En toutes choses – Mgr Najeeb Michaeel, archevêque de Mossoul (Irak)


Dans cet épisode nous recevons l’archevêque de Mossoul (Irak) qui nous raconte le cauchemar qu’il a vécu, il y a six ans, lors de l’invasion de l’État Islamique. Il témoigne notamment d’une extraordinaire opération de sauvetage survenue lors de la nuit noire du 6 août 2014.

Toujours plus de persécution contre les chrétiens

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La persécution contre les chrétiens a encore augmenté en 2015, et celle-ci touche de plus en plus de pays. C’est ce qui ressort de l’Index Mondial  de Persécution des Chrétiens 2016, publié par l’ONG Portes Ouvertes, qui recense chaque année les 50 pays dans lesquels les chrétiens sont le plus gravement persécutés.

En 2015, pour la 14ème année consécutive, c’est la Corée du Nord qui se retrouve en tête de classement, car dans ce pays le gouvernement considère le christianisme comme « ennemi de l’État ». Viennent ensuite l’Irak, l’Érythrée, l’Afghanistan et la Syrie.

Le rapport fait également une distinction entre deux formes principales de persécution : d’un côté la violence d’oppression au quotidien, qu’on appelle « persécution étau », et qui sévit en Corée du Nord. De l’autre, la « persécution marteau », qui concerne notamment le nombre de tués.

Selon l’ONG au moins 7 100 chrétiens ont été assassinés en 2015 pour des raisons liées à leur croyance, soit une augmentation de plus de 63% par rapport à l’année dernière.  Le Nigeria est le pays où le plus de chrétiens ont été tués pour leur foi, et Boko Haram, précise le document, est responsable de la plupart des violences commises contre les chrétiens dans ce pays.

Du reste, les pays africains sont nombreux dans le classement de l’Index mondial. Si bien que les 6 pays qui comptent le plus grand nombre de chrétiens assassinés pour leur foi en 2015 sont tous des pays d’Afrique Subsaharienne : Nigeria, Centrafrique, Tchad, République Démocratique du Congo, Kenya, Cameroun.

Cette région d’Afrique constitue le premier foyer d’extrémisme islamique au monde après le Moyen-Orient. D’ailleurs, parmi les tendances relevées par l’ONG dans son rapport, on note que cet islamisme est la première source de persécution antichrétienne. Il en est responsable dans 35 pays, sur les 50 que compte l’Index, que ce soit dans les pays du Moyen-Orient, d’Afrique Subsaharienne ou d’Asie.

Au Moyen-Orient et en Afrique, « le désir d’exterminer les églises sur certains territoires est sans précédent » lit-on dans ce rapport. « Au Nigeria, en Syrie, en Irak, au Soudan, en Somalie, au Kenya, la persécution a pour but de chasser les chrétiens de leurs terres ancestrales ». Si bien que dans certains de ces pays « des villes et des régions entières se vident de leur population chrétienne ».

L’influence de l’islamisme et notamment du groupe État Islamique « a pour effet une radicalisation des sociétés musulmanes » analyse l’ONG qui déplore dans le même temps « un rejet de plus en plus grand de toute présence chrétienne » dans ces sociétés.

« Boko Haram au Nord du Nigeria, ou encore les Shebab en Somalie ont prêté allégeance au groupe EI, et travaillent à élargir leur champ d’action aux pays voisins. Aujourd’hui l’Etat Islamique contrôle une région aussi vaste que la Grande-Bretagne, et les chrétiens sont toujours plus nombreux à partir ».

Toujours selon l’Index mondial, au moins 2 406 églises ont été visées (attaques, destructions, fermetures arbitraires…) en 2015. C’est là aussi plus du double par rapport à l’année précédente. « Une attaque sur une église, souligne Portes Ouvertes, peut avoir un effet destructeur sur tous les chrétiens qui fréquentaient cette église ». « Une église détruite et qui n’est jamais reconstruite reste un témoin de la vulnérabilité des chrétiens et de l’impunité des persécuteurs ».

Enfin, le document relève que même sur le continent le plus christianisé du monde, le persécution antichrétienne augmente. Le Mexique et la Colombie occupent respectivement la 40ème et 46ème place du classement.

Une église pour les martyrs de Libye

Still image from video shows men purported to be Egyptian Christians kneeling in front of armed men along beach said to be near Tripoli

Le martyre des 21 chrétiens d’Égypte égorgés en Libye par l’État Islamique restera gravé dans le marbre. Une église dédiée « aux martyrs de Libye » sera construite dans la ville de Minya (Égypte), dans la région d’où provenait la majeure partie des coptes décapités par les djihadistes. C’est une décision du président Abdel Fattah al-Sisi, révélée par le premier ministre égyptien, Ibrahim Mahlab. Par ailleurs, selon l’Agence Fides qui relaye l’information, les familles des victimes du terrorisme islamiste recevront, par décret présidentiel, un dédommagement financier et deviendront titulaire d’une pension mensuelle.

Ces martyrs des temps modernes sont morts comme leurs frères des premiers siècles, en prononçant le nom du Christ. C’est ce qu’affirme à l’Agence Fides Mgr Antonios Aziz Mina, évêque copte catholique de Gizeh. « La vidéo qui montre leur exécution, dit-il, a été construite comme une mise en scène cinématographique terrifiante, dans le but de répandre la terreur. Et pourtant, dans ce produit diabolique de la fiction et de l’horreur sanguinaire, on voit que certains des martyrs, au moment de leur mise à mort barbare, répètent « Seigneur Jésus-Christ ». Le nom de Jésus a été le dernier mot qui est venu sur leurs lèvres. Ce nom murmuré au dernier instant a été comme le sceau de leur martyre ».

Au lendemain de la diffusion, dimanche 15 février, des images de l’exécution par l’État Islamique, le Pape avait fait part de sa profonde tristesse : « ils ont été assassinés pour le seul faut d’être chrétiens. Le sang de nos frères chrétiens est un témoignage qui hurle. Qu’ils soient catholiques, orthodoxes, coptes, luthériens, peu importe : ils sont chrétiens ! Et le sang est le même. Donner son sang, c’est témoigner du christ » a affirmé le Souverain pontife qui offrait sa messe, mardi, à ses « frères coptes égorgés pour le seul motif d’être chrétiens ».

Le patriarche d’Alexandrie des coptes catholiques, Ibrahib Isaac Sidrak, a pour sa part présenté ses excuses « à toutes les familles des martyrs qui ont donné leur vie à cause de leur foi ». Il remercie en même temps « le président Abdel Fattah al-Sisi et toutes les institutions du gouvernement égyptien pour la réponse rapide qu’ils ont donné à un tel attentat terroriste ».

Le président Abdel Fattah al-Sisi avait convoqué d’urgence le Conseil national de défense, et avait juré de punir les assassins de manière adéquate. Dès lundi, à la suite de la revendication de cet attentat par l’État Islamique, les forces armées égyptiennes ont mené des frappes aériennes ciblées contre des camps et des lieux de rassemblement ou de dépôts d’armes de Daesh en Libye. Le président égyptien a manifesté sa proximité avec les coptes endeuillés en se rendant à la cathédrale Saint-Marc, au Caire, pour présenter ses condoléances au patriarche copte-orthodoxe Tawadros II, et en décrétant sept jours de deuil national.

« Comme dans la passion des premiers martyrs, ces 21 coptes d’Égypte s’en sont remis à celui qui, peu après, les aurait accueillis. Ils ont ainsi célébré leur victoire, une victoire qu’aucun bourreau ne pourra leur enlever », conclut Sa Béatitude Ibrahib Isaac Sidrak.

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