Consistoire pour la création de nouveaux cardinaux en 2023

Le pape François a officialisé, en août 2022, la tenue d’un prochain consistoire pour la création de nouveaux cardinaux. Ainsi, le Saint-Père créera 21 nouveaux cardinaux lors d’un consistoire qui aura lieu le 30 septembre 2023.

 

Le 30 septembre, le pape François tiendra un consistoire pour la création de nouveaux cardinaux. 

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Samedi, le 30 septembre 2023
11h30 HE | 8h30 HP

 

Qu’est-ce qu’un consistoire ?

Un consistoire est une réunion officielle de tous les cardinaux ou d’une partie d’entre eux, convoquée par le Pape. Les cardinaux, en tant que groupe, agissent comme conseillers du Saint-Père, qui peut les rassembler pour les consulter sur des questions majeures concernant l’Église. En outre, pour créer de nouveaux cardinaux, il doit publier un décret public en présence des autres cardinaux. Il s’agira du neuvième consistoire du pape François pour la création de nouveaux cardinaux. 

 

Que se passera-t-il pendant l’événement ?

 Le pape François, les cardinaux et ceux qui sont élus se réuniront dans la basilique Saint-Pierre pour la cérémonie. Après les mots de bienvenue, une prière, la lecture d’un passage de l’Évangile et l’homélie du pape François ; le Saint-Père va proclamer les noms des nouveaux cardinaux. C’est à partir de ce moment qu’ils deviennent effectivement cardinaux. Ils feront alors une profession de foi et prêteront serment de fidélité à l’Église et au Pape. Ils s’agenouillent ensuite devant le Pape, l’un après l’autre, pour recevoir de ses mains la barrette (chapeau rouge) et l’anneau cardinalices. Ils se verront également attribuer une église à Rome, ce qui constitue leur « titre » ou leur « diaconie ». Cela représente leur rôle dans l’assistance au Pape, qui est le principal pasteur de la ville de Rome. Après que les cardinaux auront échangé le signe de paix avec le Pape et entre eux, la cérémonie se terminera par le Notre Père. Ils se joindront au Pape lors de la messe du 4 octobre, le jour de la fête de saint François d’Assise et l’ouverture de la première Assemblée générale du synode sur la synodalité.

 

Qui sont les nouveaux cardinaux ?

Samedi, le pape François nommera vingt-et-un nouveaux cardinaux venus du monde entier. Conformément à l’engagement du Pape de construire une Église qui « va vers les marges », de nombreux cardinaux élus occupent des postes diplomatiques au Vatican, ou proviennent de diocèses et de pays qui reçoivent rarement le chapeau rouge.

Parmi les nouveaux cardinaux, dix-huit sont âgés de moins de quatre-vingts ans et peuvent donc voter lors du prochain conclave :

Exc. Mgr Robert Francis Prevost, o. s. a., préfet du dicastère pour les évêques,
S. Exc. Mgr Claudio Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales,
S. Exc. Mgr Víctor Manuel Fernández, préfet du dicastère pour la doctrine de la foi,
S. Exc. Mgr Emil Paul Tscherrig, nonce apostolique de l’Italie et de Saint- Marin
S. Exc. Mgr Christophe Louis Yves Georges Pierre, nonce apostolique des États-Unis,
B. Mgr Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem,
S. Exc. Mgr Stephen Brislin, archevêque du Cap (Kaapstad),
Exc. Mgr Angel Sixto Rossi, s. j., archevêque de Córdoba,
S. Exc. Mgr Luis José Rueda Aparicio, archevêque de Bogotá,
S. Exc. Mgr Grzegorz Ryś, archevêque de Łódź,
S. Exc. Mgr Stephen Ameyu Martin Mulla, archevêque de Juba, qui a reçu le pape François lors de son pèlerinage de paix au Soudan du Sud,
Exc. Mgr José Cobo Cano, archevêque de Madrid,
S. Exc. Mgr Protase Rugambwa, archevêque coadjuteur de Tabora,
Exc. Mgr Sebastian Francis, évêque de Penang,
S. Exc. Mgr Stephen Chow Sau-Yan, s. j., évêque de Hong Kong,
S. Exc. Mgr François-Xavier Bustillo, o. f. m. Conv., évêque d’Ajaccio,
S. Exc. Mgr Américo Manuel Alves Aguiar, évêque auxiliaire de Lisbonne qui, a dirigé  l’équipe organisatrice des JMJ de 2023,
Le père Angel Fernández Artime, s. d. b., recteur majeur des salésiens.

Le pape François nommera également trois cardinaux en l’honneur de leur long service au sein de l’Église. Ils ont dépassé l’âge du droit de vote.

Exc. Mgr Agostino Marchetto, secrétaire émérite du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral. Il a été nonce apostolique dans plusieurs pays.
Exc. Mgr Diego Rafael Padrón Sánchez, Archevêque émérite de Cumaná,
Le père Luis Pascual Dri, o. f. m. Cap., confesseur au sanctuaire de Notre-Dame de Pompéi, à Buenos Aires ; le « confesseur qui a trop pardonné ».

Après le consistoire du samedi, il y aura 137 cardinaux élus (même si l’un d’entre eux aura 80 ans le lendemain), soit 242 au total.

Homélie du pape François lors du Consistoire pour la création de 14 cardinaux

Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’homélie du pape François lors du Consistoire ordinaire public pour la création de 14 nouveaux cardinaux telle que prononcée par le pape François en la basilique Saint-Pierre de Rome:

«Les disciples étaient en route pour monter à Jérusalem; Jésus marchait devant[1] eux» (Mc10, 32).

Le début de ce passage caractéristique de Marc nous invite à toujours voir comment le Seigneur prend soin de son peuple grâce à une pédagogie incomparable. En route vers Jérusalem, Jésus ne manque pas de précéder (primerear) les siens. Jérusalem représente l’heure des grandes déterminations et décisions. Nous savons tous que, dans la vie, les moments importants et cruciaux font parler le cœur et révèlent les intentions ainsi que les tensions qui nous habitent. Ces carrefours de l’existence nous interpellent et font émerger desquestions ainsi que des désirs pas toujours transparents du cœur humain. Voilà ce que révèle, avec une grande simplicité et réalisme, le passage de l’Évangile que nous venons d’écouter. Face à latroisième et plus dure annonce de la passion, l’Évangéliste ne craint pas de révéler certains secrets ducœur des disciples: recherche des premières places, jalousies, convoitises, intrigues, arrangements et accords; une logique qui non seulement mine et corrode de l’intérieur les relations entre eux, maisqui en outre les enferme et les engage dans des discussions inutiles et de peu d’intérêt. CependantJésus ne s’arrête pas à cela, mais va de l’avant; il les devance (primerea) et avec force il leur dit: «Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur» (Mc 10, 43). Par ce comportement, le Seigneur cherche à recentrer le regard et le cœur de ses disciples,en empêchant que les discussions stériles et autoréférentielles trouvent place au sein de la communauté. À quoi sert-il de gagner le monde entier si l’on est corrompu à l’intérieur? À quoi sert-il de gagner le monde entier si l’on vit tous pris dans les intrigues asphyxiantes qui font dessécher etrendent stérile le cœur et la mission? Dans cette situation – comme quelqu’un l’a fait observer – on pourrait déjà entrevoir les intrigues de palais, y compris dans les curies ecclésiastiques.

«Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi»: une réponse du Seigneur qui est, avant tout, uneinvitation et un effort pour récupérer ce qu’il y a de meilleur chez les disciples et ainsi pour ne pas se laisser corrompre et emprisonner par des logiques mondaines qui détournent le regard de l’essentiel.«Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi»: c’est la voix du Seigneur qui fait éviter à la communautéde se regarder trop elle-même au lieu de diriger le regard, les ressources, les attentes et le cœur versce qui compte: la mission.

Et ainsi Jésus nous enseigne que la conversion, la transformation du cœur et la réforme de l’Église sont et seront toujours d’un point de vue missionnaire, car cela présuppose que l’on cesse devoir et de rechercher ses propres intérêts pour regarder et rechercher les intérêts du Père. La conversion de nos péchés, de nos égoïsmes n’est pas et ne sera jamais une fin en soi, mais viseprincipalement à faire grandir dans la fidélité et dans la disponibilité pour embrasser la mission. Etcela de manière que, à l’heure de vérité, surtout dans les moments difficiles pour nos frères, nous soyons bien disposés et disponibles pour les accompagner et accueillir tous et chacun, et que nous ne devenions pas de très bons repoussoirs, ou par étroitesse de vue[2], ou bien, pire encore, parce que nous discutons et pensons entre nous à celui qui sera le plus important. Quand nous oublions la mission, quand nous perdons de vue le visage concret des frères, notre vie se renferme dans la recherche de nos propres intérêts et de nos propres sécurités. Et ainsi, commencent à grandir le ressentiment, la tristesse et le dégoût. Peu à peu, disparaît l’espace pour les autres, pour lacommunauté ecclésiale, pour les pauvres, pour écouter la voix du Seigneur. De cette manière, on perdla joie et le cœur finit par se dessécher (cf. Exhort. Ap. Evangelii gaudium, n. 2).

«Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi, nous dit le Seigneur, […] celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous» (Mc 10, 43.44). C’est la béatitude et le magnificat que nous sommes appelés chaque jour à entonner. C’est l’invitation que le Seigneur nous adresse pour que nous n’oublions pas que l’autorité dans l’Église grandit avec cette capacité de promouvoir la dignité de l’autre, d’oindre l’autre, pour guérir ses blessures et son espérance tant de fois offensée. C’est noussouvenir que nous sommes ici parce que nous sommes invités à « porter la Bonne Nouvelle auxpauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre enliberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur» (Lc 4, 18-19).

Chers frères Cardinaux et nouveaux Cardinaux, tandis que nous sommes en route vers Jérusalem, le Seigneur marche devant nous pour nous rappeler encore une fois que l’unique autoritécrédible est celle qui naît du fait de se mettre aux pieds des autres pour servir le Christ. C’est celle qui vient du fait de ne pas oublier que Jésus, avant d’incliner la tête sur la croix, n’a pas eu peur de s’incliner devant ses disciples et de leur laver les pieds. C’est la plus haute distinction que nous puissions obtenir, la plus grande promotion qui nous puisse être accordée: servir le Christ dans le peuple fidèle de Dieu, dans celui qui est affamé, dans celui qui est oublié, dans le prisonnier, dans le malade, dans le toxicodépendant, dans la personne abandonnée, dans les personnes concrètes avec leurs histoires et leurs espérances, avec leurs attentes et leurs déceptions, avec leurs souffrances et leurs blessures. Ce n’est qu’ainsi que l’autorité du pasteur aura la saveur de l’Évangile et ne sera pas«qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante» (1 Co 13, 1). Personne parmi nous ne doit sesentir ‘‘supérieur’’ à quelqu’un. Personne parmi nous ne doit regarder les autres de haut. Nous pouvons regarder ainsi une personne uniquement quand nous l’aidons à se relever.

Avec vous, je voudrais rappeler une partie du testament spirituel de saint Jean XXIII, qui en avançant sur le chemin a pu dire: «Né pauvre, mais de gens humbles et honorables, je suis particulièrement heureux de mourir pauvre, en ayant distribué, selon les diverses exigences et circonstances de ma vie simple et modeste, au service des pauvres et de la Sainte Église qui m’a nourri, ce que j’ai eu entre les mains – par ailleurs, dans une mesure assez limitée – durant les années de mon sacerdoce et de mon épiscopat. Des apparences de bien-être ont souvent caché des épinesd’une pauvreté affligeante et qui m’ont empêché de donner toujours avec la largesse que j’auraisouhaitée. Je remercie Dieu de cette grâce de la pauvreté dont j’ai fait vœu dans ma jeunesse, pauvreté d’esprit, comme prêtre du Sacré Cœur, et pauvreté réelle, et qui m’a aidé à ne jamais rien demander: ni des postes, ni de l’argent, ni des faveurs, jamais, ni pour moi, ni pour mes parents ou des amis» (29juin 1954).

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[1] Le verbe proago est le même avec lequel Jésus ressuscité fait annoncer à ses disciples qu’il les ‘‘précèdera’’ en Galilée(cf. Mc 16, 7).
[2] Cf. Jorge Mario Bergoglio, Ejercicios Espirituales a los Obispos espagnoles, 2006.

[01080-FR.01] [Texte original: Italien]

Homélie du pape François lors du Consistoire pour la création de 5 nouveaux cardinaux

Aujourd’hui à 16 heures en la basilique Saint-Pierre de Rome, le pape François a tenu un Consistoire ordinaire public en vue de la création de cinq nouveaux cardinaux. La partie essentielle de cette cérémonie comprend l’imposition de la barrette, la présentation de l’anneau ainsi que l’assignement d’un titre de diaconie qui signifie service. La célébration a débuté par  des prières, entre autres d’action de grâce, et la lecture d’un passage de l’Évangile selon saint Marc (10, 32-45).

Par la suite, le Saint-Père a lu la formule de création des cardinaux et prononcé solennellement le nom des nouveaux cardinaux, proclamant ainsi leur ordre officiel. Le rite s’est poursuivi avec la profession de foi des nouveaux cardinaux devant le Peuple de Dieu ainsi que le serment de fidélité et d’obéissance au pape François et à ses successeurs.

Finalement, les nouveaux cardinaux, selon l’ordre de leur création, se mettent à genoux devant le Saint-Père qui leur impose le zucchetto et la barrette cardinalice et leur remet l’anneau de cardinal. Le Pape assigne à chaque cardinal une église de Rome en signe de participation à la charge pastorale du Pape dans son diocèse de Rome. Cette partie de la célébration se termine par l’échange de la paix entre le Pape et les nouveaux cardinaux.

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François telle que prononcée lors de ce consistoire :

«Jésus marchait devant eux». C’est l’image qui nous vient de l’Évangile que nous avons entendu (Mc 10, 32-45), et qui constitue aussi l’arrière-fond de l’acte que nous accomplissons: un Consistoire pour la création de nouveaux Cardinaux.

Jésus marche résolument vers Jérusalem. Il sait bien ce qui l’attend et il en a parlé plusieurs fois à ses disciples. Mais entre le cœur de Jésus et le cœur des disciples, il y a une distance, que seul l’Esprit Saint pourra combler. Jésus le sait; c’est pourquoi, il est patient avec eux, il leur parle avec franchise, et surtout il les précède, il marche devant eux.

Le long du chemin, les disciples eux-mêmes sont distraits par des intérêts non cohérents avec la “direction” de Jésus, avec sa volonté qui ne fait qu’un avec la volonté du Père. Par exemple – nous l’avons entendu – les deux frères Jacques et Jean pensent qu’il serait beau de s’asseoir à la droite et la gauche du roi d’Israël (cf. v. 37). Ils ne regardent pas la réalité! Ils croient voir et ne voient pas, savoir et ne savent pas, comprendre mieux que les autres et ne comprennent pas…

La réalité au contraire est tout autre, c’est celle que Jésus garde présente à l’esprit et qui guide ses pas. La réalité, c’est la croix, c’est le péché du monde qu’il est venu prendre sur lui et déraciner de la terre des hommes et des femmes. La réalité, ce sont les innocents qui souffrent et meurent à cause des guerres et du terrorisme; ce sont les esclavages qui ne cessent pas de nier la dignité, même à l’époque des droits humains; la réalité, ce sont les camps de réfugiés qui parfois ressemblent plus à un enfer qu’à un purgatoire; la réalité, c’est le rejet systématique de tout ce qui ne sert plus, y compris les personnes.

C’est cela que Jésus voit, tandis qu’il marche vers Jérusalem. Durant sa vie publique, il a manifesté la tendresse du Père, guérissant tous ceux qui étaient sous l’emprise du malin (cf. Ac 10, 38). Maintenant il sait qu’est venu le moment d’aller au bout, d’arracher la racine du mal, et pour cela, il va résolument vers la croix.

Nous aussi, frères et sœurs, nous sommes en chemin avec Jésus sur cette route. En particulier, je m’adresse à vous, très chers nouveaux Cardinaux. Jésus « marche devant vous » et il vous demande de le suivre résolument sur son chemin. Il vous appelle à regarder la réalité, à ne pas vous laisser distraire par d’autres intérêts, par d’autres perspectives. Il ne vous a pas appelés à devenir “des princes” de l’Église, à “être assis à sa droite ou à sa gauche”. Il vous appelle à servir comme lui et avec lui. A servir le Père et les frères. Il vous appelle à affronter, avec la même attitude que lui, le péché du monde et ses conséquences dans l’humanité d’aujourd’hui. En le suivant, Lui, vous marchez vous aussi devant le peuple saint de Dieu, gardant le regard fixé sur la croix et sur la résurrection du Seigneur.

Et alors, par l’intercession de la Vierge Mère, invoquons avec foi l’Esprit Saint, pour qu’il comble toute distance entre nos cœurs et le cœur du Christ, et que toute notre vie devienne un service à Dieu et à nos frères.

[01026-FR.01] [Texte original: Italien]

Homélie du Pape François aux 17 nouveaux cardinaux

Le pape François a créé 17 nouveaux cardinaux au Vatican le samedi 19 novembre 2016. À la basilique Saint-Pierre de Rome, le Pape a présidé la Messe et leur a livré l’homélie suivante:

Le passage de l’Évangile que nous venons d’entendre (cf. Lc 6, 27-36), beaucoup l’ont appelé ‘‘ le discours de la plaine’’. Après l’institution des Douze, Jésus est descendu avec ses disciples là où une multitude l’attendait pour l’écouter et pour se faire guérir. L’appel des Apôtres est accompagné par ce ‘‘se mettre en route’’ vers la plaine, pour la rencontre avec une multitude qui, comme le dit le texte de l’Évangile, était ‘‘tourmentée’’ (cf. v. 18). L’élection, au lieu de les maintenir en haut sur la montagne, au sommet, les conduit au cœur de la foule, les met au milieu de ses tourments, au niveau de leur vie. De cette manière, le Seigneur leur révèle ainsi qu’à nous que le vrai sommet s’atteint dans la plaine, et la plaine nous rappelle que le sommet se trouve dans un regard et spécialement dans un appel : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (v. 36).

Une invitation accompagnée de quatre impératifs, nous pourrions dire de quatre exhortations, que le Seigneur leur adresse pour modeler leur vocation concrètement, dans le quotidien de l’existence. Ce sont quatre actions qui donneront forme, qui donneront chair et rendront tangible le chemin du disciple. Nous pourrions dire que ce sont quatre étapes de la mystagogie de la miséricorde : aimez, faites du bien, bénissez et priez. Je pense que nous pouvons être d’accord sur ces quatre aspects et qu’ils nous paraissent également raisonnables. Ce sont quatre actions que nous réalisons facilement avec nos amis, avec les personnes plus ou moins proches, proches par l’affection, par les goûts, par les habitudes.

Le problème surgit lorsque Jésus nous présente les destinataires de ces actions, et en cela il est très clair, il n’utilise pas des figures de style ni des euphémismes. Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous traitent mal (cf. vv. 27-28).

Et ce ne sont pas des actions qui viennent spontanément envers des personnes qui sont devant nous comme adversaires, comme ennemis. Face à elles, notre attitude première et instinctive, c’est de les disqualifier, de les discréditer, de les maudire : dans beaucoup de cas, nous cherchons à les ‘‘diaboliser’’, en vue d’avoir une ‘‘sainte’’ justification pour nous débarrasser d’elles. Au contraire, en ce qui concerne l’ennemi, celui qui te hait, qui te maudit ou te diffame, Jésus nous dit : aime-le, fais-lui du bien, bénis-le et prie pour lui.

Nous nous trouvons face à l’une des caractéristiques propres du message de Jésus, là où se cache sa force et son secret ; de là proviennent la source de notre joie, la puissance de notre mission et l’annonce de la Bonne Nouvelle. L’ennemi est quelqu’un que je dois aimer. Dans le cœur de Dieu, il n’y a pas d’ennemis, Dieu n’a que des enfants. Nous élevons des murs, nous construisons des barrières et nous classons les personnes. Dieu a des enfants et pas précisément pour s’en débarrasser. L’amour de Dieu a la saveur de la fidélité envers les personnes, car c’est un amour viscéral, un amour maternel/paternel qui ne les laisse pas dans l’abandon, même lorsqu’elles ont commis des fautes. Notre Père n’attend pas que nous soyons bons pour aimer notre monde, il n’attend pas que nous soyons moins injustes ou parfaits pour nous aimer ; il nous aime parce qu’il a choisi de nous aimer, il nous aime parce qu’il nous a donné le statut de fils. Il nous a aimés même lorsque nous étions ses ennemis (cf. Rm 5, 10). L’amour inconditionnel du Père envers tous a été et est une vraie exigence de conversion pour notre pauvre cœur qui tend à juger, à diviser, à opposer et à condamner. Savoir que Dieu continue d’aimer même celui le rejette est une source illimitée de confiance et un encouragement pour la mission. Aucune main sale ne peut empêcher que Dieu y mette la Vie qu’il désire nous offrir.

Notre époque est caractérisée par de grandes problématiques et interrogations à l’échelle mondiale. Il nous arrive de traverser un temps où émergent de nouveau de manière épidémique, dans nos sociétés, la polarisation et l’exclusion comme l’unique façon possible de résoudre les conflits. Nous voyons, par exemple, comment rapidement celui qui est à côté de nous non seulement possède le statut d’inconnu ou d’immigré ou de réfugié, mais [encore] devient une menace, acquiert le statut d’ennemi. Ennemi parce qu’il vient d’un pays lointain ou parce qu’il a d’autres coutumes. Ennemi par la couleur de sa peau, par sa langue ou par sa condition sociale, ennemi parce qu’il pense différemment et aussi parce qu’il a une autre foi. Ennemi par… Et, sans que nous ne nous en rendions compte, cette logique s’installe dans notre manière de vivre, d’agir et de procéder. Donc, tout et tous commencent à avoir une saveur d’inimitié. Peu à peu, les différences sont transformées en symptômes d’hostilité, de menace et de violence. Que de blessures s’élargissent à cause de cette épidémie d’inimitié et de violence, qui s’imprime dans la chair de beaucoup de sans-voix, parce que leur cri s’est affaibli et est réduit au silence à cause de cette pathologie de l’indifférence ! Que de situations de précarité et de souffrance sont semées à travers cette prolifération de l’inimitié entre les peuples, entre nous ! Oui, entre nous, dans nos communautés, dans nos presbytères, dans nos réunions. Le virus de la polarisation et de l’inimitié imprègne nos façons de penser, de sentir et d’agir. Nous ne sommes pas immunisés contre cela et nous devons être attentifs afin que cette attitude n’occupe pas notre cœur, car cela serait contre la richesse et l’universalité de l’Église que nous pouvons toucher de la main dans ce Collège Cardinalice. Nous provenons de pays lointains, nous avons des coutumes, des couleurs de peau, des langues et des conditions sociales différents ; nous pensons de manières différentes et nous célébrons aussi la foi par des rites différents. Et rien de tout cela ne nous rend ennemis, au contraire, c’est l’une de nos plus grandes richesses.

Chers frères, Jésus ne cesse de ‘‘descendre de la montagne’’, il ne cesse de vouloir nous insérer au carrefour de notre histoire pour annoncer l’Évangile de la Miséricorde. Jésus continue de nous appeler et de nous envoyer dans la ‘‘plaine’’ de nos peuples, il continue de nous inviter à passer notre vie en soutenant l’espérance de nos gens, comme signes de réconciliation. Comme Église, nous continuons à être envoyés pour ouvrir nos yeux afin de regarder les blessures de tant de frères et sœurs privés de leur dignité, privés dans leur dignité.

Cher frère nouveau Cardinal, le chemin vers le ciel commence dans la plaine, dans le quotidien de la vie rompue et partagée, d’une vie dépensée et donnée. Dans le don quotidien et silencieux de ce que nous sommes. Notre sommet est cette qualité de l’amour : notre but et notre aspiration c’est de chercher dans la plaine de la vie, avec le peuple de Dieu, à nous transformer en personnes capables de pardon et de réconciliation.

Cher frère, aujourd’hui, on te demande de garder dans ton cœur et dans celui de l’Église cette invitation à être miséricordieux comme le Père, en sachant que « si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 49).

Vatican : la réforme de la Curie se poursuit

Cette fin de semaine, jeudi et vendredi, près de 165 cardinaux venus du monde entier participaient au consistoire extraordinaire présidé par le Pape au Vatican. Objectif : la poursuite de la réforme de la Curie, dont le but à atteindre reste «  un meilleur fonctionnement, une collaboration plus efficace et une complète transparence qui promeuvent véritablement la synodalité et la collégialité » rappelait le Pape dans son discours d’ouverture. Un chantier admet-il, qui « requiert du temps, de la détermination ».

Outre la présentation des travaux déjà accomplis en vue de cette réforme, il a été question lors de ce consistoire du règlement du Synode, des travaux de la Commission pour la protection des mineurs, du rapport sur l’activité des organismes économiques du Saint-Siège, des relations entre la Curie et les Conférences épiscopales, des fonctions de la Secrétairerie d’État, de la coordination entre les dicastères, des rapports entre ecclésiastiques et laïcs, et des procédures à suivre dans la composition de la nouvelle constitution apostolique. Il a également été question de la création de deux congrégations : l’une regroupant les services compétant pour les laïcs, la famille et la vie ; l’autre pour la charité, la justice et la paix.

Plusieurs cardinaux ont pris la parole « dans un climat détendu » pour aborder certains points de la réforme, notamment ses rapports avec les Églises locales. Tous ont insisté sur la nécessité de la décentralisation et de la subsidiarité, et certains ont tenu à redire l’importance pour le Saint-Siège de disposer d’un organe central, tout en valorisant les expériences des épiscopats locaux.

En matière de relations internationales, il faudra continuer de compter sur les compétences de la Secrétairerie d’État, qui offre une garantie de cohésion et de position commune.

Quant à la coordination de la Curie romaine, elle devrait insister sur un esprit de communion entre les dicastères, mais aussi d’inter-communication dans une perspective commune de mission.

Le principe de simplification et d’allègement est largement partagé, ainsi que la nécessité d’une meilleure qualification, professionnelle et ecclésiale, du personnel de la Curie. Sans oublier la collaboration des laïcs et des femmes à des postes de responsabilité au sein des dicastères.

Cette réforme « vivement souhaitée par la majorité des cardinaux lors des congrégations générales précédant le conclave » n’est pas facile à atteindre avoue le Saint-Père. D’autant qu’elle suscite, certes de l’enthousiasme, mais aussi quelques craintes. « Tout changement, aussi petit soit-il, provoque de l’inquiétude, parfois de la peur » confie le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, au micro de Radio Vatican. « Nous venons de toutes les parties du monde, de tous les continents. Nous sommes de différentes cultures, de différentes langues, de différentes traditions. Nous sommes tous catholiques mais pas tous romains. Évidemment, rassembler tout ce monde-là et regarder vers l’avenir, regarder cette réforme que souhaite le Pape et que souhaite l’Église, c’est exigeant, mais un changement est nécessaire. Ça a été très bien exprimé et on va travailler ensemble pour y parvenir », conclut l’archevêque de Québec.

« La réforme n’est pas une fin en soi, précise le Souverain Pontife, mais un moyen pour donner un vrai témoignage chrétien, pour favoriser une évangélisation plus efficace, pour promouvoir un esprit œcuménique plus fécond, pour encourager un dialogue plus constructif avec tous ».

 

Consistoire du 24 novembre 2012

Benoit XVI va créer 6 nouveaux cardinaux lors du prochain consistoire demain 24 novembre.
Ceux-ci viennent de 6 différents pays.
James Harvey, préfet de la Maison pontificale, futur Archiprêtre de la basilique Saint-Paul hors-les-murs, USA
Mgr Béchara Boutros Raï, patriarche d’Antioche des maronites, Liban
Mgr Baselios Cleemis Thottunkal, archevêque majeur de Trivandrum des syro-malankars, Inde
Mgr John Olorunfemi Onaiyekan, archevêque d’Abuja, Nigeria
Mgr Rubén Salazar Gómez, archevêque de Bogotá, Colombie
Mgr Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille. Philippines

Cette cérémonie sera retransmise sur nos ondes
Samedi 24 novembre 10h en anglais 15h30 en français

La messe avec les nouveaux cardi naux
Dimanche 10h en anglais et 16h en français

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