exercice de la Chambre des représentants, également catholique) s’oppose si vigoureusement à l’agenda pro-vie dans de telles circonstances a entraîné des tensions au sein de l’Église catholique des États-Unis. Certains perçoivent Biden comme une figure modérée qui a aidé le pays à guérir, à dépasser une présidence remarquablement controversée et – diraient-ils – dangereuse. Le programme économique et environnemental de Biden serait également décrit par beaucoup comme plus conforme à des principes de solidarité sociale que celui de son prédécesseur. 

Cependant, d’autres estiment qu’un catholique contredisant la plus haute autorité de l’Église sur une question aussi importante fait scandale. Après tout, Biden ne se contente pas de tolérer l’avortement comme une réalité inévitable, mais a été un défenseur constant, bien que prudent, du mouvement pro-choix au fil des ans. Ceci, disent-ils, laisse Biden dans un état de péché grave, public et obstiné, et les personnes dans sa situation ne devraient pas être autorisées à recevoir la communion, parce qu’elles ne sont pas, en fait, en communion avec l’Église sur une question morale clairement et définitivement réglée. 

L’argumentation en faveur de cette position se fonde sur le droit canonique, en particulier le canon 915, qui stipule que : « les excommuniés et les interdits, après l’infliction ou la  déclaration de la peine et ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste, ne seront pas admis à la sainte communion ». Selon le mémorandum de la CDF cité ci-dessus, les hommes politiques qui militent activement en faveur de l’avortement ou de l’euthanasie ne devraient pas être autorisés par leur pasteur à recevoir la communion tant qu’ils se trouvent dans cette situation objective de péché. Cette position a été maintenue par l’USCCB – la Conférence des évêques catholiques des États-Unis – depuis lors. 

Certains prêtres et évêques estiment toutefois que toute décision visant à isoler le président Biden et à lui refuser la communion serait motivée par des considérations politiques. Ils pensent qu’une telle décision aurait pour effet de politiser l’eucharistie d’une manière qui divise et, en tant que telle, serait contraire à la notion même de communion. 

Une Église prise au piège

Ces débats ont donné lieu à une rhétorique intense dans le monde des médias catholiques américains. C’est dans ce contexte que l’USCCB a choisi, après un vote plus tôt cet été, d’approuver la rédaction d’un document sur l’eucharistie, espérant méditer et réfléchir sur ce mystère et sa centralité dans la vie de l’Église ainsi que sur les implications de la communion eucharistique pour l’Église et les fidèles de manière holistique, d’où la notion de cohérence eucharistique. 

Beaucoup ont noté que le contexte politique particulier entourant ce processus a obscurci la plénitude des intentions des évêques, pour qui une variété d’autres motivations – telles qu’une compréhension et une croyance défaillantes dans le mystère de l’eucharistie parmi la population catholique américaine – ont donné lieu à la rédaction d’un tel document.

En tant que telles, les réflexions sur la centralité de l’eucharistie pour les catholiques ne sont en aucun cas limitées à la controverse particulière entourant la situation singulière du président Biden. Loin de là. En fait, le document doit être compris comme une continuation de l’enseignement antérieur sur le sujet, comme l’encyclique Ecclesia de Eucharistia du saint Pape Jean Paul II en 2003 et Sacramentum caritatis, l’exhortation apostolique post-synodale du Pape Benoît XVI en 2007.

L’espoir d’un renouveau eucharistique 

Avant l’Assemblée générale d’automne de l’USCCB, qui a lieu cette semaine, un document de travail, qui ne mentionne ni Biden ni l’avortement en particulier, a été porté à la connaissance du public, réaffirmant des considérations théologiques générales sur le sacrement. 

Il semblerait que la plupart des évêques pensent que la priorité devrait être donnée à l’évangélisation et à un meilleur enseignement sur la splendeur de l’eucharistie dans le contexte d’une société sécularisée, où de nombreux catholiques ne comprennent pas ou ne croient pas en la présence réelle de Jésus-Christ dans le pain et le vin consacrés, par exemple, et en tenant compte des effets de la pandémie sur la fréquentation de l’Église et sur les communautés catholiques à travers le pays.

En ce sens, il semble que l’USCCB – ou du moins les évêques responsables de la rédaction du document – préfère ne pas limiter la conversation sur l’eucharistie comme « un mystère à croire, à célébrer et à vivre » (Sacramentum caritatis, 2007) aux particularités d’une controverse politique spécifique. En même temps, elle a démontré sa volonté constante à réitérer les principes généraux concernant la disposition à recevoir la communion comme un élément parmi d’autres dans une compréhension plus large de ce sacrement, avec ses différents aspects.

Cela reflète le principe d’organisation de l’Église, où l’autorité n’est pas nationale, mais plutôt diocésaine. Bien que certains au sein de l’Église américaine puissent espérer voir l’USCCB se prononcer dans un sens ou dans l’autre sur cette question, l’USCCB n’a aucune autorité particulière sur ce sujet; seuls les évêques concernés en ont une, dans le cadre de leur juridiction et conformément au droit canonique. 

Il est très possible que ceux qui souhaitaient que l’USCCB condamne publiquement et sans équivoque le président Biden pour sa politique pro-choix et ceux qui ont tendance à rejeter l’application attentive des principes concernant la disposition à recevoir la communion aux personnalités publiques soient déçus. Il n’y a pas de place dans l’Église pour les divisions particulières du système partisan américain, mais il y a très certainement de la place dans la société américaine – comme dans toutes les sociétés – pour le genre d’unité fondée sur la vérité que seule l’Église peut pleinement offrir.  

L’Annonciation du Seigneur avec Thérèse Nadeau-Lacour

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient avec la théologienne et auteure Thérèse Nadeau-Lacour sur le Mystère de l’Annonciation, à la veille de la célébration de sa Solennité par l’Église le 25 mars 2021. Sont notamment abordés les thèmes du rôle de Marie dans l’histoire du Salut, de la judéité de la Vierge, de la Sainte Famille, de Saint Joseph et de l’exemplarité du « fiat » de Marie dans notre vie spirituelle. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Noël et la Vierge Marie avec Thérèse Nadeau-Lacour

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient de la figure de Marie dans les célébrations de la fête de Noël avec l’auteur et théologienne Thérèse Nadeau-Lacour. Sont notamment abordés les thèmes de l’Avent, de Noël, et de ce qu’implique son titre de « Mater et Magistra » c’est-à-dire de Mère et d’enseignante de vie spirituelle. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Messe d’installation de Mgr Thomas Dowd, évêque de Sault-Sainte-Marie

Ne manquez pas sur nos ondes la Messe d’installation de Mgr Thomas Dowd comme nouvel évêque de Sault-Sainte-Marie jeudi le 17 décembre 2020 dès 13h30 en direct de la pro-cathédrale de l’Assomption à North Bay. Joignez-vous à la communauté du diocèse de Sault-Sainte-Marie pour cette célébration unique où dès 13h30 nous aurons la joie de vous offrir une émission spéciale de 30 minutes animée par Francis Denis et entièrement dédiée à cet événement central de la vie de l’Église catholique en Ontario.

Pour en connaître davantage sur le diocèse de Sault-Sainte-Marie consultez le site web du diocèse à l’adresse suivante: http://diocesedesaultstemarie.org

Vous trouverez le feuillet de la célébration au lien suivant: Livret de célébration: Messe d’Installation de Mgr Thomas Dowd

Homélie du pape François pour le dimanche de la Divine Miséricorde

(CNS photo/Vatican Media) Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François pour le Dimanche de la Miséricorde et telle que prononcée lors de la Messe célébrée en l’église du Saint-Esprit à proximité du Vatican:

Dimanche dernier, nous avons célébré la résurrection du Maître. Aujourd’hui, nous assistonsà la résurrection du disciple. Une semaine s’est écoulée, une semaine que les disciples, bien qu’ayantvu le Ressuscité, ont passée dans la peur, « les portes verrouillées » (Jn 20, 26), sans même réussir àconvaincre de la résurrection l’unique absent, Thomas. Que fait Jésus face à cette incrédulité craintive ? Il revient, il se met dans la même position, « au milieu » des disciples et répète la même salutation : « La paix soit avec vous !» (Jn 20, 19.26). Il recommence tout depuis le début. La résurrection du disciple commence ici, à partir de cette miséricorde fidèle et patiente, à partir de la découverte que Dieu ne se lasse pas de nous tendre la main pour nous relever de nos chutes. Il veut que nous le voyions ainsi : non pas comme un patron à qui nous devons rendre des comptes, mais comme notre Papa qui nous relève toujours. Dans la vie, nous avançons à tâtons, comme un enfant qui commence à marcher mais qui tombe. Quelques pas et il tombe encore ; il tombe et retombe, et chaque fois le papa le relève. La main qui nous relève est toujours la miséricorde : Dieu sait que sansmiséricorde, nous restons à terre, que pour marcher, nous avons besoin d’être remis debout.

Et tu peux objecter : ‘‘Mais je ne cesse jamais de tomber !’’. Le Seigneur le sait et il est toujours prêt à te relever. Il ne veut pas que nous repensions sans arrêt à nos chutes, mais que nous le regardions lui qui, dans les chutes, voit des enfants à relever, dans les misères voit des enfants à aimeravec miséricorde. Aujourd’hui, dans cette église devenue sanctuaire de la miséricorde à Rome, en ce dimanche que saint Jean-Paul II a consacré à la Miséricorde Divine il y a vingt ans, accueillons avec confiance ce message. Jésus a dit à sainte Faustine : « Je suis l’amour et la miséricorde même ; il n’estpas de misère qui puisse se mesurer avec ma miséricorde » (Journal, 14 septembre 1937). Une fois,la Sainte a dit à Jésus, avec satisfaction, d’avoir offert toute sa vie, tout ce qu’elle possédait. Mais la réponse de Jésus l’a bouleversée : « Tu ne m’as pas offert ce qui t’appartient vraiment ». Qu’est-ce que cette sainte religieuse avait gardé pour elle ? Jésus « lui dit avec douceur » : ‘‘Ma fille, donne- moi ta misère’’ » (10 octobre 1937). Nous aussi, nous pouvons nous demander : ‘‘Ai-je donné ma misère au Seigneur ? Lui ai-je montré mes chutes afin qu’il me relève ?’’ Ou alors il y a quelquechose que je garde encore pour moi ? Un péché, un remords concernant le passé, une blessure quej’ai en moi, une rancœur envers quelqu’un, une idée sur une certaine personne… Le Seigneur attendque nous lui apportions nos misères, pour nous faire découvrir sa miséricorde.

Revenons aux disciples ! Ils avaient abandonné le Seigneur durant la passion et ils se sentaient coupables. Mais Jésus, en les rencontrant, ne fait pas de longues prédications. À eux qui étaientblessés intérieurement, il montre ses plaies. Thomas peut les toucher et il découvre l’amour ; ildécouvre combien Jésus avait souffert pour lui qui l’avait abandonné. Dans ces blessures, il touche du doigt la proximité amoureuse de Dieu. Thomas, qui était arrivé en retard, quand il embrasse la miséricorde, dépasse les autres disciples : il ne croit pas seulement à la résurrection, mais à l’amoursans limites de Dieu. Et il se livre à la confession de foi la plus simple et la plus belle : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (v. 28). Voilà la résurrection du disciple : elle s’accomplit quand son humanité fragileet blessée entre dans celle de Jésus. Là, les doutes se dissipent, là Dieu devient mon Dieu, là onrecommence à s’accepter soi-même et à aimer sa propre vie.

Chers frères et sœurs, dans l’épreuve que nous sommes en train de traverser, nous aussi,comme Thomas, avec nos craintes et nos doutes, nous nous sommes retrouvés fragiles. Nous avons besoin du Seigneur, qui voit en nous, au-delà de nos fragilités, une beauté indélébile. Avec lui, nous nous redécouvrons précieux dans nos fragilités. Nous découvrons que nous sommes comme de très beaux cristaux, fragiles et en même temps précieux. Et si, comme le cristal, nous sommes transparents devant lui, sa lumière, la lumière de la miséricorde, brille en nous, et à travers nous, dans le monde.Voilà pourquoi il nous faut, comme nous l’a dit la Lettre de Pierre, exulter de joie, même si nousdevons être affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves (cf. 1P 1, 6).

En cette fête de la Miséricorde Divine, la plus belle annonce se réalise par l’intermédiaire dudisciple arrivé en retard. Manquait seul lui, Thomas. Mais le Seigneur l’a attendu. Sa miséricorde n’abandonne pas celui qui reste en arrière. Maintenant, alors que nous pensons à une lente et péniblerécupération suite à la pandémie, menace précisément ce danger : oublier celui qui est resté en arrière.Le risque, c’est que nous infecte un virus pire encore, celui de l’égoïsme indifférent. Il se transmet àpartir de l’idée que la vie s’améliore si cela va mieux pour moi, que tout ira bien si tout ira bien pourmoi. On part de là et on en arrive à sélectionner les personnes, à écarter les pauvres, à immoler surl’autel du progrès celui qui est en arrière. Cette pandémie nous rappelle cependant qu’il n’y a nidifférences ni frontières entre ceux qui souffrent. Nous sommes tous fragiles, tous égaux, tous précieux. Ce qui est en train de se passer nous secoue intérieurement : c’est le temps de supprimer lesinégalités, de remédier à l’injustice qui mine à la racine la santé de l’humanité tout entière ! Mettons-nous à l’école de la communauté chrétienne des origines, décrite dans le livre des Actes des Apôtres ! Elle avait reçu miséricorde et vivait la miséricorde : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun » (Ac 2, 44-45). Ce n’est pas une idéologie, c’est lechristianisme.

Dans cette communauté, après la résurrection de Jésus, un seul était resté en arrière et lesautres l’ont attendu. Aujourd’hui, c’est le contraire qui semble se passer : une petite partie del’humanité est allée de l’avant, tandis que la majorité est restée en arrière. Et chacun pourrait dire : « Ce sont des problèmes complexes, il ne me revient pas de prendre soin des personnes dans le besoin,d’autres doivent y penser !’’. Sainte Faustine, après avoir rencontré Jésus, a écrit : « Dans une âmesouffrante, nous devons voir Jésus crucifié et non un parasite et un poids… [Seigneur], tu nous donnes la possibilité de pratiquer les œuvres de miséricorde et nous nous livrons à des jugements » (Journal, 6 septembre 1937). Cependant, elle-même s’est plainte un jour à Jésus qu’en étant miséricordieux onpasse pour un naïf. Elle a dit : « Seigneur, on abuse souvent de ma bonté ». Et Jésus a répondu : « Peu importe, ma fille, ne t’en soucie pas, toi, sois toujours miséricordieuse envers tout le monde » (24 décembre 1937). Envers tous : ne pensons pas uniquement à nos intérêts, aux intérêts partisans.Saisissons cette épreuve comme une occasion pour préparer l’avenir de tous. En effet, sans une visiond’ensemble, il n’y aura d’avenir pour personne.

Aujourd’hui, l’amour désarmé et désarmant de Jésus ressuscite le cœur du disciple. Nous aussi, comme l’apôtre Thomas, accueillons la miséricorde, salut du monde. Et soyons miséricordieux envers celui qui est plus faible : ce n’est qu’ainsi que nous construirons un monde nouveau.

[00512-FR.01] [Texte original: Italien]

La Foi en temps de crise : Entrevue spéciale avec Mgr. Marc Pelchat sur la pandémie

Depuis l’éclosion du COVID-19, les canadiens ont été demandés d’adopter un nouveau mode de vie pour réduire sa propagation. On reste à la maison. Pour les catholiques, cela implique aussi une nouvelle façon de vivre sa foi. Partout au Canada, les messes ont été annulées. Les églises, fermées. Elles ne sont même plus ouvertes pour la prière personnelle. Ça nous bouscule. Que faire? Comment recevoir les sacrements? Et si on avait besoin d’un prêtre? Dans cette entrevue avec Mgr Marc Pelchat, évêque auxiliaire de Québec, nous nous arrêtons sur ces questions troublantes en ce temps de crise.

Sur la route du diocèse de Trois-Rivières

Même s’il fut fondé le 8 juin 1852 par le bienheureux Pape Pie IX, le diocèse de Trois-Rivières a néanmoins une histoire qui remonte jusqu’au tout début de la Nouvelle-France. Présent sur l’ensemble du territoire de la Mauricie de la rive nord du fleuve Saint-Laurent, il s’étend de Maskinongé à Sainte-Anne-de-la-Pérade en passant par La Tuque, Shawinigan et Wemotaci. Neuvième évêque du lieu, Mgr Luc Bouchard nommé par le pape Benoît XVI en 2012 a fait du « Don de la Vie » le moteur de son action pastorale. Soucieux de répondre aux besoins spirituels et temporels des hommes et des femmes qui lui sont confiés, il accompagne une équipe à la hauteur des défis de l’annonce de l’Amour de Dieu au XXIe siècle. Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses », nous partons donc à la rencontre des différents visages du Peuple de Dieu dans cette région du Québec.

Église en Sortie 16 mars 2020

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit Roberto Ciurleo, producteur de la comédie musicale Bernadette de Lourdes pour parler de la conception, de la réalisation et du rayonnement de ce spectacle qui sera bientôt produit au Québec. Et on vous présente un reportage sur la rencontre de la Commission épiscopale francophone pour les traductions liturgiques (CEFTL) à l’Abbaye trappiste de Val-Notre-Dame qui portait sur l’imminente publication de la nouvelle traduction française du Missel romain.

Messe du dimanche 15 mars en direct de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal

Montréal, le 13 mars 2020 – À la suite de l’annonce de l’annulation de toutes les messes par l’Assemblée des évêques catholiques du Québec et afin de permettre aux croyants de vivre, malgré les circonstances, leur moment de prière dominical, l’archevêque de Montréal, Monseigneur Christian Lépine, profitera de la télédiffusion de la messe qui se tiendra dans la crypte de l’Oratoire Saint-Joseph ce dimanche 15 mars pour célébrer, à huis clos, une messe de solidarité.

Les croyants sont invités à se joindre virtuellement à cette messe toute particulière en direct, à 8 h 30, à la télévision et sur le site web de Sel et Lumière Média puis, à partir de 9 h 30, sur le site internet de l’Oratoire Saint-Joseph.

« Nous désirons offrir un soutien spirituel aux milliers de catholiques désirant vivre leur moment de prière dominical malgré les circonstances. Ensemble, prions la Trinité Sainte afin que, par l’intercession de saint Joseph, de saint Frère André et de Notre-Dame, Santé des malades, tous puissent être soutenus en ces temps difficiles », a déclaré Mgr Lépine.

« En accueillant Mgr Lépine à l’Oratoire Saint-Joseph pour cette messe télédiffusée, nous sommes heureux d’ainsi permettre aux croyants qui le souhaitent de participer à la célébration eucharistique, un moment important dans la vie chrétienne », a indiqué père Claude Grou, c.s.c., recteur de l’Oratoire Saint-Joseph.

saint-joseph.org

seletlumieretv.org

Source et information :
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Attachée de presse de l’archevêque
Directrice, Communications et relations avec les médias
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Céline M. Barbeau
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Cell. 514 233-4799

Sur la route du diocèse de Nicolet (2e partie)

Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses » nous poursuivons notre visite de l’Église envoyée à Nicolet. En effet, le diocèse de Nicolet, exemple d’une communauté en marche, est dédié corps et âme au bien-être spirituel et temporel de la portion du peuple de Dieu qui lui est confié. Que ce soit par sa présence constante auprès de la communauté autochtone, par l’originalité des nouvelles formes de célébration de la foi, son audace en faveur de la formation du peuple de Dieu ou par son souci d’incarner son espérance dans l’aujourd’hui de son action caritative, le diocèse de Nicolet s’inscrit pleinement dans le tournant missionnaire voulu par le pape François. Accompagné par Mgr André Gazaille, notre parcours nous emmènera auprès de la communauté autochtone d’Odanak où nous découvrirons les initiatives des maisonnées d’Évangile, de la maison diocésaine de formation et des parcours catéchétiques « GPS ». Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses » nous partons donc à la rencontre des différents visages qui forment le peuple de Dieu dans cette région du Centre-du-Québec.

Toutes les émissions d’Église en Sortie sont également disponibles ICI

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