Avortement: ce débat qui n’est jamais clos

Les passions qu’ont soulevées les propos du cardinal Ouellet et la foule record de participants à la Marche nationale pour la vie portent à croire que le consensus face à l’avortement n’existe pas. Le débat est-il rouvert ? Est-il possible de le faire de manière posée et rationnelle ? Discussion sur les question de la vie, la liberté de parole et les droits de la personne.

Invités :
Michèle Boulva de l’Organisme catholique pour la vie et la famille (www.ocvf.ca)
Rita Sawaya, journaliste associée à S+L
Isabelle Bégin-O’Connor de Respect pour la vie – Mouvement d’éducation (www.rvme.org)

L’Assemblée des évêques du Québec lance un appel au calme et au dialogue respectueux

Toute femme enceinte doit être accompagnée, aidée et aimée, affirme Mgr Veillette.

Nous publions le communiqué du président des évêques catholiques du Québec:

Lundi 17 mai 2010

La question de l’avortement est une des plus difficiles et des plus douloureuses que notre société ait à affronter. Elle évoque tellement de drames humains et de déchirements des consciences que les passions se déchaînent très rapidement dès que le sujet est évoqué. L’actualité récente l’a de nouveau illustré.  L’âpreté des échanges sur cette question, comme sur celle de l’euthanasie, montre à l’évidence qu’il y a chez nous des divergences profondes sur la façon de concevoir l’être humain.

Il faut de toute urgence recréer un climat de sérénité et de respect pour un dialogue public rationnel. Il serait extrêmement dommageable pour notre collectivité de laisser perdurer une ambiance où dominent la malveillance et le jugement à l’emporte-pièce.

Là où tous devraient s’entendre, « pro-vie » comme « pro-choix », c’est sur la nécessité absolue de mettre en place des mesures pour que toute femme enceinte en détresse puisse être accompagnée, aidée, entourée et aimée. Il ne faut jamais que ce soient la détresse, la misère ou le désespoir qui acculent des femmes à considérer  une option aussi grave que l’avortement. De fait, à nos yeux, aucun vrai choix n’est possible, en conscience, s’il n’y a pas vraiment deux options possibles et si l’avortement est la seule voie envisagée ou envisageable.

La conviction fondamentale de l’Église catholique dans ce domaine est bien connue. Jean-Paul II l’avait clairement rappelée  en 1995 dans son encyclique L’Évangile de la vie: dès notre conception dans le sein de notre mère, nous sommes déjà tous et toutes un être personnel, infiniment précieux, qui est l’objet de l’amour inconditionnel de Dieu.  Mais nous savons bien que cette conviction n’est pas partagée par tous nos concitoyens et concitoyennes. Il nous faut donc, comme société, trouver le moyen de vivre et de cheminer dans l’écoute et le respect mutuels.

+ Martin Veillette
Évêque de Trois-Rivières
Président, Assemblée des évêques catholiques du Québec

Persévérer dans l’annonce de la Vérité

Des milliers de Canadiens ont défilés le 13 mai sur la colline parlementaire à Ottawa pour la Marche nationale pour la Vie. Alors que 12 ooo personnes avaient convergé vers la capitale en 2009, les organisateurs en espérant 20 000 cette année. Ce rendez-vous annuel des partisans du mouvement pro-vie veut sensibiliser la population et les politiciens à la dignité de la personne humaine, de sa conception à sa mort naturelle. Le sujet demeure d’actualité avec la récente mort aux feuilletons du projet de loi C-384 sur le suicide assisté. Un autre projet est présentement à l’étude et propose de criminaliser le fait de forcer une femme à subir un avortement. Le gouvernement canadien veut aussi cesser de financer tout projet humanitaire qui comprendrait l’accès à l’avortement. Cette liste non exhaustive et hautement simplifiée des enjeux actuels révèlent que les militants pro-vie ont beaucoup à faire pour percer le mur de l’indifférence des médias de masse, de la plupart des politiciens et de la population en général.

L’Église catholique est l’une des dernières boussoles morales qui existent. Il ne faut donc pas s’étonner si les militants pro-vie sont pour beaucoup des catholiques pratiquants. Il ne faut toutefois pas généraliser trop vite. Cet enjeu, comme bien d’autres, en est un éthique et les arguments pour la protection de la vie et la définition de la dignité humaine ne sont pas que religieux. L’enjeu concerne tous les Canadiens.

Tout de même, ce 13 mai, des centaines de militants ont lancé la journée en participant à la messe célébré par l’archevêque d’Ottawa, Mgr Terrence Prendergast. Ce dernier est devenu en quelque sorte l’un des hôtes de cette marche et une voix forte et crédible du mouvement pro-vie. Nous publions ici l’intégrale de l’homélie de Mgr Prendergast, prononcée ce matin en la cathédrale Notre-Dame à Ottawa. [Read more…]

L’impact de Tremblay c. Daigle et discussions américaines constructives

Le Soleil d’hier présentait un intéressant article qui soulignait les 20 ans de l’affaire Chantal Daigle et de la décision de la Cour d’appel reconnaissait les droits de Tremblay sur le fœtus porté par son ex-conjointe, un jugement qui allait cependant être cassé deux semaines plus tard quand la Cour suprême a rendu une décision qui a fait école en droit canadien.

Le jugement de la Cour d’appel affirmait que l’enfant à naître avait un statut civil, peu importe le stade de la grossesse, et donc le droit de naître. Avant que la Cour suprême ne rende son jugement, la jeune femme s’était rendue à Boston pour subir un avortement, à la vingtième semaine de grossesse. 

La décision de la Cour suprême a fait jurisprudence. Elle reconnaissait que le fœtus n’est pas compris dans le terme « être humain » employé dans la Charte québécoise des droits de la personne. Le problème est que le Charte en question n’a jamais définit ce qu’était « une personne humaine ». Aux yeux de la Cour suprême, si le législateur avait voulu accordé au fœtus le droit à la vie, il n’aurait pas laissé cette définition, ni la protection de ce droit, dans l’incertitude. Définir ce qu’est une personne, ajoutait la Cour, ne relève pas du simple jeu linguistique.  [Read more…]

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