Sur la route du diocèse de Mont-Laurier

Fondé en 1913, le diocèse de Mont-Laurier s’étend sur près de 20 000 km englobant les régions aussi variées que la Haute Gatineau, La Lièvre et les Laurentides. Établie entre forêts, lac et montagnes, de Sainte-Agathes-des-Monts à Maniwaki en passant par Mont-Tremblant et Nominingue, l’Église à Mont-Laurier fêtait récemment son 100e anniversaire. Nommé par le pape Benoît XVI le 2 février 2012, Mgr Paul Lortie se dépense depuis corps et âme au service des 97 000 âmes qui lui sont confiées. Conscient des nombreux défis auxquels fait face son Église particulière, il n’en demeure pas moins confiant de la présence indéfectible de Dieu et de la protection de Marie où il est assuré de toujours pouvoir trouver refuge. Dans cet épisode de « Sur la Route des diocèses », nous partons à la découverte de cette communauté pleinement consciente de l’urgence missionnaire telle présentée par le pape François.

Église en Sortie 30 novembre 2018

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit la théologienne et auteur Line Desmarais-Letendre sur son tout dernier livre intitulé De la blessure au pardon. On vous présente un reportage sur la Célébration d’accueil par les Chevaliers de Colomb de l’icône de Notre-Dame du Secours aux Chrétiens persécutés et Messe mariale en la cathédrale de Saint-Hyacinthe. Dans la troisième partie d’émission, on parle de la pastorale vocationnelle avec l’abbé Normand Bergeron, président de l’Association des responsables diocésains de la pastorale des vocations du Québec.

Se préparer à la fête en cultivant son désir

Dimanche prochain le 2 décembre 2018, l’Église francophone du Canada vivra deux changements importants. Dans un premier temps, nous entrerons, comme l’ensemble de l’Église universelle, dans le temps de l’Avent. Un deuxième changement nous concerne aussi tout particulièrement. En effet, ce dimanche et ce pour la première fois, nous utiliserons une nouvelle traduction de la prière dominicale, le Notre-Père.

Pour conserver les plaisirs de la vie

Dans la liturgie latine, le temps de l’Avent (qui signifie avènement) met l’accent sur la dimension eschatologique de la foi ou, en d’autres termes, sur l’espérance du but ultime de notre vie et du monde qu’est le retour glorieux du Christ et la récapitulation de toutes choses en Lui. Bien évidemment tout cela est certes mystérieux et semble bien loin de notre expérience quotidienne. C’est pourquoi à chaque année, la liturgie nous invite à prendre le temps de souligner et méditer cette attente constitutive de notre foi.

On dit également de l’Avent qu’il s’agit d’un temps de préparation à Noël, ce temps de l’année où nous célébrons le Mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu parmi nous. Cette emphase est particulièrement bien adaptée à notre nature humaine. En effet, nous faisons tous l’expérience d’une tension entre le plaisir et le désir. Plus nous désirons quelque chose, plus notre plaisir sera intense. Au contraire, lorsque nous ne désirons pas vraiment, nous n’avons pas beaucoup de plaisir, a fortiori lorsque nous ne désirons pas du tout ! Notre société de consommation nous a trop souvent convaincus que nous devons  tout avoir tout de suite, sans effort ni… désir. Cela est contradictoire et explique pourquoi les gens qui ont tout ce qu’ils désirent sont souvent blasés et à la recherche de toujours plus d’émotions fortes.

Si nous voulons conserver le plaisir, il nous faut donc apprendre à cultiver le désir. C’est ce que permet le temps liturgique de l’Avent. En nous recentrant sur l’essentiel de la venue du Christ à Noël, nous sommes invités à cultiver notre désir intérieur de pouvoir enfin le contempler dans la crèche. Ainsi, parce que nous aurons, à la fois, appris à attendre et à la fois compris ce qui est véritablement essentiel, toute notre vie se transformera et nous pourrons apprécier dans leur plénitude les plaisirs célestes et terrestres.

Un « Notre-Père » clarifié

Ce dimanche, les fidèles francophones du Canada vivront un autre changement majeur. En effet, pour la première fois, nous devrons réciter différemment la prière du Notre Père. Alors que nous étions habitués à dire : « Ne nous soumets pas à la tentation », nous dirons dorénavant : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ». La raison n’en est pas que la précédente formulation était absolument erronée, l’Église n’aurait pu tolérer que les fidèles invoquent Dieu d’une manière théologiquement fausse. C’est plutôt pour éviter toutes les éventuelles mauvaises interprétations qui pouvaient en émerger.

En effet, la version précédente pouvait faire penser que Dieu désirait directement que nous soyons tentés. Or, puisque Dieu ne peut vouloir directement le péché, il ne pouvait désirer la tentation. Dans le livre de Job, nous voyons clairement que le tentateur n’est pas Dieu mais Satan. Il est donc plus approprié de demander à Dieu de ne pas nous laisser « entrer en tentation » c’est-à-dire de ne pas laisser Satan s’approcher de nous et nous laisser être séduits par les mensonges de cet ange déchu.

En ce sens, il est très opportun que cette nouvelle formulation du Notre-père advienne durant le temps de l’Avent. En effet, comme nous l’avons dit plus haut, cette période de l’année nous invite à l’attente persévérante de l’Avènement du Christ. Cette attente ne doit non pas nous porter vers l’immobilisme du « divan » mais plutôt nous revigorer dans la dimension combattante de la vie spirituelle. Comme le dit le pape François : « La lutte contre les projets habiles de destruction et de déshumanisation menés par le démon est une réalité quotidienne ». L’Avent, ce « petit carême », nous invite à cette purification de notre propre vie intérieure en cultivant ce désir des joies de Noël par des privations et des actes d’amour de toutes sortes. En ce sens, le changement de formulation du Notre-Père est donc plus que bienvenu.

Église en Sortie 23 novembre 2018

Cette semaine à Église en Sortie, on vous présente un épisode spécial d’Église en sortie dans lequel Francis Denis reçoit la chanteuse Natasha St-Pier pour parler de son tout dernier album « Aimer c’est tout donner » où elle interprète en chansons différents textes de sainte Thérèse de Lisieux. On vous présente le vidéo-clip de la chanson « Le Cantique des Cantiques » interprétée en collaboration avec le groupe Glorious.

Homélie du pape François pour la 2e Journée Mondiale des Pauvres

Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’homélie du pape François telle que prononcée lors de la Messe pour la 2e Journée Mondiale des Pauvres en la basilique Saint-Pierre-de-Rome. :

Regardons trois actions que Jésus accomplit dans l’Evangile.

La première. En plein jour, il laisse : il laisse la foule au moment du succès, quand il est acclamé pour avoir multiplié les pains. Tandis que les disciples voulaient se réjouir de la gloire, il les oblige immédiatement à s’en aller et il renvoie la foule (cf. Mt 14,22-23). Recherché par les gens, il s’en va seul : lorsque tout était “en descente”, il monte sur la montagne pour prier. Puis, au cœur de la nuit, il descend de la montagne et rejoint les siens en marchant sur les eaux agitées par le vent. En tout, Jésus va à contre-courant : d’abord, il laisse le succès, puis la tranquillité. Il nous enseigne le courage de laisser : laisser le succès qui enfle le cœur et la tranquillité qui endort l’âme.

Pour aller où ? Vers Dieu, en priant, et vers celui qui a besoin, en aimant. Ce sont les vrais trésors de la vie : Dieu et le prochain. Monter vers Dieu et descendre vers les frères, voilà la route indiquée par Jésus. Il nous détourne de pâturer, sans être dérangés dans les plaines faciles de la vie, de vivoter oisivement au milieu des petites satisfactions quotidiennes. Les disciples de Jésus ne sont pas faits pour la tranquillité banale d’une vie normale. Comme leur Seigneur, ils vivent en chemin, légers, prêts à laisser les gloires du moment, attentifs à ne pas s’attacher aux biens qui passent. Le chrétien sait que sa patrie est ailleurs, il sait qu’il y est déjà – comme le rappelle l’apôtre Paul dans la seconde lecture – « concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu » (cf. Ep 2,19). Il est un voyageur agile de l’existence. Nous ne vivons pas, nous, pour accumuler, notre gloire se trouve dans le fait de laisser ce qui passe pour retenir ce qui demeure. Demandons à Dieu de ressembler à l’Eglise décrite dans la première Lecture : toujours en mouvement, experte dans le détachement et fidèle dans le service (cf. Ac 28,11-14). Réveille-nous, Seigneur de l’oisiveté tranquille, du calme paisible de nos ports sûrs où nous sommes en sécurité. Détache-nous des amarres de l’autoréférentialité qui leste la vie, libère-nous de la recherche de nos succès. Enseigne-nous à savoir laisser pour fonder la route de notre vie sur la tienne : vers Dieu et vers le prochain.

La seconde action : en pleine nuit, Jésus encourage. Il va vers les siens, plongés dans l’obscurité, en marchant « sur la mer » (v. 25). En réalité, il s’agissait d’un lac, mais la mer, avec la profondeur de ses obscurités souterraines, évoquait à cette époque les forces du mal. Jésus, en d’autres paroles, va à la rencontre des siens en piétinant les ennemis mauvais de l’homme. Voilà la signification de ce signe : ce n’est pas une manifestation célébrant la puissance, mais la révélation pour nous de la rassurante certitude que Jésus, Jésus seul, vainc nos grands ennemis : le diable, le péché, la mort, la peur. A nous aussi aujourd’hui, il dit : « Confiance ! c’est moi, n’ayez plus peur » (v.27).

La barque de notre vie est souvent ballottée par les flots et secouée par les vents, et lorsque les eaux sont calmes elles recommencent vite à s’agiter. Alors nous nous en prenons aux tempêtes du moment, qui semblent nos uniques problèmes. Mais le problème n’est pas la tempête du moment, c’est la manière de naviguer dans la vie. Le secret pour bien naviguer est d’inviter Jésus à bord. Le gouvernail de la vie lui est donné, afin que ce soit Lui qui conduise la route. Lui seul en effet donne vie dans la mort et espérance dans la douleur ; Lui seul guérit le cœur par le pardon et libère de la peur par la confiance. Aujourd’hui, invitons Jésus dans la barque de notre vie. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec Lui à bord, les vents se calment (cf. v.31) et on ne fait jamais naufrage. Et c’est seulement avec Jésus que nous devenons capables nous aussi d’encourager. Il y a un grand besoin de gens qui sachent consoler, non pas avec des paroles vides, mais bien avec des paroles de vie. Au nom de Jésus on donne une consolation véritable. Ce ne sont pas des encouragements formels et limités, mais c’est la présence de Jésus qui redonne des forces. Encourage-nous, Seigneur : consolés par toi, nous serons de vrais consolateurs pour les autres.

Troisième action : Jésus, au milieu de la tempête, tend la main (cf. v.31). Il saisit Pierre qui, apeuré, doutait et, en s’enfonçant, criait : « Seigneur, sauve-moi ! ». Nous pouvons nous mettre à la place de Pierre : nous sommes des gens de peu de foi et nous sommes ici pour mendier le salut. Nous sommes des pauvres de vraie vie et nous avons besoin de la main tendue du Seigneur, qui nous tire hors du mal. C’est le début de la foi : se vider de l’orgueilleuse conviction de nous croire en ordre, capables, autonomes, et reconnaître que nous avons besoin de salut. La foi croît dans ce climat, un climat auquel on s’habitue en se tenant avec tous ceux qui ne se mettent pas sur un piédestal, mais qui ont besoin et demandent de l’aide. Pour cela, vivre la foi au contact de ceux qui ont besoin est important pour nous tous. Ce n’est pas une option sociologique, c’est une exigence théologique. C’est nous reconnaître mendiants de salut, frères et sœurs de tous, mais spécialement des pauvres, les préférés du Seigneur. Ainsi nous atteignons l’esprit de l’Evangile : « l’esprit de pauvreté et de charité – dit le Concile – est, en effet, la gloire et le témoignage de l’Eglise du Christ » (Const. Gaudium et spes, n.88).

Jésus a entendu le cri de Pierre. Demandons la grâce d’entendre le cri de celui qui vit dans des eaux tumultueuses. Le cri des pauvres : c’est le cri étranglé des enfants qui ne peuvent naître, des petits qui souffrent de la faim, des enfants habitués au fracas des bombes au lieu des cris joyeux des jeux. C’est le cri des personnes âgées mises de côté et laissées seules. C’est le cri de celui qui se trouve à affronter les tempêtes de la vie sans une présence amie. C’est le cri de celui qui doit fuir, laissant sa maison et sa terre sans la certitude d’un but. C’est le cri de populations entières, privées même des ressources naturelles considérables dont ils disposent. C’est le cri des nombreux Lazare qui pleurent, tandis qu’une poignée de riches fait des banquets avec ce qui, en justice, revient à tous. L’injustice est la racine perverse de la pauvreté. Le cri des pauvres devient chaque jour plus fort, mais chaque jour moins écouté, dominé par le vacarme de quelques riches, qui sont toujours moins nombreux et toujours plus riches.

Devant la dignité humaine piétinée, souvent on reste les bras croisés ou on ouvre les bras, impuissants face à la force obscure du mal. Mais le chrétien ne peut rester les bras croisés, indifférent, ou les bras ouverts, fataliste, non. Le croyant tend la main, comme fait Jésus avec lui. Auprès de Dieu le cri des pauvres trouve une écoute, mais en nous ? Avons-nous des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, des mains tendues pour aider ? « Le Christ lui-même, dans la personne des pauvres, en appelle comme à haute voix à la charité de ses disciples » (ibid.). Il nous demande de le reconnaître dans celui qui a faim et soif, qui est étranger et dépouillé de sa dignité, malade et en prison (cf. Mt 25,35-36).

Le Seigneur tend la main : c’est un geste gratuit, ce n’est pas un dû. C’est ainsi qu’on fait. Nous ne sommes pas appelés à faire le bien seulement à celui qui nous aime. Echanger est normal, mais Jésus nous demande d’aller au-delà (cf. Mt 5,46) : de donner à celui qui ne peut pas rendre, c’est-à-dire d’aimer gratuitement (cf. Lc 6,32-36). Regardons nos journées : parmi les nombreuses choses, faisons-nous quelque chose de gratuit, quelque chose pour celui qui n’a rien à donner en échange ? Ce sera notre main tendue, notre véritable richesse au ciel.

Tend-nous la main, Seigneur, et saisis-nous. Aide-nous à aimer comme tu aimes, toi. Enseigne-nous à laisser ce qui passe, à encourager celui qui se trouve à côté de nous, à donner gratuitement à celui qui est dans le besoin. Amen.

[01851-FR.01] [Texte original: Italien]

Le pape François a également convient des centaines de personnes pour un repas festif en l’honneur des personnes en difficulté  et qui fut donné en la Salle Paul VI du Vatican. En voici quelques photos:

CNS: Paul Haring

CNS: Paul Haring

Église en sortie 16 novembre 2018

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis reçoit le comédien et animateur Jean-Marie Lapointe avec qui il parle de son tout dernier livre Entretien confession d’un prêtre de la rue. On vous présente la chronique des actualités de la rue avec l’abbé Claude Paradis. Dans la troisième partie de l’émission, on s’entretient avec Mgr René Guay sur la réalité pastorale et la transformation missionnaire du diocèse de Chicoutimi.

Prendre sur soi la croix de l’itinérance

C’est en plein cœur du Salon du livre de Montréal, qu’avait lieu, hier en fin d’après-midi, une conférence autour du livre « Confession d’un prêtre de la rue ». J’avais évidemment très hâte de lire la vie de celui qui anime les « Chroniques des actualités de la rue » en tant que collaborateur de l’émission Église en Sortie depuis les débuts. Composé d’une série d’entretiens entre Jean-Marie Lapointe et l’abbé Claude Paradis, cet ouvrage retrace, à la fois, le parcours difficile de celui qui était appelé à devenir prêtre de tout éternité et la profondeur de sa démarche trop souvent occultée par la philosophie de l’entraide qui prédomine aujourd’hui.

Un purgatoire plus tôt que prévu!

Une chose est certaine, ce livre est une véritable « confession ». Sans édulcorer le vécu du curé des gens de la rue du Centre-Ville de Montréal, ce livre nous présente un homme bien incarné qui, comme saint Paul, a « reçu dans [sa] chair une écharde ». On y retrace donc l’itinéraire d’un gaspésien qui, sous le poids des blessures parfois cruelles de la vie, a vécu une « véritable descente aux enfers » qui, vue d’aujourd’hui, apparaît comme un réel purgatoire. On y retrace sa conversion puis le séminaire, son ordination puis l’apprentissage de la vie de prêtre ;  une série d’événement qui lui ont certainement permis de comprendre, plus que nous tous, cette Parole de l’Évangile : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » (2 Cor 12, 9).

Le livre ne se contente cependant pas d’offrir des éléments biographiques. On y côtoie aussi de profondes réflexions sur le sens de la souffrance, de la pauvreté et des différentes dépendances. En effet, on voit, dans la vie de l’abbé Paradis, une véritable soif  d’amour, ce qui a pu décupler la souffrance causée par les rejets parfois brutaux dont il a pu faire l’objet. Quelle intensité la découverte de l’Amour indéfectible de Dieu a-t-elle pu susciter en lui pour créer un tel retournement qui fera de lui un prêtre quelques année plus tard !

Une porte vers le ciel

On constate également certaines caractéristiques de l’état de dépendance et le combat contre celles-ci. Contrairement au rêve d’autonomie absolue dont notre société essaie de nous convaincre, nous sommes des êtres foncièrement dépendants. Dépendants de la société pour vivre, dépendants de nos parents pour nous donner la vie et nous éduquer, dépendants de l’environnement pour nous soutenir, etc. Les toxicomanes, eux, savent trop bien que notre état de dépendance est réel. Voilà pourquoi les différents groupes de soutien n’ont pas de difficultés à comprendre la nécessité de faire référence à une « Force Supérieure » ou, en d’autres termes, à Dieu. Nous avons donc beaucoup à apprendre de ces gens souffrants de la rue qui, d’une certaine façon, sont pour nous le miroir brutal de notre propre misère. Contrairement à nous, leur état ne leur permet pas de se voiler la face et de se penser autonomes et maîtres d’eux-mêmes ; d’où leur plus grande ouverture à Dieu et à la transcendance.

Mais comment cette ouverture pourrait-elle être comblée sans des témoins crédibles pour nous aider, comme le disait le curé d’Ars, à nous « montrer le chemin du ciel » ? Tel est le sens de la vie de l’abbé Claude Paradis et de l’apostolat de Notre-Dame-de-la-rue. La vie spirituelle des âmes qu’il rencontre est sa priorité et pour cause.  Faire de la place à l’amour dans leur cœur des hommes est la seule chose qui puisse étancher la soif du Christ sur la croix !

Prendre sa croix et celles des autres

Enfin, j’aimerais jeter un éclairage sur une autre dimension de la vie du Curé de la rue. Comme cela a été merveilleusement présenté dans le documentaire de Charles Le Bourgeois « Dealer d’espoir », à visionner sur Sel et Lumière, l’abbé Claude Paradis ne cherche pas seulement à aider les pauvres, il cherche aussi  à prendre sur lui la croix de l’itinérance. C’est pourquoi, il lui est arrivé à plusieurs reprises de dormir dehors, quêter et errer dans les rues comme une offrande au Père éternel. Est-il possible de non seulement souffrir sa propre vie mais aussi de vouloir prendre sur soi les blessures des autres ? C’est pourtant ce que l’Église nous enseigne : « La grâce comprend aussi les dons que l’Esprit nous accorde pour nous associer à son œuvre, pour nous rendre capables de collaborer au salut des autres et à la croissance du Corps du Christ. […] (Catéchisme de l’Église catholique, no 2003). S’associer à la Croix rédemptrice de Jésus par une vie communautaire avec les itinérants de Montréal voilà qui pourrait bien résumer le charisme de l’abbé Claude Paradis.

Je recommande la lecture du livre  « Confession d’un prêtre de la rue ».  Pour en savoir davantage sur le livre et sur l’abbé Paradis,  je reçois pour en discuter Jean-Marie Lapointe, cette semaine à l’émission Église en Sortie sans oublier la maintenant très attendue « Chronique des actualités de la rue » de l’abbé Claude Paradis !

Église en sortie 9 novembre 2018

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis reçoit Sœur Marie-Marcelle Desmarais c.n.d. directrice de l’Institut de Formation Humaine Intégrale de Montréal. On vous présente un reportage sur le Chapitre d’Union des Franciscains du Canada à Edmonton, Alberta. Dans la troisième partie de l’émission, on discute de l’organisme Développement et paix avec son directeur général Serge Langlois.

Église en Sortie 2 novembre 2018

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis reçoit l’historien et professeur de l’Université McMaster avec qui il s’entretient du livre Les origines catholiques de la Révolution Tranquille au Québec. Dans la deuxième partie de l’émission, on vous présente un reportage sur la fascinante histoire de l’Abbaye bénédictine de Buckfast au Royaume-Uni.

Homélie du pape François lors de la Messe de clôture du Synode sur les jeunes


Photo: CNS/Paul Haring

Vous trouverez ci-dessous le texte officiel de l’homélie du pape François telle que prononcée lors de la Messe de conclusion de la 15e Assemblée générale du Synode des évêques sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel »:

L’épisode que nous avons écouté est le dernier que l’évangéliste Marc raconte au sujet du ministère itinérant de Jésus, qui peu après entrera à Jérusalem pour mourir et ressusciter. Bartimée est ainsi le dernier à suivre Jésus le long du chemin : de mendiant au bord de la route à Jéricho, il devient un disciple qui marche avec les autres vers Jérusalem. Nous aussi, nous avons cheminé ensemble, nous avons « fait synode » et maintenant cet Évangile scelle trois étapes fondamentales pour le chemin de la foi.

Tout d’abord, regardons Bartimée: son nom signifie « fils de Timée ». Et le texte le précise : « le fils de Timée, Bartimée » (Mc 10, 46). Mais, alors que l’Évangile le réaffirme, émerge un paradoxe : le père est absent. Bartimée se trouve seul le long de la route, hors de sa maison et sans père : il n’est pas aimé, mais abandonné. Il est aveugle et il n’a personne pour l’écouter. Jésus entend son cri. Et quand il le rencontre, il le laisse parler. Il n’était pas difficile de deviner ce que Bartimée demanderait : il est évident qu’un aveugle veut avoir ou retrouver la vue. Mais Jésus n’est pas expéditif, il prend le temps de l’écoute. Voilà la première étape pour faciliter le cheminement de foi : écouter. C’est l’apostolat de l’oreille : écouter, avant de parler.

A l’inverse, beaucoup de ceux qui étaient avec Jésus réprimandaient Bartimée pour le faire taire (Cf. v. 48). Pour ces disciples, l’indigent était un dérangement sur le chemin, un imprévu dans le programme. Ils préféraient leur temps à celui du Maître, leurs paroles à l’écoute des autres : ils suivaient Jésus, mais ils avaient en tête leurs projets. C’est un risque dont il faut toujours se garder. Pour Jésus, au contraire, le cri de celui qui appelle à l’aide n’est pas un dérangement qui entrave le chemin, mais une question vitale. Comme il est important pour nous d’écouter la vie ! Les enfants du Père céleste écoutent leurs frères : non pas les bavardages inutiles mais les besoins du prochain. Écouter avec amour, avec patience, comme Dieu le fait avec nous, avec nos prières souvent répétitives. Dieu ne se fatigue jamais, il se réjouit toujours quand nous le cherchons. Demandons, nous aussi, la grâce d’un cœur docile à l’écoute. Je voudrais dire aux jeunes, au nom de nous tous, les adultes : excusez-nous si, souvent, nous ne vous avons pas écoutés ; si, au lieu de vous ouvrir notre cœur, nous vous avons rempli les oreilles. Comme Église de Jésus, nous désirons nous mettre à votre écoute avec amour, sûrs de deux choses : que votre vie est précieuse pour Dieu, parce que Dieu est jeune et qu’il aime les jeunes ; et que votre vie est aussi précieuse pour nous, mieux encore nécessaire pour aller de l’avant.

Après l’écoute, une deuxième étape pour accompagner le chemin de la foi : se faire proches. Regardons Jésus, qui ne délègue pas quelqu’un parmi la « foule nombreuse » qui le suivait, mais qui rencontre Bartimée personnellement. Il lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (v. 51). Que veux-tu ? Jésus s’identifie à Bartimée, il ne fait pas abstraction de ses attentes ; que je fasse : faire, pas seulement parler ; pour toi : non pas selon des idées préétablies pour n’importe qui, mais pour toi, dans ta situation. Voilà comment fait Dieu, en s’impliquant en personne, avec un amour de prédilection pour chacun. Dans sa manière de faire passe déjà son message : la foi germe ainsi dans la vie.

La foi passe par la vie. Quand la foi se concentre uniquement sur les formulations doctrinales, elle risque de parler seulement à la tête, sans toucher le cœur. Et quand elle se concentre seulement sur le faire, elle risque de devenir un moralisme et de se réduire au social. La foi au contraire, c’est la vie : c’est vivre l’amour de Dieu qui a changé notre existence. Nous ne pouvons pas être des doctrinaires ou des activistes ; nous sommes appelés à poursuivre l’œuvre de Dieu à la manière de Dieu, dans la proximité : liés à Lui, en communion entre nous, proches de nos frères. Proximité : voilà le secret pour transmettre le noyau de la foi, et non pas quelque aspect secondaire.

Se faire proches et porter la nouveauté de Dieu dans la vie du frère, c’est l’antidote à la tentation des recettes toutes prêtes. Demandons-nous si nous sommes des chrétiens capables de devenir proches, de sortir de nos cercles pour étreindre ceux qui « ne sont pas des nôtres » et que Dieu cherche ardemment. Il y a toujours cette tentation qui revient tant de fois dans l’Écriture : se laver les mains. C’est ce que fait la foule dans l’Évangile d’aujourd’hui, ce qu’a fait Caïn avec Abel, ce que fera Pilate avec Jésus : se laver les mains. Nous, à l’inverse, nous voulons imiter Jésus, et comme lui nous salir les mains. Lui, le chemin (cf. Jn 14, 6), pour Bartimée il s’est arrêté sur la route ; Lui, la lumière du monde (cf. Jn 9, 5), il s’est penché vers un aveugle. Reconnaissons que le Seigneur s’est sali les mains pour chacun de nous, et en regardant la croix ; et repartons de là, nous rappelant que Dieu s’est fait mon prochain dans le péché et dans la mort. Il s’est fait mon prochain : tout commence à partir de là. Et quand par amour pour lui, nous aussi, nous nous faisons proches, nous devenons porteurs d’une vie nouvelle : non pas des maîtres de tous, ni des experts du sacré, mais des témoins de l’amour qui sauve.

Témoigner est la troisième étape. Regardons les disciples qui appellent Bartimée : ils ne vont pas à lui, qui mendiait, avec une petite pièce pour l’apaiser ou pour dispenser des conseils. Ils vont à lui au nom de Jésus. En effet, ils lui adressent trois paroles seulement, toutes de Jésus : « Courage ! Lève-toi. Il t’appelle » (v. 49). Seul Jésus dans le reste de l’Évangile dit courage!, parce que lui seul ressuscite le cœur. Seul Jésus dans l’Évangile dit lève-toi, pour guérir l’esprit et le corps. Seul Jésus appelle, en changeant la vie de celui qui le suit, en remettant sur pied celui qui est à terre, en portant la lumière de Dieu dans les ténèbres de la vie. Tant d’enfants, tant de jeunes, comme Bartimée, cherchent une lumière dans la vie. Ils cherchent un amour vrai. Et comme Bartimée, malgré la nombreuse foule, appelle seulement Jésus, de même eux aussi cherchent la vie, mais souvent ils ne trouvent que de fausses promesses et peu de personnes qui s’intéressent vraiment à eux.

Il n’est pas chrétien d’attendre que les frères en recherche frappent à notre porte ; nous devrions aller vers eux, non pas en nous portant nous-mêmes, mais en portant Jésus. Il nous envoie, comme ces disciples, pour encourager et relever en son nom. Il nous envoie dire à chacun : « Dieu te demande de te laisser aimer par Lui ». Que de fois, au lieu de ce message libérateur de salut, nous n’avons porté que nous-mêmes, nos « recettes », nos « étiquettes » dans l’Église ! Que de fois, plutôt que de faire nôtres les paroles du Seigneur, nous avons fait passer nos idées pour ses paroles ! Que de fois les personnes sentent plus le poids de nos institutions que la présence amicale de Jésus ! Alors nous passons pour une ONG, pour une organisation semi-publique, et non pas pour la communauté des sauvés qui vivent la joie du Seigneur.

Écouter, se faire proches, témoigner. Le chemin de foi dans l’Évangile se termine d’une manière belle et surprenante, avec Jésus qui dit : « Va, ta foi t’a sauvé » (v. 52). Et pourtant, Bartimée n’a pas fait de profession de foi, il n’a accompli aucune œuvre ; il a seulement demandé pitié. Sentir qu’on a besoin du salut, c’est le commencement de la foi. C’est la voie directe pour rencontrer Jésus. La foi qui a sauvé Bartimée n’était pas dans ses idées claires sur Dieu, mais dans le fait de le chercher, dans la volonté de le rencontrer. La foi est une question de rencontre, non pas de théorie. Dans la rencontre Jésus passe, dans la rencontre palpite le cœur de l’Église. Alors, non pas nos sermons, mais le témoignage de notre vie sera efficace.

Et à vous tous qui avez participé à ce « cheminement commun », je dis merci pour votre témoignage. Nous avons travaillé en communion et avec franchise, avec le désir de servir Dieu et son peuple. Que le Seigneur bénisse nos pas, afin que nous puissions écouter les jeunes, nous faire proches d’eux et leur témoigner la joie de notre vie : Jésus.

[01710-FR.01] [Texte original: Italien]

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